Il est des fois où l'on se demande jusqu'où peut aller la bêtise humaine... C'est ainsi que je viens de lire sur le site internet du Figaro que la Commission européenne n'apprécie que très moyennement les conditions de la recapitalisation bancaire entreprise par le gouvernement français. La célèbre Neelie Kroes, commissaire à la concurrence, s'inquièterait des distorsions introduites par ces aides publiques qui pourraient, selon elle, avantager les enseignes françaises face à leurs concurrentes européennes.
Ainsi, Bruxelles voudrait (je cite car il faut l'avoir entendu...) "imposer à toutes les banques aidées - les naufragées comme celles qui restent à flot - de redresser leur bilan, c'est-à-dire de prêter moins en proportion de leurs capitaux propres, fussent-ils renforcés par les deniers de l'État" (sic !). Là, j'avoue que la Commission européenne m'affole : d'un côté elle nous explique qu'il faut relancer le crédit au sein de l'Union, de l'autre la France devrait prêter des fonds sans obtenir en échange des banques la garantie qu'elles prêteraient plus aux agents économiques. J'avais déjà écrit il y a quelques jours un billet où je m'alarmais que la France se soit contentée de titres subordonnés au lieu d'actions qui auraient permis de participer réellement à la gestion - temporaire - des banques. Mais là, il faut avouer que c'est la cerise sur le gateau : si cette décision est confirmée par Bruxelles, la France aura ainsi injecté 10,5 milliards d'euros d'argent public pour rien du tout ! C'est tellement beau la bureaucratie...
Autre information à glacer le sang de n'importe quel ouvrier d'une usine automobile : les six membres du directoire de Porsche ont encaissé 143,5 millions d'euros et, selon certaines rumeurs, le président aurait perçu plus de 77 millions d'euros ( 0,9 % du bénéfice imposable de Porsche), c'est-à-dire 21 346 euros de l'heure selon les calculs du quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung ! Cela représente davantage que les revenus cumulés des quatorze patrons les mieux payés du DAX et plus de 6 000 années de SMIC en France... Comment voulez-vous avec des chiffres aussi effarants, motiver des salariés à travailler ? Arrêtons de nous cacher derrière des explications incongrues pour expliquer ces salaires : il n'y a pas de prime à la productivité dans ce montant, pas plus qu'il n'y a de prime au génie créateur (ce n'est évidemment pas le président du directoire qui crée les véhicules, heureusement d'ailleurs...) ou autres absurdités. Il s'agit tout simplement d'avidité financière !
Terminons ce billet et commençons la semaine par ces quelques mots d'Albert Einstein : "deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine, en ce qui concerne l'univers, je n'ai pas acquis la certitude absolue" !