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10 décembre 2021 5 10 /12 /décembre /2021 14:23

 

 

Mon dernier billet sur les inégalités de patrimoine immobilier rappelle que le monde de demain ne semble guère différent de celui d'hier... à moins qu'il n'en soit le reflet en pire ! La crise de la covid-19 aura au fond servi à jeter une lumière crue sur les dysfonctionnements qui existaient déjà avant la pandémie, mais que le politique arrivait encore à cacher. À mon sens, c'est l'aboutissement d'un projet néolibéral, très bien décrit par des penseurs hétérodoxes comme Cornelius Castoriadis.

 

La seule différence est que ce néolibéralisme s'habille désormais des couleurs du keynésianisme de l'offre (sic !), mais le projet reste le même comme l'ont très bien montré les contributions contenues dans l'ouvrage dirigé par Antony Burlaud, Allan Popelard et Grégory Rzepski. Je vous propose par conséquent de rappeler quelques éléments sur le néolibéralisme et la situation actuelle, que j'ai déjà présentés dans d'autres billets..

 

Le modèle néolibéral en pratique

 

D'emblée, il faut dire que les politiques économiques mises en œuvre avant et après le confinement ont quasiment toutes pour objectif la croissance, même si en France l'on y ajoute ostensiblement un volet écologique tout en le contredisant ouvertement... Toujours est-il que celle-ci ne semble pas vouloir revenir depuis des années, au point qu'il a fallu admettre que c'est même la croissance potentielle (croissance réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l'inflation, compte tenu des capacités de production et de la main-d’œuvre disponibles) qui a reflué depuis le passage au néolibéralisme au début des années 1980.

 

Or, dans un monde qui a construit sa relative prospérité et les institutions afférentes sur la seule croissance, la baisse de celle-ci ne peut que conduire à des problèmes économiques et sociaux graves. Au lieu de chercher à sauver un système économique qui prend l'eau de toutes parts, il eût été judicieux d'imaginer "un autre monde pour nos enfants", expression que l'on entendu ad nauseam chez quasiment les dirigeants politiques en mal de sensationnalisme. Hélas, les intérêts personnels sont encore très puissants.

 

Quant aux crises, qui restent un impensé majeur du modèle dominant dans la mesure où celles-ci sont vues comme exogènes au système, leur fréquence a indubitablement augmenté sur la période 1980-2020. À tel point que la jeune génération comme on dit à présent dans les médias, aura connu deux crises majeures espacées de seulement une poignée d'années (crise des subprimes et crise de la zone euro) et maintenant une crise sanitaire ! Et à chaque crise, les pays perdent un peu plus de capital productif et humain...

 

Le vrai changement

 

Pour changer de système socio-économique, encore faut-il s'entendre sur les principaux changements à opérer. Sans prétendre à l'exhaustivité, je considère qu'il faudrait prioritairement s'atteler à :

 

 * repenser le système monétaire, qui par son fonctionnement actuel ne permet plus de financer des projets essentiels, mais enrichit une minorité ;

 

 * réduire les inégalités les plus criantes ;

 

 * lutter efficacement contre la pauvreté ;

 

 * faire en sorte que le partage des revenus devienne plus favorable aux salariés et redonner un véritable pouvoir de négociation aux travailleurs (pas toujours salariés du reste...) ;

 

 * redonner du sens au travail et adapter l'activité aux enjeux de l'époque (transition énergétique, écologie, etc.)

 

 * réduire la financiarisation de l'économie, qui n'est que la forme parasitaire de la finance, en ce qu’elle met l’ensemble des activités productives sous la coupe des puissances financières, avec la complicité active ou résignée du politique.

 

 * faire en sorte que les chaînes de valeur soient plus régionales et subséquemment relocaliser la production, d'autant que Zygmunt Bauman nous a alertés sur le coût humain de la mondialisation ;

 

 * remettre à plat la fiscalité pour la rendre plus claire, plus juste et plus efficace.

 

Bref, il y a matière à réflexion comme je le répète à l'envi à mes étudiants, d'autant que le monde économique semble se diriger vers le pire... Hélas, alors même que la dynamique sociale reste explosive et que nombre de salariés désertent pour de bon les secteurs jugés incompatibles avec leurs aspirations nouvelles issues des confinements, les gouvernements ne semblent pas pressés de changer le modèle socioéconomique. D'autant que nombre de personnes ne semblent même plus croire à un changement qui viendrait de la politique...

