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6 janvier 2023 5 06 /01 /janvier /2023 13:18

 

 

Le 1er janvier, après un long parcours, la Croatie est devenue le vingtième État de l'UE à adopter la monnaie unique. Le moment n'est peut-être pas le plus opportun, puisque les nuages s'amoncellent sur la zone euro. En particulier, l'Italie doit composer avec une situation socioéconomique très dégradée, l'Allemagne fait face au retournement des forces de son modèle économique, la France est empêtrée dans le "quoi qu'il en coûte" et la Grèce conserve le nez sous l'eau après le passage de la Troïka. Mais, plus généralement, le problème majeur de la zone euro, souvent passé sous silence, est l'hétérogénéité croissante en son sein, qui complique beaucoup la mise en œuvre des politiques économiques communes.

 

L’hétérogénéité structurelle de la zone euro

 

Les travaux d'économistes comme Paul Krugman ont permis de montrer que l’hétérogénéité d’une Union monétaire augmente après sa constitution. C'est clairement ce qui s'est passé avec la zone euro, puisque l'introduction d'une monnaie unique a conduit à une spécialisation productive différente des pays, à la divergence des niveaux de productivité et de revenu, à une recomposition de la géographie industrielle, etc.

 

 

[ Source : Natixis ]

 

Tout cela a pu durant un temps être caché par la hausse de l'endettement, mais la crise de la zone euro a fait tomber les masques, comme le montre l'évolution du spread des obligations d'État de la Grèce et de l'Italie (écart de taux d'intérêt avec l'Allemagne sur les titres de dette publique à 10 ans) :

 

 

[ Source : Barbara Fritz, Sebastian Dullien et Laurissa Mühlich, « Le FMI à la rescousse : la zone euro a-t-elle bénéficié de l’expérience du fonds dans la lutte contre les crises ? », Économie et institutions [En ligne], 23 | 2015, mis en ligne le 30 décembre 2015, consulté le 06 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/ei/5669 ]

 

L'impossibilité de corriger les écarts de compétitivité-coût au sein de la zone euro

 

Avant la mise en place de la monnaie unique, les problèmes de compétitivité-coût pouvaient se régler par le mécanisme du taux de change. Mais depuis, toute dévaluation monétaire étant par construction impossible, les gouvernements utilisent d'autres moyens :

 

 * la dévaluation interne : également appelée ajustement nominal, elle consiste en une baisse de coûts salariaux et des prix dans le but d'améliorer la compétitivité d'un pays. Selon la théorie, comme les prix et les salaires baissent parallèlement, les salaires réels ne varient pas et la compétitivité s'améliore à l'export. Mais, ce remède de cheval conduit le plus souvent à l'effondrement de la demande des ménages en raison de la baisse des salaires réels. Cela débouche alors sur une compression de l'activité à court terme et donc sur une hausse du chômage.

 

 * la dévaluation fiscale : il s'agit d'une substitution d'impôt censée produire les mêmes effets qu'une dévaluation monétaire. On pense notamment à la TVA sociale (qui n'a de social que le nom), qui consiste à basculer sur la TVA une partie des cotisations sociales patronales, de sorte que la TVA augmenterait et le coût du travail baisserait. Or, en pratique, lorsque la TVA augmente c'est le pouvoir d'achat des ménages qui est amputé, car les vases communicants ne fonctionnent jamais aussi parfaitement...

 

Bref, l’ajustement de la compétitivité-coût repose surtout sur les pays en difficulté, à qui l'on enfonce encore un peu plus la tête sous l'eau, ce qui rejaillit sous forme de conflits sociaux et d’extrémismes politiques...

 

Que faire ?

 

La solution tient en un mot, qu'il est aussi difficile à mettre en œuvre politiquement qu'il est facile de le prononcer : fédéralisme ! Même si cela a mauvaise presse en ce moment (en fait, cela a toujours eu mauvaise presse...), il faudrait que les pays riches de la zone euro assurent des transferts vers les plus pauvres si l'on souhaite que la zone euro perdure. Sinon, avec l'appauvrissement que subissent certains membres de la zone euro, il ne faudra pas s'étonner que de plus en plus d'entre eux se tourneront vers des partis politiques ouvertement nationalistes, anti-européens, voire pire...

 

En ce sens, le fédéralisme dont aurait besoin la zone euro pourrait être qualifié de solidarité interétatique permanente. En d'autres termes, l'UE se devrait d'être fédérale, afin d'assurer la redistribution de revenus des régions plus riches vers les régions plus pauvres à la faveur d'un budget fédéral autrement plus fourni que l'actuel budget communautaire, qui ne pèse guère qu'un pour cent du PIB de l'UE. Des tentatives voient le jour, hélas sous la pression des crises (covid-19, énergie...), mais rien qui ne me semble durable.

 

 

[ Source : https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/le-budget-de-l-union-europeenne ]

 

Il suffit de voir les palabres et tergiversations lorsqu’il s'est agi de fixer un prix maximum d'achat du gaz en Europe, pour comprendre que l'unité politique européenne n'est pour l'heure qu'une illusion et que tout reste à faire. Et que dire de la politique monétaire (commune), à qui il est demandé d'assurer la stabilité des prix, alors même que les taux d'inflation sont très différents selon les pays membres ? Assurément, l'hétérogénéité au sein de la zone euro est une force centrifuge et, en tant que telle, un danger !

