Le 9 septembre 2012, le président de la République était l'invité de TF1 pour détailler son plan de redressement pour l'emploi. Il y annonçait notamment qu'il "inverserait la courbe du chômage d'ici un an", tout en tenant un discours basé quasi exclusivement sur la compétitivité, alors même que l'on connaît le résultat des politiques de l'offre (voir mon billet à ce sujet) menées ces derniers mois en Europe...
Le 28 mars, sur le plateau de France 2 cette fois, François Hollande est venu expliquer que l'effort de réduction des dépenses publiques - comprendre l'austérité dont j'ai analysé les effets néfastes sur l'économie dans ce billet - porterait également sur la Sécurité sociale. Et d'annoncer alors toute une série de tartes à la crème d'idées creuses censées tout à la fois permettre des économies et une baisse du chômage : créer des incitations fortes à reprendre le travail, meilleur cumul emploi-indemnités, améliorer la formation des chômeurs,...
D'aucuns ont prétendu qu'il s'agissait d'un exercice de communication sans message; moi je dirais plutôt que c'était une communication avec le mauvais message, à savoir que l'État se prive désormais des derniers moyens qu'il avait encore pour réguler l'activité économique et que l'on appelle la politique budgétaire !
Où en est le chômage actuellement ? A des niveaux stratosphériques en France (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :
[ Source : RTL.fr ]
Au sein de l'Union européenne, les nouvelles du front de l'emploi ne sont guère plus réjouissantes (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :
[ Source : La Croix ]
Les économistes ne sont pas tous d'accord sur la nature du chômage. Selon que l'on privilégie une approche par la demande ou l'offre on distingue :
* le chômage keynésien : celui-ci résulte de l'insuffisance de la demande de biens et de services. D'où l'intérêt d'éviter les politiques d'austérité - également appelées dévaluation interne - en pleine crise et de lisser ensuite les ajustements budgétaires lorsque la croissance revient.
* le chômage classique : celui-ci résulte d'un sous-emploi des capacités de production. D'où la nécessité d'améliorer la profitabilité des entreprises au travers d'une baisse des salaires réels et des charges sociales notamment.
Or, en analysant différentes variables au sein de la zone euro (profitabilité des entreprises, évolution de la demande, évolution de la balance commerciale pour les produits manufacturés, etc.), on met en évidence que le chômage est essentiellement keynésien, c'est-à-dire lié à l'insuffisance de la demande de biens et de services.
La question est surtout de savoir si le chômage résulte d'un ralentissement temporaire de l'activité (chômage conjoncturel) ou bien s'il provient d'un déséquilibre profond et durable du marché du travail (chômage structurel). On peut très bien du reste s'intéresser à toutes les composantes du chômage en même temps, mais encore faut-il ne pas perdre de vue que bien que nous subissions la pire crise depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le chômage est loin d'avoir explosé comme on pouvait s'y attendre. Cela devrait nuancer les propos tenus par ceux qui appellent à toujours plus de flexibilité au détriment des salariés (Cf. le compromis dit de flexisécurité signé par les partenaires sociaux).
En définitive, le chômage n'est pas une fatalité (Cf. François Mitterrand et son célèbre "en matière de lutte contre le chômage, on a tout essayé") à condition de sortir de ce système économique néolibéral qui, d'une part atrophie la demande, et d'autre part soumet les entreprises à une concurrence mondiale intenable. Mais cela passera nécessairement par des changements profonds au sein des institutions européennes, à condition que les dirigeants politiques le souhaitent.
Or, au vu des récentes déclarations du commissaire européen Olli Rehn, l'austérité reste toujours l'alpha et l'oméga des politiques économiques européennes, ce qui ne laisse rien présager de bon pour les chiffres du chômage...