Le premier ministre, François Fillon, a annoncé une "opération coup de poing", lundi 25 février, pour lutter contre ce qu'il estime être des abus de la part des industries et des distributeurs de produits alimentaires en matière de prix. Cette réaction du gouvernement fait suite à la publication d'une étude de l'INC, qui a étudié l'évolution des prix de 1 055 produits laitiers et céréaliers dans plusieurs enseignes. Les résultats ont été depuis très médiatisés, puisque les prix des produits laitiers et céréaliers se seraient envolés de 5 à 48 % entre novembre 2007 et janvier 2008. Près de la moitié des produits comparés dans l'étude ont augmenté, dont 200 de plus de 10 % ! Cette enquête appuie les chiffres du cabinet Nielsen Panel publiés il y a quelques jours, montrant une augmentation globale des prix en janvier 2008 de 2,39 %.
Alors, à qui la faute ? L'explication qui vient immédiatement à l'esprit est évidemment l'envolée des prix des matières premières. Or, si on admet qu'un produit voit son prix augmenter en due proportion de la quantité de matière première utilisée, cet argument ne tient plus. Petit exemple simple : Le prix du lait ne représente que 30 % du prix final du yaourt. Ainsi, si le prix du lait a augmenté de 30 % à la production, l'augmentation du yaourt n'aurait pas dû dépasser 10 % environ. Mais l'étude montre que certains yaourts ont augmenté de 40 % !
On en vient donc à la guerre que se livrent les producteurs et les distributeurs. D'ailleurs, bien avant que Monsieur Fillon ne leur jette la pierre, ces frères ennemis s'accusaient déjà mutuellement de cette valse des étiquettes. La CGPME, qui rappelle que les cours du blé ont grimpé de 72 % et celui des œufs de 36 % en un an, estime que les industriels n'ont d'autre choix que de répercuter ces hausses et rend les distributeurs coupables de la flambée des prix. En retour, le patronat des distributeurs (FCD) rétorque que certaines hausses de tarifs d'industriels ne sont pas justifiées et parle même de manipulation dans le discours des industriels et des distributeurs.
Le gouvernement, les accusant profiter des hausses de prix des matières premières agricoles pour accroître leurs marges, lance une enquête afin de déterminer (je cite) "où sont les abus" et de faire la part de "ce qui est dû, dans la hausse des prix, à l'augmentation des cours internationaux et ce qui est imputable au marché français". L'idée me semble bonne, mais comme toujours, prise dans l'urgence et très médiatisée... Ainsi, dans la foulée, on nous annonce la création d'un nouveau comité théodule : une Haute Autorité de la concurrence aux pouvoirs accrus sera créée dans le cadre du projet de loi pour la modernisation de l'économie. De plus, une réforme de la loi régissant les relations entre distributeurs et industriels doit intervenir au printemps afin de permettre notamment une compétition accrue entre les distributeurs. J'avoue que sur ce dernier point je partage l'opinion de UFC-Que Choisir : certaines enseignes sont, dans certaines régions de France, en situation de quasi monopole, et la loi en préparation ne semble pas vouloir s'attaquer à ce problème épineux...
Pour vous casser totalement le moral, je terminerai par cette déclaration de Michel-Edouard Leclerc faite dans le cadre d'une interview à France Info : il prévoit une augmentation des prix de 4 % chaque mois au cours du premier semestre 2008... Allez, bonsoir !