Ces derniers jours, j'ai lu de nombreux articles et billets de blogs s'alarmant de l'augmentation du prix du baril de brut et de ses conséquences sur le prix de l'essence pour les consommateurs. Ce qui m'a le plus surpris, est de voir refleurir cette proposition populiste consistant à baisser les taxes sur les produits pétroliers pour diminuer le prix à la pompe. En effet, souvenez-vous de la campagne présidentielle aux États-Unis : John McCain et Hillary Clinton proposaient d'annuler la taxe d'assise fédérale sur l'essence durant l'été (équivalente à moins de 0,05 $ le litre) afin de redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs.
Le problème de cette idée, c'est qu'elle est mauvaise et coûteuse... car elle prouve une méconnaissance de ce que les économistes appellent les règles de l'incidence fiscale : ces règles nous montrent, en particulier, que baisser les taxes dans une telle configuration de l'offre et de la demande de pétrole n'apporte que très peu aux consommateurs et devient rapidement suicidaire pour le budget de l'États. Le New York Times avait d'ailleurs estimé le manque à gagner de cette idée lumineuse inepte à 9 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral ! Pourtant, les États-Unis avaient déjà expérimenté une telle solution au problème de l'essence cher, mais pas à un niveau fédéral. Les États de l'Indiana et de l'Illinois avaient ainsi retranché 7 cents/gallon de leur taxe d'assise durant l'été 2000, mais le prix avait alors seulement reculé de 4 cents/gallon. Les automobilistes avaient alors économisé 2,50 $ par mois, tandis que la facture pour ces États s'élevait à plusieurs dizaines de millions de dollars ! Et comme le rappelait fort judicieusement Charles Wyplosz, cette mesure est de plus socialement injuste puisque, le manque à gagner devant bien être financé, c’est le contribuable qui sera appelé à subventionner l’automobiliste.
Comment se fait-il dès lors que le consommateur ne profite pas plus d'une baisse des taxes sur l'essence ? C'est précisément ce que j'ai cherché à montrer - avec un schéma quelque peu animé - dans la petite vidéo que j'ai réalisée et que vous trouverez ci-dessous. La vidéo dure environ 10 minutes, mais ce n'est qu'à la 4e minute que j'expose le schéma car j'avais envie de parler ce jour là il me fallait présenter les grandes lignes du problème.
N.B : Il y a quelques mois, la proposition française de plafonner la TVA sur l’essence répondait à la même logique erronée