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15 mars 2021 1 15 /03 /mars /2021 12:25

 

 

Lorsqu'il est question de prévisions économiques, trop souvent elles se résument à évoquer la croissance, négligeant de facto l'ensemble des questions sociales ou faisant croire qu'elles découlent de la production. Or, c'est l'emploi qui devrait être au cœur des préoccupations, puisque d'une part il est encore intimement lié à la (sur)vie des individus et d'autre part il y a fort à craindre que la crise liée à la covid-19 ait un impact majeur à long terme non seulement sur le volume d'emploi, mais aussi sur les conditions de travail...

 

Le chômage en France au 4e trimestre 2020

 

Au quatrième trimestre 2020 (derniers chiffres connus), le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) atteint 2,4 millions de personnes en France (hors Mayotte), soit 8 % de la population active, en baisse par rapport au trimestre précédent :

 

 

[ Source : INSEE ]

 

Cette baisse du chômage au 4e trimestre (-340 000 personnes) provient d’abord de la hausse du taux d’emploi, c'est-à-dire du rapport entre le nombre de personnes en emploi et le nombre total de personnes (encore qu'en regardant le nombre d'heures travaillées la situation n'est plus la même...). Mais, les chiffres sont quelque peu en trompe-l’œil, dans la mesure où le deuxième confinement, qui s'est étendu du 30 octobre au 15 décembre 2020, a influé sur les chiffres du chômage d'une manière équivalente, mais plus modérée, à celle que j'avais détaillée pour le 1er confinement. En effet, un nombre important de personnes ont basculé statistiquement dans l’inactivité parce qu'elles n'étaient pas en mesure d'effectuer des recherches actives d’emploi, l'une des conditions pour être considéré comme chômeur au sens du BIT.

 

En regard de ce chiffre se trouve le halo de chômage, constitué d'inactifs (1,8 million tout de même !) n'étant pas au chômage au sens du BIT, mais étant dans une situation qui s'en approche :

 

 

[ Source : INSEE ]

 

Les plans sociaux se multiplient

 

Dans le but d’alerter l'opinion publique, la CGT a créé le site stoplicenciement.fr avec une carte des plans sociaux et de licenciements en cours, tant ceux-ci se multiplient depuis le début de la pandémie, avec parfois un zeste d'opportunisme patronal à peine voilé :

 

 

[ Source : CGT ]

 

Certes, pour l'instant l'on n’assiste pas à une explosion des pertes d'emplois, en raison principalement des mesures de soutien public : chômage partiel, prêts garantis par l'État, reports de cotisations sociales et autres aides dont le coût flambe ! Autrement dit, et cela mérite d'être remarqué, c'est un gouvernement néolibéral qui choisi d'intervenir fortement dans l'économie ("quoi qu'il en coûte") de peur de voir le capitalisme s'effondrer.

 

Mais que les tenants de l'orthodoxie budgétaire se rassurent, Olivier Dussopt, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, chargé des Comptes publics, a déjà sonné la fin de la récréation interventionniste en 2021 et évoque désormais les réformes qui doivent permettre de "rembourser" (sic !) la dette publique. Son ministre de tutelle, quant à lui, n'en finit plus de s'ingénier pour que les ménages français dépensent leur surplus d'épargne en consommation et investissement. Du moins, pour ceux qui ont encore de l'argent dans leur bas de laine...

 

Le licenciement collectif simplifié

 

Qui n'a pas remarqué que depuis quelque temps, il n'est plus tellement question de licenciements dans les médias, mais plutôt de départs volontaires, comme si les salariés rêvaient de quitter leur emploi pour se retrouver au chômage ? Ce changement de vocable ne doit pas faire oublier qu'il s'agit toujours d'une perte d’emplois, mais classée et parfois indemnisée différemment par l'administration.

 

Au traditionnel plan de sauvegarde de l'emploi (qu'on juge de l'expression orwellienne !), s'ajoutent désormais le plan de départs volontaires (PDV), la rupture conventionnelle collective (RCC), l'accord de performance collective (APC) et l'accord d'activité partielle de longue durée (APLD). Une véritable panoplie de petit magicien des ressources humaines, qui permet de faire sortir facilement et à moindres frais des licenciements collectifs du chapeau de la compétitivité :

 

 

En fin de compte, la flexibilité, ou sa déclinaison macroniste la flexisécurité, n'aura été qu'une illusion censée permettre de renouer avec la croissance. Non seulement elle aura conduit à faire des salariés encore un peu plus une variable d'ajustement économique, mais pis, elle aura ravagé les notions d'engagement au travail et de sens. Et bien entendu, quand une politique est délétère et ne profite qu'à une infime minorité, il est important de la poursuivre au nom d'un intérêt général qui fleure bon l'intérêt privé...  

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