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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 14:22

 

 

Dans ce billet, je vous propose un retour aux tribulations chinoises, dont j'avais déjà parlé dans le cadre d'une analyse sur le krach boursier et la dévaluation du Yuan. Aujourd'hui, nous allons nous intéresser plus particulièrement aux réserves de change de la Chine...

 

Qu'appelle-t-on réserves de change ?

 

Les réserves de change sont les avoirs détenus par les Banques centrales sous forme d'or, de devises convertibles et de DTS (Droits de Tirages Spéciaux, qui est l'unité de compte du FMI basée sur un panier de monnaies dont fait désormais partie le Yuan chinois) ; mais le plus souvent, en fait de devises, ce sont plutôt des titres en devises (essentiellement des bons et obligations du Trésor) qui constituent les avoirs de réserve. Ces réserves de change permettent aux Banques centrales d'intervenir sur le marché des changes afin de réguler les taux de change, et de maintenir la confiance dans leur monnaie.

 

Le montant des réserves de change dépend des flux de capitaux et du solde de la balance courante. On obtient donc l'identité suivante :

 

 

Sans entrer dans la technique, le lecteur pourra retenir qu'en régime de changes flexibles, les réserves de change ne varient pas puisque c'est le taux de change qui varie pour compenser les flux de capitaux et le solde du commerce extérieur. Bien entendu, en Chine, on est loin d'un régime de changes flexibles (bien que le FMI cherche à nous faire croire le contraire...), d'où l'importance des réserves de change.

 

Quel est le niveau des réserves de change en Chine ?

 

Le montant et la composition des réserves de change sont étudiés par le FMI, tous les trimestres, afin d'alimenter une base de données appelée COFER. Ainsi, au 1er trimestre 2015, le montant total des réserves de change - déclarées ! - dans le monde s'est élevé à 11 400 milliards de dollars :

 

 

[ Source : COFER - FMI ]

 

On constate donc que le poids du dollar américain reste prépondérant dans les réserves de change des Banques centrales du monde entier, tout simplement parce que cette devise constitue la monnaie phare des transactions internationales depuis la conférence de Bretton Woods, en 1944. L'Euro se classe en deuxième position, mais les déboires de la monnaie unique n'incitent pas pour l'instant à un optimisme débordant...

 

Et qu'en est-il de la Chine ? Rien n'est simple, puisque le pays s'affranchit de fournir des données au FMI... C'est donc par estimation que l'on fonctionne, en s'appuyant sur les chiffres du commerce international et des flux de capitaux. Quoi qu'il en soit, les chiffres donnent le vertige :

 

 

[ Source : Natixis ]

 

Et pour que le lecteur comprenne bien les montants phénoménaux en jeu, vous trouverez ci-dessous les réserves de change de l'État français en septembre 2015 :

 

Réserves de change de l'État français (millions d'euros)

 

 

[ Source : Direction générale du Trésor ]

 

Que se passe-t-il en Chine ?

 

Je l'ai souvent dit et le répète : la Chine s'enfonce de plus en plus rapidement dans une crise d'une ampleur incalculable. Je l'avais évoqué partiellement dans ce billet consacré au krach boursier et dans celui-ci concernant la dépréciation du yuan, en réponse au ralentissement de la croissance.

 

Depuis début 2014, on observe ainsi d'importantes sorties de capitaux de la Chine et une baisse des réserves de change. En effet, les autorités, en régime de changes quasi fixes, se servent des réserves de change pour stabiliser leur monnaie. Pendant 20 ans, elles ont cherché à empêcher l'appréciation du Renminbi, puisqu'il y avait des entrées massives de capitaux dans le pays ; mais depuis peu, les sorties de capitaux les conduisent à lutter contre une dépréciation.

 

Pour le dire autrement, pendant 20 ans, la Banque centrale chinoise recyclait l'énorme excédent extérieur de la Chine et les entrées de capitaux, en achetant des actifs étrangers qui venaient donc grossir le montant des réserves de change. Mais depuis quelques mois, bien que la Chine reste globalement acheteuse d'actifs étrangers au travers de ses entreprises et fonds d'investissement (rappelez-moi à qui appartient le Club med ?), la Banque centrale chinoise vend ses avoirs étrangers pour tenter d'empêcher une trop forte dépréciation de sa monnaie nationale.

 

Un bouleversement du système monétaire international

 

C'est là un changement fondamental dans le fonctionnement du système monétaire international tel que nous l'avons connu depuis 20 ans. En effet, pour le dire en termes simples, les pays riches de l'OCDE investissaient dans des actifs risqués proposés par les pays émergents, en contrepartie de quoi ces derniers, au travers de leur Banque centrale, acheter des obligations du Trésor dans les pays développés, c'est-à-dire finançaient les déficits publics aux États-Unis et en Europe !

 

Voilà du reste sur quoi était basée la croissance depuis deux décennies... Mais j'en reparlerai bientôt, dans un autre billet !

 

N.B : l'image de ce billet provient de cet article de la Tribune de Genève.

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