Le SMIC va être augmenté de 0,9 % le 1er juillet, à 8,71 euros brut de l'heure, pour tenir compte de l'inflation. Une hausse qui concernera 2,5 millions de salariés, dont 900 000 à temps partiel. Malgré un contexte de hausse des prix, due notamment à la flambée des cours du pétrole, le gouvernement a renoncé à accorder le célèbre "coup de pouce" qui prévaut dans ce cas... L'annonce a été d'autant plus mal accueillie que vendredi, le ministère de l'emploi a constaté une baisse du pouvoir d'achat du salaire mensuel de base au premier trimestre et que l'Institut national de la statistique et des études économiques, dans sa note de conjoncture, prévoit au mieux une stagnation des salaires réels en 2008.
Rappelons le mécanisme d'augmentation du SMIC : pour calculer cette hausse mécanique du smic, on se fonde sur l'évolution en glissement annuel de l'indice des « prix hors tabac de l'ensemble des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé ». Celui-ci progresse de 0,9 % sur le premier trimestre 2008 et de 3,0 % de mars 2007 à mars 2008. On y ajoute ensuite la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base des ouvriers (SHBO). L’indice du salaire horaire de base ouvrier (SHBO) y progresse de 1,0 % au cours du trimestre et de 2,9 % sur un an. On en déduit ainsi facilement l'évolution du SMIC. Précisons encore que la revalorisation du SMIC est automatique chaque 1er juillet et que le salaire minimum avait déjà été augmenté, de manière exceptionnelle, le 1er mai de 2,3 %, passant de 8,44 € à 8,63 € par heure. Nous atteindrons donc la somme de 8,71 € / heure au 1er juillet. Pas de quoi faire la fête donc...
Ce qui ressort ainsi des chiffres fournis ci-dessus, c'est que l'inflation a entièrement englouti la hausse du salaire horaire ouvrier ! De plus, l'INSEE, dans sa note de conjoncture, prévoit au mieux une stagnation des salaires réels en 2008. On comprend donc mieux pourquoi les syndicats ouvriers n'ont que peu apprécié le refus du gouvernement de donner ce traditionnel "coup de pouce"... En outre, notre omniprésident, jamais à court de cynisme, lance une campagne médias pour nous expliquer sa politique pour faire augmenter le pouvoir d'achat. Résultat ? Une campagne publicitaire diffusée 1630 fois sur l'ensemble des chaînes hertziennes et celles de la TNT, avec pour titre : "Pouvoir d'achat : vous êtes impatients? Nous aussi !". Le tout pour 4,3 millions d'euros ! Si le coeur vous en dit (mais ne vous forcez pas...), vous pouvez toujours cliquer sur ce lien pour voir les spots sur le site du 1er ministre...
Bien entendu, le gourvernement ne compte pas en rester là avec le SMIC. Une réforme du salaire minimum est prévue à l'automne. Le gouvernement souhaite déplacer la date de la revalorisation annuelle au 1er janvier. Surtout, le mode de calcul du SMIC pourrait être modifié pour revenir au système en vigueur avant mai 1968 (système du SMIG), qui ne prenait en compte que l'inflation. Et enfin, une commission du SMIC serait créée dans le but d'écrire un rapport annuel "sur les évolutions souhaitables du smic en s'appuyant sur des analyses économiques d'ensemble". Encore un moyen certainement de changer le mode de calcul du SMIC...