A la veille de la réunion du G20 qui se déroulera à Washington, j'ai souhaité écrire un petit billet pour en décrire les tenants et aboutissants. En effet, la finalité ultime de ce sommet est officiellement de chercher à réformer la finance pour éviter qu'une nouvelle crise se reproduise. Vaste entreprise ! Plus prosaïquement, ce sommet, à l'instar des précédents, risque de n'être qu'une réunion de plus actant les divergences d'opinions sur le sujet. Car comment concilier les visions (souvent dogmatiques) de la Chine, des Etats-Unis, et de la France par exemple ?
Rappelons tout d'abord que le G20 est composé des pays industrialisés du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) – auxquels se joint l'Union européenne – et des principaux pays émergents : Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie. Pour donner un ordre de grandeur, le G20 représente environ 85 % de la richesse et les deux tiers de la population du monde (voir la carte ci-dessous issue d'une infographie du journal Le Monde. Cliquer dessus pour l'agrandir...).
Quelles sont donc les principales régulations qui seront débattues à ce sommet ? Tout d'abord, il y a la volonté de réguler les hedges funds, ces fameux fonds spéculatifs qui échappent à tout contrôle prudentiel et misent des sommes colossales en utilisant l'effet de levier. Sachant que la plupart d'entre-eux sont implantés fiscalement dans des paradis fiscaux, il devient important de lever le secret qui caractérise ces places financières dont l'ONG Transparency International évalue à 10 000 milliards de dollars les fonds gérés. Une place non négligeable sera ensuite accordée à des propositions de modification des normes comptables qui aggravent notamment les dépressions à cause du principe d'estimation des actifs au prix du marché. Cela ira de pair avec un débat sur la remise en cause de la pratique actuelle de la titrisation qui fut la courroie de transmission de la crise des subprimes à l'ensemble des compartiments financiers. Et bien entendu se posera la question d'un régulateur mondial de type FMI...
Il y a donc beaucoup d'idées intéressantes au menu... Mais déjà de nombreuses déclarations de dirigeants politiques commencent à sonner faux dans l'harmonie internationale que l'on cherche à nous vendre. J'en veux pour preuve le discours de George W. Bush qui marque très nettement sa différence avec notre omniprésident français. Je vous laisse apprécier ces mots du président américain : "Si les réformes s'imposent absolument dans le secteur financier, la solution à long terme aux problèmes actuels est une croissance économique soutenue, et le chemin le plus sûr vers cette croissance, ce sont des marchés libres et des gens libres. Nous devons reconnaître que l'intervention gouvernementale n'est pas un remède universel, cette crise n'est pas l'échec de l'économie de libre marché. Et la réponse n'est pas de réinventer ce système."
Que dire de plus face à un tel discours politique qui nie la réalité de l'échec ? Si le Trésor américain nationalise des banques, c'est pourtant bien parce l'absence de régulation forte a permis aux banquiers de prendre des risques inconsidérés pour augmenter leurs profits ! Mais il est vrai qu'il est bien difficile d'admettre que le libéralisme économique a échoué. Si aucune décision majeure n'est prise à ce sommet, on se contentera de panser les plaies de cette crise et on attendra gentiment que la prochaine éclate dans quelques années !