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31 juillet 2024 3 31 /07 /juillet /2024 12:50

 

 

Après des élections législatives qui en fait de clarification ont plutôt conduit au blocage politique de l'État, voilà que la France vit l'euphorie de ses Jeux olympiques dont le rapport coûts/bénéfices est pourtant loin d'être forcément positif. Victoire des ludi circensens (dont j'avais parlé ici) auraient dit les Anciens. Le temps semble dès lors comme suspendu, le nombre de médailles dans la journée étant devenu un indicateur (provisoirement) plus suivi que le taux de croissance ou d'inflation. Pourtant, la situation économique dégradée continuera immanquablement à se faire sentir après la clôture des JO, car les faits sont têtus... Dans ce billet, nous allons donc faire un point sur la croissance.

 

Rappels sur la croissance

 

La croissance est l'évolution d'un indicateur de production (Produit Intérieur Brut, PIB) en excluant la variation des prix (inflation). Le taux de croissance de l'économie mesure alors son évolution d'une période à l'autre (mois, trimestre, année) en pourcentage. Notons qu'il est abusif de parler de croissance lorsque l'échelle temporelle est le court terme, car la croissance est par définition un indicateur de long terme. Il serait préférable d'utiliser le mot l'expansion en lieu et place de croissance, mais l'abus est quasiment généralisé, même à l'Insee.

 

Par construction de l'agrégat, le PIB peut se calculer en sommant ses différentes composantes : dépenses de consommation des ménages ; dépenses des institutions sans but lucratif au service des ménages ; dépenses des administrations publiques ; investissement ; variations de stocks et solde commercial. De là découle que la croissance du PIB peut être décomposée en la somme des contributions de ces différentes composantes.

 

Venons-en à présent à la croissance potentielle définie comme la croissance réalisant le niveau maximal de production sans accélération de l'inflation, compte tenu des capacités de production et de la main-d’œuvre disponibles. En partant de l'identité suivante Y = P.N où Y désigne le PIB, P la productivité par tête et N  l'emploi, l'on en déduit que la croissance potentielle est liée aux gains de productivité par tête et à la croissance de la population active.

 

Le PIB français et ses composantes

 

Comme le montre le graphique ci-dessous, les composantes habituelles de la croissance française (consommation et investissement) sont en panne, ce qui explique une augmentation très faible du PIB en volume (+0,3 % après +0,3 % au trimestre précédent) :

 

 

[ Source : Insee ]

 

L'on peut évidemment se féliciter d'un taux au moins positif, contrairement à l'Allemagne qui s'enfonce rapidement dans la crise après le choc de l'énergie et la concurrence chinoise dans l'automobile notamment, mais de là à crier cocorico comme l'a fait Bruno Le Maire, il y a un pas de trop ! Il ne faudrait, en effet, pas oublier que cette très faible expansion a été obtenue au prix d'aides massives de l'État, aux ménages dans une moindre mesure, mais surtout aux entreprises. L'inflation est venue laminer le pouvoir d'achat des consommateurs et, ce faisant, la demande adressée aux entreprises.

 

Et si l'on y ajoute les incertitudes croissantes (politiques, sociales, financières...), rien ne permet d'être optimiste sur la croissance à venir comme le montrent les indicateurs de climat des affaires et de confiance en l'avenir... Et c'est peu dire que la rentrée sociale et politique va être brûlante, ne serait-ce qu'en raison de l'extrême difficulté à trouver un gouvernement et de la nécessité de bâtir un budget crédible, depuis la dégradation de la note souveraine de la France par l'agence de notation Standard & Poor's et le placement du pays sous procédure de déficit excessif par les instances européennes.

 

P.S. : l'image de ce billet provient de cet éditorial du journal Ouest France.

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