 

Il est vrai que dans de trop nombreux pays, les gouvernements s'accrochent à un néolibéralisme à la Walter Lippmann, c'est-à-dire à la chimère d'un monde gouverné par des experts, seuls capables de comprendre les règles économiques universelles immuables, qui rendent de facto inutiles la confrontation de projets de sociétés différents, et subséquemment les débats contradictoires dans le cadre de l'agon, bien qu'ils soient depuis plus de deux millénaires l'essence même de la démocratie. Triste constat à quelques mois d'une élection majeure en France, qui n'augure rien de bon...

 

P.S. L'image de ce billet provient de cet article de The Conversation.

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commentaires

Y
Bonjour, <br /> <br /> Merci pour ce billet très instructif qui rappelle les vrais enjeux économiques du monde post-covid dont les dirigeants actuels ( y compris Emmanuel Macron) ont jeté aux oubliettes notamment en vue des prochaines élections présidentielles de 2022. Il y a un dogme totalement ancré dans l'esprit de la majorité des élites économiques, et politiques actuelles , une ligne Maginot qui les empêches de comprendre au delà de leur préjugés , c'est un véritable "microcosme" . Je pense surtout aux personnages historiques tels que Pierrre Mendès France qui avaient été totalement marginalisés quand ils défendaient ardemment les idées de Keynes pour bâtir un nouveau modèle économique et social après la Seconde Guerre Mondiale. De plus, ce personnage avait même été marginalisé en plus de ses idées économiques, par ses idées politiques car il était contre les institutions de la Vème République auquel il prédisait qu'elle seraient perverties dans son ouvrage "la République moderne" et vos craintes sont totalement fondés surtout en vue de 2022. La majorité actuelle se complaint dans l'autosatisfaction de son bilan et ne se remet pas en question car elle concentre tout ses efforts pour combattre "le grand méchant loup" qu'est Eric Zemmour nous faisant le remake de l'élection présidentielle de 2002 entre Jacques Chirac et Jean Marie le Pen. L'un des autres défauts du système actuel de l'élection présidentielle, selon Mendès-France,c'est qu'il favorise la personnalité, le charisme d’un homme sur sa personne et les élections sont ainsi devenues des évènements où la forme (voire la "publicité ou le marketing politique ") est privilégiée sur le fond. En effet, lorsqu’un homme est porté à la tête de l’État par le suffrage universel, c’est essentiellement sur sa personne que l’on vote. Les citoyens « lui font confiance » ou « s’en remettent à lui » tel un homme providentiel et parfois sur la base de promesses démagogiques et ouvre la voie au dogmatisme ce qui peut expliquer aussi l'influence et l'ancrage des thèses néolibéraux parfois le plus souvent soufflés par les conseillers ministériels ( comme le fut Emmanuel Macron sous le quinquennat de François Hollande). Sans compter que le système électoral uninominal à deux tours empêche même la pluralité du débat et des projets de sociétés, le citoyen est amené à faire un choix cornélien du moins mauvais candidat ou à s'abstenir surtout au second tour de l'élection. « Il n’est pas difficile de prévoir que les candidats chercheront, dans la compétition nationale, à mobiliser le plus grand nombre de voix en recourant à ces thèmes simplistes qui ont souvent fait leur preuve dans les luttes passés » La République Moderne, Pierre Mendès France, 1962. Cette citation confirme bel et bien vos inquiétudes. C'est pourquoi je me permettais de vous le partager. Nous sommes à des années lumières du véritable débat politique , du débat d'idées qui risque d'être confisqué voire verrouillé par le système politico médiatique comme ce fut le cas des élections européennes de 2019 auquel j'avais très bien apprécié votre analyse percutante.<br /> <br /> Bien Cordialement.<br /> <br /> Yannick Alexandre
Répondre
R
Bonjour,<br /> <br /> Je vous remercie pour votre commentaire Yannick, qui rappelle avec justesse les dérives du système électoral actuel... et ses conséquences ! Ces dernières années, une riche littérature est d'ailleurs venue confirmer ce constat alarmant.<br /> <br /> RD

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