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3 décembre 2019 2 03 /12 /décembre /2019 15:51

 

 

Au vu de la grève massive qui se profile le 5 décembre, il m'a semblé utile d'apporter ma contribution au débat, d'autant que j'avais récemment écrit sur la pauvreté en France et la situation catastrophique des chômeurs de plus de 50 ans. Bien entendu, il ne peut s'agir d'être exhaustif - le sujet est bien trop vaste et technique pour tenir tout entier en un article de blog -, mais juste de donner des éléments clés.

 

Une présentation globale du système de retraite français

 

Plutôt qu'un long discours, voici une petite vidéo qui résume bien le fonctionnement du système de retraite par répartition et ses problèmes :

Régime par répartition vs régime par capitalisation

 

Le système français de retraite fonctionne par répartition, c'est-à-dire que les cotisations versées par les travailleurs et employeurs aux caisses servent à payer les pensions de retraite. Autrement dit, ce système repose sur la solidarité entre générations et la mutualisation. Face aux difficultés rencontrées pour équilibrer les régimes par répartition, certains préconisent alors le passage à un régime par capitalisation, dans lequel les cotisations font l’objet de placements financiers ou immobiliers, dans un cadre individuel ou collectif ; ce sont ces placements et leurs revenus qui servent dans ce cas à verser une pension de retraite.

 

Or, ce serait tout d’abord oublier un peu vite que le système par répartition a été bâti sur la solidarité entre les générations, avec un ensemble de filets de sécurités que la capitalisation n’offre pas. Qu'il suffise de se souvenir des grandes faillites d'entreprises aux États-Unis, qui ont réduit à néant tant de plans de retraite par capitalisation détenus par les ménages ! À chaque crise (boursière ou économique), les très nombreux salariés qui cotisent dans des fonds de pension - essentiellement des fonds à cotisations définies comme les célèbres 401k - y laissent leurs plumes... De plus, la retraite par capitalisation ne résout en rien le problème démographique (16 millions de retraités pour près de 28 millions d’actifs en France), qui se traduit inéluctablement par une baisse tendancielle du ratio cotisants/retraités. Quel que soit le régime de retraite (répartition ou capitalisation), ce sont toujours les revenus des actifs de l'année N qui financent les revenus des retraités de l'année N.

 

La réforme Macron

 

Jean-Paul Delevoye, conformément à la feuille de route fixée par le Président de la République, a préconisé de conserver le régime par répartition, pour en faire à l’horizon 2025 un régime universel par points où chaque euro cotisé ouvrirait les mêmes droits. En particulier, les 42 régimes de retraites actuels seraient fondus dans un régime universel où le point serait indexé sur la dynamique des salaires et non l’inflation.

 

 

[ Source : Ouest France ]

 

Cocorico ? Hélas, sous couvert d'universalisme, cette réforme cache des intentions bien moins nobles...

 

Pourquoi la réforme est-elle injuste ?

 

Disons-le d'emblée : personne ne nie la nécessité de rendre le système des retraites plus lisible, mais pas dans la précipitation, d'autant que nous disposons de temps pour bien faire, comme je vais le montrer. Hélas, au lieu de créer un système universel de retraite (sic), la réforme se veut en fait une standardisation des retraites quelle que soit la situation réellement vécue par le travailleur. À bien y regarder, elle consiste surtout à rendre le système actuel moins généreux au nom de l’indispensable lutte contre les 17 milliards d'euros de déficit du système par répartition actuel, sachant que la France est l'un des pays de l'UE qui dépense le plus (en % du PIB) pour les retraites (12 %). Pourtant, l'argument est fallacieux :

Il s'agit ni plus ni moins que de la politique des caisses vides, traduction euphémisée de la politique néolibérale « starve the beast » (« affamer la bête ») , comme le rappelle avec brio Bruno Amable. En pratique, c'est le traditionnel argument du trou de la Sécu, qui permet de faire passer dans l'opinion publique la nécessité d'une réponse forte et courageuse consistant à réduire les dépenses tout en baissant parallèlement les recettes (les cotisations et impôts), car les prélèvements obligatoires sont réputés inutiles. Bref, on affame la bête jusqu'au point où elle n'est plus capable d'avancer. Il devient alors facile de justifier la mise en coupe réglée ou la privatisation de la Sécu, en affirmant qu'il s'agit là du seul viatique... Voilà comment on met à mort une construction sociale majeure, la Sécurité sociale, en s'attaquant méticuleusement à chaque branche. 

 

Quant aux perdants du système dit universel, ils risquent d'être nombreux, même si le site mis en place par le gouvernement tente désespérément d'affirmer le contraire :

 

 

[ Source : Le Parisien ]

 

Ce d'autant plus que la réforme cherche à gommer les différences d'espérances de vie (en bonne santé) entre les travailleurs et laisse à penser que les plus de 50 trouveront facilement du travail jusqu'à plus de 64 ans !

 

En définitive, le principal changement avec cette réforme sera l’ajustement du niveau des nouvelles pensions aux recettes afin d’en assurer l’équilibre, ce qui revient à faire des retraites une variable d’ajustement des finances publiques. Par ailleurs, l'État aura la haute main sur ce nouveau régime de retraite, dont il pourra faire varier la valeur du point à sa discrétion. Et tout cela au nom du progrès. Bienvenue dans le monde orwellien de la macronie !

 

P.S. : l'image de ce billet provient de cet article du Huffington Post.

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