À force de se concentrer sur les problèmes économiques de la zone euro, dont la dette publique, l'on finirait par oublier qu'un nouveau président a été élu aux États-Unis. Mais il est vrai qu'avec la contestation des résultats par Donald Trump, c'est plus la fin de la démocratie qui a occupé les commentateurs que le programme économique de son successeur. Je vous propose donc d'y jeter un œil dans ce billet !
Les années Trump
J'ai beaucoup écrit sur la politique économique de Trump, tant celle-ci jurait avec tout ce que nous avions l'habitude de voir aux États-Unis :
Pour résumer, pendant son mandat de 4 ans, Donald Trump a mené une politique budgétaire expansionniste, alors même que le taux de chômage était faible, ce qui contrairement aux attentes a conduit à une augmentation des gains de productivité et du taux de participation, donc de la croissance (potentielle) ! À cela se sont ajoutées une politique commerciale résolument protectionniste, voire guerrière avec les Chinois, et une politique fiscale en faveur des plus riches (baisse de la taxation des profits des entreprises, baisse de la taxation des plus hautes tranches de revenu…), source d’encore plus d’inégalités.
Le programme économique de Biden
Durant la campagne électorale, Joe Biden a cherché à se positionner au centre de l'échiquier politique pour ne pas effrayer les Américains, du moins plus au centre par rapport aux positions socialistes (vues comme communistes) de Bernie Sanders et celles parfois encore plus radicales d’Elizabeth Warren (conseillée par deux économistes français) :
[ Source : La Croix ]
Au final, son programme de synthèse, baptisé Build Back Better (Reconstruire mieux), fut celui-ci :
[ Source : Challenges ]
Bref, Joe Biden ambitionne de mener une politique keynésienne :
- hausses des dépenses publiques d’éducation (gratuité des universités publiques, effacement des student loans) ;
- hausse des dépenses publiques de santé (approfondissement de l’Obamacare en raison du nombre d'Américains sans assurance santé et baisse du prix des médicaments, sans pour autant aller vers une assurance universelle et publique) ;
- soutien à l'investissement privé dans les technologies du futur (intelligence artificielle, 5G…) ;
- investissements publics dans les infrastructures (1300 milliards de dollars en 10 ans) et la transition énergétique (1700 milliards de dollars en 10 ans) ;
- doublement du salaire minimum fédéral à 15 dollars par heure.
Il prévoit également de réguler la gig economy (l’économie des petits boulots) et de relever le taux maximal d’imposition de 37 à 39,6 % ainsi que le taux d’imposition moyen des entreprises de 21 % à 28 %.
Hélas, les déficits publics sont déjà abyssaux et l’endettement public atteint un niveau record :
[ Source : Peterson foundation ]
Dès lors, il est fort probable que tous les investissements prévus par Biden seront revus à la baisse, s'ils ne sont pas tout simplement condamnés en cas de victoire des républicains au Sénat...