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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 12:23

 



Voilà certainement les conséquences les plus redoutables d'une crise : les licenciements massifs. J'ai déjà eu l'occasion d'en parler souvent sur mon blog notamment ici et . Mais ce que les pouvoirs publics négligent allégrement est le fait que certains salariés vivent ces situations comme un déni de leur droit social - et fondamental ! - à travailler. Dès lors, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'on arrive à des réactions extrêmes comme chez New Fabris ou Nortel.

Petit rappel des faits :

* L'usine de Châtellerault appartient à l'équipementier automobile New Fabris. Le 16 juin dernier, l'usine a été liquidée et s'est ensuivi l'annonce du licenciement de l'ensemble des 366 salariés. Depuis, ces derniers cherchent à obtenir une indemnité de licenciement de 30 000 euros sachant que leurs chances de retrouver du travail à Châtellerault (36 000 habitants) sont quasi nulles : l'industrie locale devrait en effet perdre 2 400 emplois en 2009, selon le quotidien La Nouvelle République... Alors pour se faire entendre, les salariés menacent de faire sauter leur usine s'ils n'obtiennent pas gain de cause avant le 31 juillet. Réponse du ministre de l'industrie et également motodidacte, Christian Estrosi : "[Je ne discuterai pas] sous le coup de la menace. Si les salariés continuent, je ne les recevrai pas". Le ministre pratique visiblement une forme de communication sociale déjà testée à Nice avec la Police à même de calmer les esprits...

* A Châteaufort, dans les Yvelines, Nortel France SA, filiale française de l'équipementier en communication canadien et centre de recherches sur les technologies sans fil, a été placée en liquidation judiciaire le 28 mai. En l'absence de reprise des activités de Nortel France SA, l'ensemble des 683 employés devraient être licenciés. Ceci explique que depuis quelques jours, des salariés grévistes de Nortel menacent de faire sauter leur entreprise avec des bouteilles de gaz s'ils n'obtiennent pas une indemnité de licenciement. Réponse cette fois de Xavier Darcos, transfuge de l'Education Nationale : "On va se parler, on va trouver des solutions qui ne demandent pas de passer par des violences extrêmes". "Mais en revanche, je ne saurais comprendre que l'on veuille régler cette difficulté par une position de desesperado, par une violence incroyable"...

Toutes ces menaces rappellent évidemment le cas de la filature Cellatex de Givet dans les Ardennes. Celle-ci avait été mise en liquidation judiciaire en juillet 2000. Face au refus de la direction de négocier leurs conditions de départ, les 153 salariés du site avaient déversé de l'acide sulfurique dans la Meuse et menacé de faire exploser une cuve contenant 56 000 litres de ce dangereux produit. Ce n'est qu'après l'intervention des pouvoirs publics que les salariés de Cellatex avaient obtenu gain de cause par un subtil montage financier.

 

Que dire de tout cela ? Tout d'abord, lorsqu'on en arrive à une telle extrémité il y a forcément de la rancoeur qu'on a laissé se développer trop longtemps. Les salariés se sont impliqués pendant des années dans leur entreprise et, comme le dit le ministre du travail en personne, "cet investissement aboutissant à cet échec suscitent chez eux une très grande frustration". Il oublie de préciser que dans le cas de Nortel par exemple, les salariés ont la désagréable impression que leur sort a été joué dans le Nord de l'Amérique sans consultation. Et que le désespoir qui envahit les ouvriers de Fabris est aussi dû à une prise de conscience générale : que peuvent les pouvoirs publics pour l'emploi (à part aider à négocier un peu d'argent) lorsque l'économie semble dicter ses lois à la politique ? La preuve en est d'ailleurs donnée par leurs revendications : elles ne portent pas sur la sauvegarde de l'emploi mais sur une indemnité de licenciement.

Les salariés semblent ainsi avoir déjà assimilé ce que d'aucuns qualifient de réalisme économique et que je préfère appeler simplement ruine sociale : lorsque l'économie va mal, les salariés deviennent une variable d'ajustement conformément à de prétendues lois du marché. Or tout ceci n'est que mystification ! L'Etat peut - et doit  - reprendre la main en économie s'il ne veut pas que le marché du travail ne devienne un grand casino où les salariés passeraient leur carrière à miser sur le mauvais numéro !

En définitive, n'en déplaise aux partisans de la flexibilité totale, le marché du travail ne sera jamais un marché comme les autres, tout simplement parce que les salariés ne sont pas une marchandise ! A bon entendeur, salut...

