Le feuilleton Alitalia n'en finit décidément pas de relancer le suspens ! Au lendemain du retrait par Air France-KLM de son offre de reprise - suite aux nombreuses interférences politiques et aux différends rencontrés avec les syndicats d'Alitalia - le gouvernement italien a décidé, mardi 22 avril, d'accorder un prêt-relais de 300 millions d'euros à Alitalia afin d'éviter à la compagnie aérienne une faillite à court terme. C'est dire la situation exangue dans laquelle se trouve la compagnie aérienne qui ne disposait plus que de 170 millions d'euros de liquidités fin mars après huit années de déficits successifs...
Or, même si ce prêt devra être remboursé avant la fin de l'année, il risque de déplaire fortement à Bruxelles. En effet, Alitalia a déjà bénéficié d'une aide à la restructuration - autorisée par la Commission européenne - qui a été versée entre 1996 et 2001. Elle ne peut pas, selon le principe de l'aide unique, bénéficier d'une nouvelle aide d'Etat jusqu'en 2011, a indiqué un porte-parole de la Commission pour les questions de transports.
Nous sommes ainsi typiquement dans le cas d'une entreprise qui gagne du temps, mais se cherche malheureusement toujours encore un avenir viable... Silvio Berlusconi a d'ailleurs annoncé une reprise des contacts avec la compagnie russe Aeroflot, qui s'était retirée en novembre de la course pour la privatisation d'Alitalia. Aeroflot a confirmé mardi qu'elle allait reprendre ces contacts sur ordre du président Vladimir Poutine. Le feuilleton va donc se poursuivre.
Pourtant, Alitalia dispose de nombreux avantages en terme de possibilités commerciales : 24,15 millions de passagers l'an dernier, dont 10,9 millions à l'international (quatrième rang des compagnies européennes traditionnelles), un marché domestique significatif (10,74 millions de passagers en 2006), membre fondateur de l'alliance SkyTeam d'Air France, etc. Néanmoins, ne cachons pas non plus les énormes lacunes de la compagnie aérienne : sa flotte est majoritairement constituée d'appareils de plus de vingt ans, la productivité de ses salariés est la plus faible d'Europe, trois plans de restructuration n'ont pu remettre sur pied l'ensemble et enfin, écartelée entre Milan et Rome, elle n'a jamais su créer un véritable hub qui lui aurait certainement permis de réaliser de véritables économies d'échelles.