Comme nous sommes en été (enfin paraît-il dans cette partie du monde où je vis...), je me permets de traiter d'un sujet un peu plus léger aujourd'hui : le coût du défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées. Petit rappel pour ceux qui auraient manqué la version 2008. Cette année, le défilé s’est déroulé sous les yeux d’un parterre d’invités inégalé : l’Egyptien Hosni Moubarak, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, l’Israélien Ehud Olmert et le Palestinien Mahmoud Abbas (assis sur les mêmes travées) et enfin quelques dirigeants européens comme l’Espagnol Jose Luis Zapatero, l’Italien Silvio Berlusconi et l’Allemande Angela Merkel. Avec évidemment un invité de marque : le très démocratique président syrien Bachar al-Assad qui a dû faire frémir de bonheur les casques bleus qui défilaient devant la tribune présidentielle... Clou du spectacle, l’atterrissage de précision des parachutistes devant la tribune officielle ! Le tout, avec une protection d'environ 8000 policiers et gendarmes.
Toutes les agréables déclarations de notre Omniprésident sur la qualité de nos forces armées n'auront certainement pas réussi à calmer les militaires et les civils de la défense concernés par les 54 000 suppressions de postes... Mais comme il faut bien se rassurer, le chef de l'Etat est revenu sur la question durant la garden party en déclarant "Il n’y a aucune grogne. Tout ça, c’est de la mousse" ! Il faut dire qu'au même moment, aux abords du camp de Mourmelon, en Champagne, c’est un défilé contre la nouvelle carte militaire qui vient de commencer. Et puis tous les militaires ont en tête ce groupe d’officiers - "Surcouf" - poursuivi par des enquêtes internes pour avoir osé écrire ce qu’il pensait de cette réforme...
Le cadre étant posé, intéressons-nous à l'aspect économique du défilé. Ceci n'est pas une mince affaire, puisque vous imaginez bien que la communication sur ce sujet est restreinte à sa portion congrue. Les chiffres que j'ai trouvés sont ainsi totalement invérifiables et je me refuse donc à les utiliser. Néanmoins, quelques données techniques permettent de se faire une idée. Ainsi, au niveau des véhicules on estime que les chars AMX 10RC, chargés respectivement de 520 litres de gazole, ont une consommation variant de 10 à 15 litres de carburant par heure. En ajoutant le véhicule léger de reconnaissance et d’appui (VLRA) sur lequel défile le président, on dépasse les 400 véhicules, dont près de 80 motos de la gendarmerie nationale. Quelqu'un me faisait remarquer récemment que, suivant ses estimations, les motards brûlent plus de cinq litres de carburant pendant l’heure de défilé ! Si on ajoute encore les hélicoptères, les avions, et la Patrouille de France, on imagine le coût économique (le pétrole) et écologique (la pollution) de ce défilé. Pour mémoire, rappelons qu'un avion de la Patrouille de France consomme 1000 litres de kérosène en une heure de défilé, soit près de 10 000 litres au total. Au prix actuel du carburant, je vous laisse imaginer la facture... Elle doit d'ailleurs être si élevée, que le site Bakchich a obtenu de la part d'un militaire de l'armée de l'air la confirmation que le show aérien "coûte bonbon, [...] à tel point que pour des raisons budgétaires, nombres de pays de l’Est ont annulé leur participation". Et de citer notamment comme exemple la Roumanie...
Et pour être complet, il ne faut pas oublier le feu d'artifices et la garden party (on évoque le chiffre de 400 000 ou 500 000 euros avec plus de certitude) où le champagne ne provient que très rarement des cartons de l'hypermaché du coin. Vous faites le total, et vous aurez une vague idée de ce que NOUS coûte cette journée. Vous voyez qu'être propriétaire n'est pas indispensable; locataire de l'Elysée est amplement suffisant...