On parle beaucoup de la Chine ces derniers temps. Rarement des jeux olympiques auront fait l'objet d'autant de critiques politiques (justifiées !). Et ce n'est pas l'attitude ambiguë de Nicolas Sarkozy qui fera retomber la tension. C'est dans ce contexte que j'ai souhaité écrire un court billet sur un fait qui témoigne du malaise social grandissant au sein même de la Chine : le cas des travailleurs migrants. En effet, plus d'un millier de travailleurs migrants chinois ont attaqué récemment, et trois jours durant, le poste de police de Kanmen, une ville d'un comté de la province du Zhejiang, située au sud de Shanghaï. La colère des ouvriers a explosé, jeudi, après que l'un d'eux eût été battu par des policiers parce qu'il protestait contre le refus de la police de lui attribuer un permis de résident.
S'agit-il d'un cas isolé ?
Certainement pas, même si les autorités chinoises se gardent bien de nous fournir des chiffres précis. Ainsi, en 2006, selon les statistiques officielles, 87 000 manifestations et violences ont eu lieu. Mais depuis, le gouvernement a cessé de publier les chiffres...
Quelles sont les raisons de ces manifestations ?
Rappelons tout d'abord que les travailleurs migrants - "mingong"en chinois - représenteraient une force de travail de près de 200 millions de personnes. Paysans pauvres de villages reculés des provinces défavorisées, ils sont venus en ville ces dernières années pour y trouver un travail et participer au formidable développement de la Chine. Or, ces travailleurs sont souvent exploités et travaillent dans des conditions inhumaines. Mais le nerf de la "guerre" se situe ailleurs : ces travailleurs n'ont pas toujours d'existence légale en ville puisqu'ils n'arrivent que très rarement à obtenir le permis de résidence ou "houkou". Ce document est un précieux sésame pour eux, qui leur permet d'obtenir la sécurité sociale, une couverture médicale, et d'envoyer leurs enfants à l'école par exemple.
Peut-on réellement réellement reprocher à des travailleurs de vouloir obtenir une reconnaissance officielle pour leur dur labeur ? Quelques images valant mieux que de nombreux mots, je vous mets ci-dessous un lien vers un reportage de France 2 qui présente les conditions de vie de ces migrants. Est-ce vraiment le modèle de développement que nous souhaitons suivre ?