J'avais expliqué dans un précédent billet comment le gouvernement avait construit sa prévision de croissance pour l'année 2008. J'avais aussi précisé que les hypothèses retenues étaient largement sous-évaluées. Aujourd'hui je reviens sur ces prévisions puisque à la fin du mois, l'Insee doit communiquer les derniers chiffres de l'exécution budgétaire 2007. La France devra ensuite notifier à Bruxelles avant le 1er avril ses nouvelles prévisions en matière de croissance et de finances publiques. Nous devrons attendre le 14 avril, à l'occasion de la réunion de la commission économique de la nation, pour connaître toutes les subtilités des chiffres avancés.
Pour mémoire, le budget 2008 a été bâti sur une croissance proche de 2 %, une inflation de 1,6 %, une parité euro-dollar à 1,37 et un cours du pétrole à 73 dollars le baril. Or, nul besoin d'être grand économiste pour constater combien ces chiffres étaient irréalistes il y a déjà un an. L'euro s'établit aux alentours de 1,56 dollar et le baril de pétrole frise les 111 dollars ! L'inflation, quant à elle, avoisine les 2,8 % en moyenne et la croissance est inférieure à 2 %...
Ainsi, nos finances publiques risquent fort de se dégrader bien plus que prévu (le déficit public 2007 était prévu au départ à 2,4 % du PIB), au grand dam de Bruxelles ! De plus, les nombreuses mesures voulues par Nicolas Sarkozy vont indubitablement peser sur les finances publiques. On pense aux mesures sur l'intéressement et la participation qui devraient coûter entre 4 et 9 milliards d'euros. A cela s'ajoute la dette de l'Etat à l'égard de la Sécurité sociale qui s'est à nouveau creusée de 1,6 milliard d'euros. Alors bien sûr, notre gourvernement se rassure comme il peut, notamment avec les chiffres de la production industrielle et surtout les bons chiffres de l'intérim. Mais ce qui m'affole dans cette vision des chiffres, c'est que l'intérim est considérée comme un indicateur avancé de l'emploi. Quand on sait combien intérim rime avec précarité, je ne me vanterai pas trop de ces chiffres...
Pour finir, voici ci-dessous les chiffres de la dette pour certains pays d'Europe et l'évolution de la dette pour la France :
[ Source : Eurostat]
[ Source : Rapport Pebereau sur la dette]