Ce matin en allant acheter le pain, j'ai fait un brin de causette avec un ami qui m'avouait avoir payé très cher son sapin de Noël cette année. Ne perdant pas mes reflexes d'économistes, je me suis intéressé à la question. J'ai donc d'abord découvert qu'il existait une association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), et ensuite que le Nordmann était le sapin le plus vendu en France (60% de parts de marché), car il conserve ses aiguilles pendant deux mois. Et après quelques recherches, j'ai trouvé les prix moyens ,en euros, des sapins naturels et des Nordmann en particulier sur quelques années. Ces données sont issues d'un croisement entre les chiffres d'une enquête TNS Sofres et les chiffres avancés par l'AFSNN. Cela m'a permis de bâtir le graphique ci-dessous, sachant que le marché est estimé à 110 millions d'euros cette année :
On constate donc que le sentiment commun d'avoir payé plus cher son sapin naturel cette année, est visiblement confirmé par les chiffres. Par contre, le prix des sapins artificiels semble connaître une légère baisse ces dernières années.
Mais quels sont les causes de cette inflation des prix du sapin naturel ? Tout d'abord, la première explication fournie est l'augmentation des coûts de production (énergie et main-d'oeuvre). C'est une explication assez sommaire et même fourre-tout, puisqu'on invoque la même pour justifier la hausse du prix du timbre (voir mon billet).
Ce qui est déjà plus intéressant, c'est de voir ce qui se passe ailleurs en Europe. Et là, on découvre que nos voisins Danois croulent sous la demande de sapins : ce pays, qui produit chaque année entre 8 et 9 millions de sapins, exporte en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Donc, même si 80% des sapins achetés par les Français poussent en France, rien n'empêchent les producteurs français de profiter aussi de l'envolée des cours européens pour imposer des hausses de tarifs...
Dernière explication possible : un désajustement entre l'offre et la demande. Comme il faut 5 à 10 ans pour faire pousser un sapin, on peut imaginer que l'offre n'arrive pas à suivre la demande. Ce rationnement crée ainsi une envolée des prix.
Voyons donc les chiffres de la demande (exprimés en millions de foyers) :
On constate donc que la demande de sapins naturels a amorcé une baise ces dernières années, tandis que celle de sapins artificiels est restée stable. Ainsi, même quand la demande baisse, le prix augmente. Assez curieux sur un marché concurrentiel ! Mais nous venons justement de montrer qu'il ne l'était pas et que près d'un sapin sur deux vendu en France provenait du Morvan. C'est donc la conjonction de l'ensemble des raisons évoquées ci-dessus (hausse volontaire des prix, désajustement offre/demande, hausse des coûts) qui expliquent ce phénomène.
Bon sur ce, je vous remercie toutes et tous pour vos visites et vous souhaite un joyeux Noël ! Sans rancune pour le sapin...