Vous connaissiez l'investissement éthique, appelé plus largement investissement socialement responsable (ISR) ? Il s'agit d'intégrer des critères éthiques dans le choix des investissements, même si cela doit peser - un peu - sur le rendement. On trouve ainsi sous cette dénomination des fonds constitués de produits financiers sélectionnés suivant des critères environnementaux, sociaux ou de gouvernance. Mais également des fonds qui excluent, pour des raisons morales ou religieuses, certains secteurs comme l’armement, le tabac, etc. Enfin, et c'est plus récent, il existe des fonds ISR appelés fonds de partage qui consistent à rétrocéder une part des bénéfices générés à des associations caritatives ou des ONG.
Comme il faut bien des gens pour rappeler que la finance se contrefout joue de la morale, un fonds américain a été créé en 2002 (baptisé subtilement Vice Fund) avec pour spécialité les placements socialement... irresponsables ! Il s'agit, pour ainsi dire, de l'antithèse du fonds éthique puisque Vice Fund n'investit que dans les valeurs dont se détournent les fonds éthiques : tabac (40 % du portefeuille), alcool, jeux d'argent (casino et jeux en ligne) et fabricants d'armes !
Côté résultats, si ceux des fonds éthiques sont plutôt honorables (voir cette étude de l'EDHEC), ceux de Vice Fund ne le sont pas moins. Le cours de son action - cotée au Nasdaq - a gagné 5,43 % depuis la création du fonds. Une performance supérieure à celle de l'indice boursier américain S&P 500 qui progressait de 2,05 % sur la même période...
Vices et vertus en économie : voilà un débat déjà ancien qui n'est pas sans rappeler la célèbre fable des abeilles de Bernard Mandeville au XVIIIe siècle. Pour finir, le tableau ci-dessus est d'Antonio Allegri dit Le Corrège (1489-1534) et s'intitule Allégorie des vices...