Souvenez-vous du Président américain Hoover qui s'était rendu célèbre pendant la Grande Dépression parce qu'il annonçait tous les mois que la reprise était au coin de la rue. Aujourd'hui, certains dirigeants politiques et économiques semblent appliquer la même méthode coué : je pense bien entendu à Messieurs Bernanke et Trichet qui estiment que la reprise pourrait se profiler à l'horizon 2010. Or, pour l'instant, la plupart des économistes sont d'accord pour dire qu'il n'y a aucun indicateur suffisamment pertinent pour permettre une telle prédiction à court terme. Bien au contraire ! Les voyants passent, pour la plupart, du vert au rouge ces derniers temps.
Il en est ainsi des chiffres de la croissance en premier lieu. Le gouvernement français s'apprête d'ailleurs à réviser ses prévisions de croissance pour l'année 2009 en tablant désormais sur une fourchette comprise entre - 1 et - 1,5 %. Rien qu'au 4e trimestre 2008, l'évolution de la croissance du PIB a été la suivante :
- France : -1,2 %
- Allemagne : -2,3 %
- Belgique : -1,9 %
- Italie : -1,8 %
- Espagne : -2,0 %
- Hongrie : - 1,0 %
Autant dire que les chiffres sont mauvais partout en Europe ! A tel point que les économistes de la Commission européenne prévoient un recul de 1,8 % de la croissance en 2009... chiffre confirmé par le passage au rouge de la consommation des ménages, des investissements et du commerce extérieur !
Mais les chiffres les plus mauvais sont évidemment à trouver du côté de l'emploi : L'Union devrait enregistrer cette année 3,5 millions de suppressions d'emplois et une hausse du chômage. Le taux de chômage devrait ainsi atteindre 8,8 % dans l'Union européenne en 2009 (contre 9,25 % dans la zone euro), et augmenter encore en 2010.
La France n'échappe pas à ce mouvement négatif de l'emploi. Le nombre de demandeurs d’emploi a ainsi crû de manière vertigineuse au mois de janvier 2009 : 90 000 personnes de plus par rapport au mois de décembre, ce qui représente une hausse brutale de 4,3 % en un mois, et de 15,4 % sur un an. 23,5 % de ces nouveaux demandeurs d’emploi proviennent d'un licenciement économique, dû à la réduction d'activité de l'économie française. A noter également que les dizaines de milliers de personnes placées au chômage partiel économique ne sont pas comptabilisées dans les statistiques officielles du chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi (c’est-à-dire de chômeurs inscrits dans la catégorie 1 du Pôle Emploi) atteint dès lors 2 204 500 !
Même l'effet d'annonce de notre omniprésident n'a pas fonctionné très longtemps : celui-ci avait conditionné l'octroi des aides gouvernementales à l'industrie automobile à un engagement des constructeurs à maintenir leurs usines en France et à ne pas délocaliser "en Tchéquie ou ailleurs" (dixit). Taxé de protectionniste par les autres Etats européens et aussi par la Commission Européenne, ce plan a été retoqué depuis sans commentaire de notre gouvernement sur ce camouflet : l'exécutif européen a ainsi céclaré hier soir que la France s'est notamment engagée à ce que "les conventions de prêt avec les constructeurs automobiles ne contiennent aucune condition relevant de la localisation de leurs activités ou de l'approvisionnement en priorité auprès de fournisseurs installés en France". En clair : plus aucune condition sur l'emploi et les délocalisations dans le plan français d'aide à l'indsutrie automobile...
Pour finir, Bruxelles a tout de même réussi à trouvé un élément positif dans son rapport : les pressions inflationnistes baissent rapidement en raison de la chute des prix des denrées de base. L'inflation devrait passer de 3,7 % en 2008 dans l'Union (contre 3,3 % dans la zone euro) à quelque 1 % en 2009 (tant dans l'Union que dans la zone euro). Mais ceci est loin d'être une bonne nouvelle dans la mesure où un danger plus grand nous guette : la déflation. Rappelez-vous la marasme économique au japon suite à la crise asiatique de 1997 et vous comprendrez pourquoi la déflation est bien plus redoutée (et redoutable) que l'inflation !
A court terme, l'horizon semble bel et bien bouché...