J'en profite ici pour écrire un billet inspiré par une de mes lectures sur les rapports économiques franco-turcs. En effet, je reste toujours stupéfait lorsque certaines personnes croient réellement que l'économie existe de manière indépendante de la politique. Dit autrement, certains restent persuader que l'économie est un domaine d'études où les décisions et contextes politiques n'influent pas ou peu. Il ne s'agit pas ici de savoir si l'Etat doit intervenir en économie ou pas (opposition théorie classique/ théorie keynésienne), mais de comprendre que l'influence du politique sur l'économie est une donnée...
Sans entrer dans une quelconque épistémologie de l'économie, rappelons simplement que l'expression économie politique apparaît pour la première fois en 1615 dans le Traité de l'économie politique écrit par Antoine de Montchrestien. Karl Polanyi en donne une définition intéressante pour mon propos ici : "L'économie est un processus institutionnalisé d'interaction entre l'homme et son environnement naturel et social qui permet un approvisionnement en moyens matériels de satisfaire les besoins".
Pour en revenir à mon sujet, je lisais donc il y a quelques jours, que les entreprises françaises sont, depuis plusieurs mois, les victimes collatérales des positions politiques de la France envers la Turquie : les grands contrats n'arrivent plus à être signés avec un partenaire français. Est-ce parce que les entreprises françaises ont des dossiers de moins bonne qualité ou tout simplement parce qu'elles s'y prennent mal ? Et bien non, comme en témoigne le secrétaire d'Etat français au commerce extérieur, Hervé Novelli, qui s'exprimait sur la participation de gaz de France projet de gazoduc Nabucco dont fait déjà partie la compagnie nationale turque Botas : "La Turquie a pris une décision, cette exclusion est un choix politique. L'offre de GDF est donc retirée. Nous le regrettons. Techniquement et économiquement, elle avait pourtant toutes les chances d'être retenue."
Que nous reproche-ton exactement ? En fait, Ankara reproche à la France des positions politiques jugées offensantes, notamment sur la question du génocide arménien ou de l'adhésion à l'Union européenne. Elle a ainsi décidé d'écartes les entreprises françaises des appels d'offres et d'apposer son veto lorsqu'elle le pouvait. Beaucoup de grands groupes français risquent donc de subir la même déconvenue que GDF : le groupe Areva, candidat déclaré au juteux marché des centrales nucléaires turques, pourrait être écarté au profit du groupe américain Westinghouse, soutenu par la Maison Blanche et porté par un lobbying efficace...
Or, n'oublions pas que le marché turc est très dynamique (4,7 % de croissance en 2007), à tel point que le rapport Attali sur la libération de la croissance (encore et toujours !) place la Turquie parmi les puissances économiques en devenir. Ce marché deviendra donc incontournable pour les grands grouples d'ici peu... On voit donc bien ici l'influence de la sphère politique sur le monde économique, qu'on le veuille ou non !
Laissons le mot de la fin au directeur de la branche turque de Sodexho : On ne peut pas séparer le politique et l'économique quand les déclarations sur l'adhésion de la Turquie sont perçues comme des déclarations de guerre".