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commentaires

N
Désolée, petite étudiante que je suis, je n'ai pas les mêmes réflexions que vous tous. Pour ma part, quand j'entends parler de toute cette histoire, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est à quel point les salariés doivent être désespérés pour en arriver là. Bien sûr, je suis 100% contre la violence et contre les menaces qui sont faites en ce moment mais la question qui me taraude alors est: N'ont-ils pas finalement réussi leur coup? En effet, les médias sont là, les patrons ont accordé 11000€ là où il n'y avait aucun moyen de négocier et les Français sont informés de ce qui se passe... Par contre, le plus triste, au final, n'est ce pas de mettre un prix sur toute une vie de travail? Je n'ai pas de solution et je me doute que c'est un discours un peu facile de ma part donc je vais m'arrêter là. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre la réponse des salariés par rapport aux 11000€ proposés...
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P
non ce n'est pas tout à fait normal. Pour être "équilibré" l'échange doit concerner deux individus ayant une background similaire ou des backgrounds qui ont un espace commun.Regardez par exemple les commentaires qui me tombent sur mon blog local que je qualifie pompeusement de "citoyen".<br /> C'est ici.
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P
Merci pour cet échange; ingénieur j'ai toujours été passionné par l'économie politique commencée avec Jean Marchal il y a longtemps puis Adam Smith Riccardo et Stuart Mill... mais puisque vous parlez d'Obama et du sauvetage de GM, avez vous vu le dernier article d'Elie Cohen sur Telos. Voir mon blog http://pierreratcliffe.blogspot.com
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R
<br /> "Merci pour cet échange" : c'est tout à fait normal, l'échange apporte beaucoup !  Je vais dès que possible passer sur votre blog pour y découvrir<br /> l'article de Cohen.<br /> <br /> <br />
P
Je trouve que vos propos ne sont pas d'un prof d'économie même si je les partage. Comprendre l'économie des entreprises et leurs contraintes voilà à quoi doit servir l'enseignement de l'économie; les entreprises créent les richesses cad produisent les biens et services que les consommateurs demandent. Vos propos touchent à l'idéologie production/consommation. Le processus de croissance indéfinie de la production/consommation est-il durable? notamment dans nos pays les plus riches de la planète? Cette crise n'est-elle pas, "la crise de trop", qui va entrainer la modification du système de production/consommation? Il est clair que ce qu'on ne consomme plus ne sera plus produit... alors faire sauter les usines ça relève du rapport de forces ... Il faudra qu'en plus de la baisse de production/consommation les entreprises qui resteront provisionnent dans leurs comptes cad. dans leurs coûts et leurs prix, la casse sociale. On voit mal où tout cela va nous mener. À mesure que les évènements se déroulent, les économistes et sociologues comprennent et interprêtent... Bref tout le monde navigue à vue dans le brouillard.
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R
<br /> "Je trouve que vos propos ne sont pas d'un prof d'économie même si je les partage". Au contraire ! L'économie a toujours été intimement liée au politique, d'où le<br /> nom "d'économie politique" proposé par Antoine de Montchrestien dans son Traité d’économie politique au XVIIe siècle ! Ainsi, interroger l'économie ce n'est pas seulement "comprendre<br /> l'économie des entreprises" comme vous dites. Il s'agit aussi d'expliquer les incitations au travers des liens sociaux, politiques et humains. D'ailleurs, comment expliquerait-on le fonctionnement<br /> de l'économie russe où, selon les estimations de la Banque mondiale notamment, 25 à 40 % du PNB est contrôlé par 12 000 organisations criminelles, souvent liées au pouvoir ? Et avec les<br /> nombreuses nationalisations aux Etats-Unis notamment, il sera indispensable de comprendre ce qui se passe à la Maison Blanche pour expliquer les choix du nouveau GM par exemple. Quant à la Chine,<br /> économie privée et publique étant les deux faces d'une même pièce, l'idéologie communiste en vigueur à Pékin permet de comprendre de nombreux points que la théorie économique standard ne<br /> permet pas de saisir.<br /> <br /> <br />
P
Vous devriez lire (si ce n'est déjà fait) et citer le dernier livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg "les réformes ratées du président Sarkozy" chez Flammarion. Vous êtes dans l'émotion légitime; ils sont dans l'analyse objective et quantifiée; ça se complète. D'auant que ce sont des chercheurs économistes et sociaux qu'on ne peut pas taxer d'anti sarkosistes primaires...
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R
<br /> J'ai déjà fait référence aux travaux de Cahuc et Zylberberg sur mon blog (que j'ai bien entendu lus...) bien qu'ils aient une vision un peu trop libérale sur<br /> certaines questions. Leurs travaux, pour intéressants qu'ils sont, ne sont pas exempts de critiques et ont fait l'objet de nombreuses discussions : comment pourrait-on d'ailleurs être objectif<br /> en sciences humaines ?<br /> <br /> Pour ma part, je suis très loin de ce que vous appelez "l'émotion légitime", je parle plutôt des liens politico-économiques que j'ai eu l'occasion de côtoyer...<br /> <br /> <br />

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