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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 13:19

 

 

Difficile de passer à côté de l'annonce phare de ces derniers jours : la banque américaine des start-up, Silicon Valley Bank (SVB), a été fermée vendredi 10 mars par le régulateur californien ! L'on notera d'ailleurs que ces mauvaises nouvelles bancaires ont tendance à être annoncées le vendredi, laissant les clients dans une situation épouvantable tout le week-end... Puis, le lundi, commence le ballet à plusieurs temps (et à plusieurs sujets, au double sens artistique du terme) : recherche de la liste complète des clients afin d'identifier les maillons faibles, mouvements violents sur les marchés financiers, annonces politiques sur la solidité du système bancaire pour éviter la contagion et l'effondrement, recherche de responsabilités individuelles histoire de couper quelques têtes pour l'exemple, etc.

 

SVB n'échappe pas à ce ballet macabre.

 

La banque des start-up

 

Silicon Valley Bank (SVB) est (était ?) une banque américaine implantée à Santa Clara en Californie. Fondée en 1983, elle s'est spécialisée dans le monde des technologies numériques et finançait de nombreuses start-up. Inconnue du grand public, la SVB était une star dans l’écosystème de la Tech, à en juger par les unes élogieuses accordées par les grands magazines spécialisés :

 

 

 

D'après les premières informations qui circulent, cette banque finançait allègrement les jeunes pousses de la Silicon Valley et, en contrepartie, ces dernières déposaient leur trésorerie sur ses comptes. Rien d'étonnant à ce que la SVB soit parvenue à se hisser au 16e rang des banques par sa taille. Mais depuis vendredi 10 mars, SVB c'est plutôt ça :

 

 

Remontée des taux d'intérêt et crise de la Tech

 

Que s'est-il donc passé pour déchoir le roi du capital-risque de son trône ? Prêter des fonds aux start-up est une activité pouvant se révéler hautement lucrative, surtout lorsque le monde de la Tech semblait connaître une croissance sans limite. Portées par les record en Bourse des géants de la Tech, les start-up levaient très facilement des montants colossaux, ce qui n'est pas sans rappeler la fin des années 1990 avec l'émergence d'internet.

 

Mais depuis la fin des confinements, le chiffre d’affaires des géants de la Tech est revenu à un rythme de progression moins effréné, d’où des désillusions notamment sur le Nasdaq pour Amazon, Microsoft, Apple, Meta… Et quand le doute s'instille dans les esprits, c'est l'ensemble du secteur qui fait ensuite grise mine et en particulier les start-up, pour lesquelles les investisseurs exigent désormais une rentabilité forte et rapide. Dès lors, ces jeunes pousses, très endettées, ont plus de mal à se financer et tirent plus souvent sur leur compte en banque pour, entre autres, rembourser des crédits devenus plus chers avec la hausse des taux d'intérêt.

 

Ce faisant, une banque comme SVB doit faire face à des retraits de plus en plus importants, qui la conduisent à vendre des actifs mis en réserve afin de trouver des liquidités. Et cela au plus mauvais moment, puisque les portefeuilles de titres de la banque, souvent des obligations, ont subi des moins-values liées au resserrement monétaire aux États-Unis, à la hausse des taux d'intérêt et à l'inflation (le lecteur est invité à choisir la séquence causale qui lui semble la plus pertinente avec ces trois facteurs).

 

Résultat des courses : à un moment, les pertes doivent être prises et les montants commencent à devenir élevés : il est question de 1,8 milliard de dollars ! La tentative malheureuse de procéder alors à une augmentation de capital de plus de 2 milliards d'euros en parallèle d'un financement par crédit tombe elle aussi au mauvais moment, puisque le marché est plutôt mal disposé. Et une dégradation de la signature de la banque par les agences de notation n'a fait qu'empirer le mal, d'autant que dans le monde du capital-risque, les rumeurs sur la mauvaise santé de la SVB allaient bon train depuis la fin 2022...   L'un dans l'autre, une fois la rumeur devenue une annonce publique, la SVB fit un saut dans le précipice le 8 mars, avec une chute de plus de 60 % de la valeur de son action.

 

Et maintenant ?

 

Le régulateur californien, la California Department of Financial Protection and Innovation, n'avait dès lors guère le choix que de prendre le contrôle formel de la banque, après l'avoir déclarée insolvable. Mes étudiants reconnaîtront un mécanisme bien connu, qui conduit une banque illiquide à devenir très vite insolvable. Chemin faisant, ce fut au tour de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) d'entrer en jeu de massacre, en limitant à 250 000 dollars par épargnant (ou investisseur) le montant récupérable sur un compte, conformément au seuil de garantie légale aux États-Unis. L'on n'avait plus vu cela à une telle échelle depuis la crise des subprimes avec Washington Mutual !

 

Comme à chaque fois, les régulateurs affirmeront à n'en pas douter, qu'il ne leur était pas possible d'anticiper la catastrophe. Et pourtant, la faillite du géant des cryptoactifs, FTX, laissait clairement entrevoir une situation tendue dans le financement des start-up. Maintenant, il s'agit d'éviter un effet de contagion entre banques et de savoir si le gouvernement américain renflouera la banque SVB avec de l'argent public. Janet Yellen affirme qu'il n'est pas question d'une telle aide, puisque la FDIC cherche à mettre la banque aux enchères. D'ailleurs, sur son site, la FDIC précise (traduction en Français faite par moi) :

 

Le transfert de tous les dépôts a été effectué dans le cadre de l'exception pour risque systémique approuvée hier. Tous les déposants de l'institution seront indemnisés.  Aucune perte liée à la résolution de la Silicon Valley Bank ne sera supportée par les contribuables.  Les actionnaires et certains détenteurs de créances non garanties ne seront pas protégés.  Les cadres supérieurs ont également été démis de leurs fonctions.  Toute perte subie par le fonds d'assurance-dépôts pour soutenir les déposants non assurés sera recouvrée par une cotisation spéciale sur les banques, comme le prévoit la loi.

 

Mais, si la panique devait s'étendre sur les marchés, a priori uniquement américains au vu de la taille relative de la banque, il est à peu près certain que les États-Unis partiraient pour une nouvelle politique de bail-out. Heureusement, SVB n'est pas dans la liste des banques systémiques (sic).

Je ne peux donc que reprendre la conclusion de mon article sur la panique dans le monde des cryptos. N'est-il pas déraisonnable que des gouvernements continuent à fonder leurs politiques économiques avec pour seule ambition de créer des licornes, quel que soit le modèle d'affaire de l'entreprise ? Plus généralement, n'est-il pas déraisonnable de laisser la bride sur le cou à des acteurs financiers qui ne recherchent que leur intérêt privé égoïste (quid de la sépration des activités bancaires) ? Ce d'autant plus qu'à l'arrivée, c'est toujours, hélas, une minorité qui touche le gros lot, tandis que l'immense majorité paye les pots cassés du monde des cryptos, mais aussi des banques et de la finance !

 

N.B. Et maintenant, voilà que Credit Suisse se retrouve en difficulté, entraînant l'ensemble du secteur bancaire européen dans sa chute boursière. Assurément, le temps de l'argent gratuit est bien révolu. Comme l'affirmait le célèbre investisseur Warren Buffet, "c'est quand la mer se retire qu'on voit ceux qui se baignent nus"...

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