Et voilà le serpent de mer nommé "retraite" de retour ! Je pense bien entendu à l'incendie allumé par Brice Hortefeux qui a évoqué la possibilité de remonter l'âge de la retraite à 67 ans pour sauver l'Assurance-vieillesse ! A l'exception de la CFE-CGC, prête à examiner l'idée sous condition, toutes les autres organisations syndicales ont refusé d'en entendre parler... à juste titre à mon avis ! Car cette manière de régler très partiellement les problèmes par moyens détournés montre clairement ses limites. Il suffit de lire l'excellent livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg, Les réformes ratées du président Sarkozy. Ces deux économistes nous montrent comment "une mécanique infernale s'enclenche alors, tant il est clair que le nouveau Président est prêt à concéder beaucoup pour que ses réformes se réalisent"... Même si je suis loin d'être d'accord avec la vision parfois un peu trop libérale des auteurs, j'ai trouvé que l'argumentation chiffrée était solide.
Pour en revenir à l'âge de la retraite, est-il besoin de rappeler que le taux d'activité des seniors français est l'un des plus faibles d'Europe : 37.6%, contre 42.5% en moyenne. Bien loin de l'objectif communautaire qui prévoit, dès 2010, un taux d'activité des seniors de 50%. Alors qui pourrait réellement imaginer que remonter l'âge de la retraite à 67 ans serait la solution au problème ? Laurence Parisot bien sûr et celui qui nous sert de ministre du travail ! La présidente du Medef a ainsi déclaré le 8 février dernier "que pour favoriser l'emploi des seniors, il faut repousser l'âge légal de la retraite" : c'est la preuve d'une totale déconnexion avec la réalité économique vécue et cela ne peut que rassurer les Français (et Françaises) de savoir que les gens qui les dirigent les comprennent aussi bien... Surtout, que l'on arrête de comparer les pays pour en inférer que nous partons trop tôt en retraite : le construit social n'étant pas le même, rien ne sert de stigmatiser un pays ou d'en encenser un autre. Souvenez d'ailleurs comment on vantait les mérites du système anglo-saxon de retraite par capitalisation il y a encore 3 ans... aujourd'hui, certains retraités ruinés rêveraient d'avoir un système par répartition comme le nôtre ! Et puis au fond, profiter plus longtemps de sa retraite, n'est-ce pas aussi un vrai progrès social ?
On vient d'ailleurs de me faire parvenir une vidéo intéressante sur le régime de retraite des parlementaires que vous trouverez ci-dessous. Même si ce dernier a quelque peu été modifié (amendé ?) depuis 2 ans, il n'en reste pas moins vrai qu'être parlementaire permet d'assurer une retraite confortable. A preuve, en 2007, Rue89 rappelait que 1223 anciens parlementaires et 781 ayant-droits bénéficiaient de ce régime, en touchant une retraite moyenne de 2400 euros par mois ! Pas mal pour une durée moyenne de cotisation un peu supérieure à sept ans, n'est-ce pas ? Je me souviens d'ailleurs des réactions gênées des parlementaires interrogés pour l'occasion : d'un côté Jean-Marie Le Guen avouant "ne pas connaître le dossier", de l'autre le désormais célèbre Manuel Valls Manuel Valls qui considèrait que "ce n'est pas les 800 parlementaires qui mettent en danger le régime général des retraites"...
N.B : j'apprends à l'instant que les dépenses de fonctionnement de l'Elysée enregistrent une croissance de 21,7 % sur un an ! Pour l'anecdote, la garden-party aurait coûté 474 523 euros en 2008 contre 419 213 en 2007, soit une hausse de 13,4 %...