Un tableau pour commencer et fixer les idées (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :
[ Source : Observatoire des inégalités ]
Ainsi, d'après les chiffres fournis par la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel sur le mal-logement, 3,6 millions de personnes sont concernées par le mal-logement en France, 685 000 personnes n'ayant même pas de domicile personnel. Au point que le rapport s'ouvre par ce constat : depuis plus de dix ans, la crise du logement fragilise une société déjà déstabilisée. Et même si le nombre de logements sans confort de base a considérablement diminué ces dernières années, les disparités restent fortes.
Les hausses de loyers et des prix à l’achat (voir graphique ci-dessous) ont pesé lourdement sur le budget des ménages, comme en témoigne le taux d'effort net, qui mesure la part des ressources consacrées au logement par les ménages. Plus précisément, il se calcule de la manière suivante : taux d'effort net = (somme des montants de loyer et de charges locatives payés par les locataires) / (somme des revenus perçus par ces ménages déduction faite des aides au logement) :
[ Source : Observatoire des inégalités ]
[ Source : Rapport Crédoc n°263 ]
Ce ne sont donc pas de nouvelles lois qui peuvent améliorer le sort des Français (on pense à l'échec de la loi DALO), et surtout pas un contrôle strict des loyers dont les conséquences sont particulièrement bien documentées dans la littérature économique. Les expériences passées ont ainsi permis de montrer l'inefficacité de la mesure : la perte de profitabilité de la location qui en résulte entraîne une diminution de la qualité du parc locatif, l'allocation des logements se fait alors selon le principe du rationnement puisque les nouveaux arrivants sur le marché du logement ont de grandes difficultés à se loger, etc.
Cela ne signifie pour autant pas qu'il n'y ait aucune place pour l'intervention publique. En effet, en ce qui concerne par exemple le marché locatif, les propriétaires disposent indubitablement d'un pouvoir de marché qui leur permet d’extraire une rente au détriment des locataires, ce qui laisse la place à une régulation.
En définitive, le véritable problème est que la France ne construit pas assez de logements, en particulier dans le secteur social, pour répondre à une demande en forte hausse !
Pour en parler dans un cadre convivial, Mirabelle TV m'a de nouveau invité à intervenir dans sa chronique économique du Grand rendez-vous du lundi. Vous pouvez voir cette vidéo pendant quelques jours en cliquant sur l'image ci-dessous, sachant que je m'exprime à partir de la 18e minute (on garde les choses tristes mais dites avec humour pour la fin...) :