 

P.S. L'image de ce billet provient du site https://www.touteleurope.eu

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commentaires

G
Bonjour,<br /> La solution préconisée par Raphaël Didier est identique à la péréquation fiscale nationale en confédération helvétique (1).<br /> Cela me semble être une excellente solution partout et à tous les niveaux où existe/subsiste une hétérogénéité (naturelle, sociale et/ou financière). Pour l’euro, monnaie unique, les taux de change des monnaies nationales en euro étaient basés sur le marché, alors que des taux de change à parité des pouvoirs d’achat auraient pu être choisis. Dès le départ, l’hétérogénéité subsistait.<br /> Aujourd’hui, modifier/amender le système monétaire européen ou vouloir l’établissement d’un système monétaire international est tabou.<br /> Alors, un tout grand merci à Raphaël Didier pour sa proposition.<br /> <br /> (1) https://www.efd.admin.ch/efd/fr/home/politique-budgetaire/perequation-financiere-nationale.html
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Y
Bonjour, <br /> <br /> Merci pour votre billet qui éclaire très bien le sujet de la zone euro qui reste et demeure toujours hétérogène et qui dans un de vos précédents billets il y a quelques années n'est pas une Zone Monétaire Optimale théorisé par l'économiste Robert Mundell. <br /> <br /> A mon sens le véritable problème remonte en 1992 avec l'adoption du Traité de Maastricht, j'avais visionné sur Public Sénat le documentaire consacré à la campagne du référendum de 1992 il y a quelques jours, le discours de Philippe Séguin était un discours visionnaire sur les vices qu'allait causer l'instauration d'une monnaie unique et le fédéralisme qui gangrénait au sein des instances européennes comme la Commission Européenne , les faits lui auront donné raison quelques décennies plus tard. On apprend que le choix de la monnaie unique était tactiquement voulue par Mitterrand et Jacques Delors sur le plan politique. et le pire c'est que les prétendus "gaullistes " comme se revendiquait Jacques Chirac (qui au vu de son bilan politique est un "Anti de Gaulle", un parjure du gaullisme) ont participé à cette mascarade sans poser un vrai débat de fond sur la nature de l'Europe ( doit-on aller vers une Europe Fédérale) et le problème c'est que l'adoption du Traité de Maastricht a été un ticket menant vers un aller simple vers le chemin du fédéralisme. <br /> <br /> Le pire c'est qu'aucun dirigeant , voire responsable politique français qui ont succédé après Mitterrand n'a remis en question ce traité et ce débat pourtant fondamental. Il a fallu attendre la crise des dettes souveraines de 2011 pour que ce débat ressorte un bref instant puis refoulé sous le tapis. Avec le discours de la Sorbonne de 2017, Macron a clairement affiché ses velléités fédéralistes (c'est très surprenant de mettre les mémoires du général de Gaulle sur le bureau du portrait présidentiel et la croix de Lorraine dans le logo de l’Élysée sans avoir pris la peine de lire les nombreuses déclarations et écrits de l'homme du 18 Juin qui était résolument contre l'Europe Fédérale mais bon en macronie, le marketing politique prime au détriment de la politique au sens noble du terme) . <br /> <br /> Pour revenir sur le cas de la zone euro, le problème est aussi le choix politique des dirigeants depuis les dernières élections présidentielles , je pense à l'élection présidentielle de 1974 qui avait vu l'élection de VGE, candidat centriste, libéral et fervent européiste , il y a eu un tournant vers le fédéralisme avec le marché unique, l'acte unique européen et l'élection de François Mitterrand a amorcé cette "boite de Pandore de l'européisme ". <br /> <br /> Nous payons malheureusement les conséquences de ce non débat et aussi sur le plan économique avec la désindustrialisation entre le Nord et le Sud de l'Europe et l'absence totale de GAFAM européens ou grand groupes industriels ( par exemple la sidérurgie, l'absence totale au niveau européen de politique industrielle commune à cause du sacro-saint principe de libre concurrence a été la porte grande ouverte pour faire entrer le Loup dans la bergerie avec Mittal qui avait repris Arcelor et la fermeture des hauts fourneaux) pour résumer l'UE est un géant économique aux pieds d'argile, un nain politique et diplomatique, un asticot militaire et une colonie numérique face aux GAFAM des États Unis et les BATX chinois, nous avons perdu la bataille du numérique au XXIème siècle. <br /> <br /> Nous payons aussi en plus de la domination des thèses néolibérales chez les dirigeants politiques une domination de l'européisme béni oui-oui avec une volonté d'aller vers plus d'Europe , plus intégration, au sein des élites politiques et que toute opposition à l'Europe Fédérale vaut d'être taxé de "nationaliste d'extrême droite" comme si être contre l'Union Européenne signifiait être anti européen..... la confusion et la manipulation sémantique alors que dans les faits accrocher le drapeau européen sous l'Arc de Triomphe début Janvier 2022 est plutôt antipatriotique. <br /> <br /> Nous payons aussi l'inculture de la classe politique actuelle à savoir la confusion des genres entre le général de Gaulle, Robert Schuman et Jean Monnet. De Gaulle détestait Robert Schuman surtout les apôtres du" Volapuk intégré". C'est parfois surprenant de voir les responsables politiques honorer deux personnages historiques complètement aux antipodes surtout sur la conception de l'Europe (à croire que le mélange des torchons et des serviettes est devenue une monnaie courante, même l'ancienne candidate à la présidentielle de 2022 Valérie Pécresse se revendiquait de "l'Europe du général de Gaulle et de Jean Monnet "lors de son débat face à Eric Zemmour (une belle preuve d'inculture politique))<br /> <br /> Je vous souhaite une très bonne et heureuse année 2023 et c'est toujours un plaisir de lire vos billets toujours très pédagogiques et très intéressants<br /> <br /> Bien Cordialement.<br /> <br /> Yannick
Répondre
R
Merci pour vos bons vœux et votre fidélité à mon blog !

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