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18 octobre 2018 4 18 /10 /octobre /2018 12:30

 

 

Après une incursion dans le monde hypertrophié de la finance et une conférence sur le sujet, j'ai décidé de revenir sur le pouvoir d'achat des ménages dont le gouvernement a fait une priorité (si, si...). Plus précisément, le billet d'aujourd'hui s'intéressera à l'impact des mesures fiscales et sociales prises par le gouvernement sur le revenu disponible des ménages. Et tandis que les données chiffrées manquaient encore lors de la rédaction de mon précédent billet sur la question, l'Institut des Politiques Publiques (IPP) et l'Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) nous offrent désormais des études d'impact circonstanciées dont je vais chercher à vous rendre compte.

 

Les éléments du débat

 

Le gouvernement a communiqué ad libitum sur les baisses d'impôts en 2019 :

 

 * 6 milliards d'euros de baisses pour les ménages

 

 

[ Source : PLF 2019 ]

 

 * 18,8 milliards de baisses pour les entreprises, qui résultent essentiellement de la transformation du CICE en baisses de cotisations sociales

 

 

[ Source : PLF 2019 ]

 

Bien entendu, dans cette présentation romancée (story telling...), le gouvernement omet juste l'impact négatif des mesures concernant les prestations sociales, vous savez la désindexation des pensions de retraite, des prestations familiales et des allocations logement... Une bagatelle, qui amputera le pouvoir d’achat des ménages de 2,5 milliards ! En fin de compte, les baisses de prélèvements obligatoires pour les ménages s’élèveront à 3,5 milliards :

 

 

[ Source : OFCE ]

 

Certains n'ont alors pas manqué de crier cocorico, car 3,5 milliards d'euros ce n'est tout de même pas rien ! Hélas, le diable se cache dans les détails, et nous allons voir que les gagnants et les perdants ne sont pas forcément ceux que l'on imagine...

 

Les gagnants et les perdants

 

L'Institut des Politiques Publiques (IPP) s'est demandé quels sont les effets redistributifs des mesures évoquées plus haut, dont certaines étaient déjà dans le budget 2018. En s'appuyant sur des données administratives en plus des données d'enquête, l'IPP a alors évalué l'impact cumulé pour 2019 des budgets 2018 et 2019 sur le niveau de vie des ménages par unité de consommation, c'est-à-dire sur leur pouvoir d'achat. Le graphique ci-dessous est édifiant sur les réelles priorités de l'exécutif :

 

 

[ Source : Le Monde ]

 

Évitons au reste de trop nous réjouir du faible gain de pouvoir d'achat pour les 60 % de ménages intermédiaires, car celui-ci résulte essentiellement de la suppression progressive de la taxe d'habitation, qui à n'en pas douter, sera progressivement compensée par les collectivités locales en usant d'autres moyens comme on vient de le voir.

 

Quant à la suppression de l'Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) et la création en remplacement de l'Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), devinez à qui cela profite ?

 

 

[ Source : IPP ]

 

Je renouvelle alors les propos de mon précédent billet : la baisse de pouvoir d'achat pour de nombreux ménages résulte d'une politique sciemment mise en œuvre par le gouvernement ; la politique Macron se fait toujours à périmètre financier constant, ce qui revient au fond à déshabiller Pierre pour habiller Paul. J'ajouterai que, fidèle à la théorie du ruissellement dont il se défend pourtant d'être un adepte, Emmanuel Macron soigne le pouvoir d'achat non pas des riches mais carrément les ultrariches (1%), dans l'espoir que leur enrichissement enclenchera un cercle vertueux capable d'améliorer le sort de tous les autres en dessous.

 

Hélas, on notait un coup de mou de la croissance française dès le premier trimestre 2018 en raison de la faiblesse de la consommation et du tassement de l’investissement... La seule chose que le président de la République moissonnera avec une telle politique est une fracture encore plus grande parmi les Français et une montée du ressentiment. Un conseiller téméraire osera-t-il dire au Roi que l'histoire prouve jusqu'à plus soif, qu'il n'est jamais bon d'abandonner les plus modestes au nom d'une idéologie économique zombie ?

 

P.S. : l'image de ce billet provient de cet article de BFM.

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