Commençons par une évidence : la crise n'est pas finie ! Ni dans la zone euro, où les politiques d'austérité précipitent un peu plus chaque jour les États membres dans le gouffre, ni dans le monde en général où règne encore en maître le mythe du marché autorégulateur. Pourtant, les crises financières, bancaires, économiques, sociales - et bientôt politiques ! - auraient dû conduire les dirigeants politiques à réviser leur diagnostic, et partant les remèdes appliqués aux économies.
Ce n'est malheureusement pas le cas, puisque la voie de l'austérité est désormais suivie par quasiment tous les partis de gouvernement de la zone euro, en particulier en France. Je ne nie pas qu'un niveau stratosphérique d'endettement public puisse devenir problématique en termes budgétaires notamment, mais encore faudrait-il que l'on s'intéresse à ce qui est fait de cet argent. Si celui-ci peut servir au développement d'un pays, au travers de l'investissement dans des projets d'avenir (mais qu'est-ce qu'un projet d'avenir aujourd'hui en France ?), alors il génèrera de la croissance et débouchera sur une hausse durable du bien-être des nations, ce qui devrait être le but ultime de toute politique économique.
Ne nous y trompons pas : ce que d'aucuns appellent crise des dettes souveraines n'est donc en fait que la conséquence d'un mal plus profond, qui trouve son origine dans l'abandon des prérogatives des États aux marchés financiers ! Dans le cas de l'Europe, un deuxième problème vient se greffer au premier : l'absence d'institutions fédérales nécessaires au bon fonctionnement de la zone euro.
Certains économistes libéraux, à l'instar de Pascal Salin, continuent néanmoins à affirmer que la crise n'est dû ni à des excès dans la finance, ni à une instabilité du capitalisme, mais à manque de liberté sur les marchés financiers :
C'est précisément pourquoi de nombreux économistes ont comme moi décidé de signer le manifeste des économistes atterrés, afin que soient proposées des alternatives à la doxa néolibérale. Les diverses fausses évidences ainsi que les contre-idées soumises au débat sont désormais disponibles sur le site web des économistes atterrés. Il ne reste plus qu'à espérer que les citoyens se saisissent rapidement de ces questions économiques, d'autant plus que le niveau économique de la campagne électoral en France est tangent à zéro...
Pour finir, il faut garder présent à l'esprit que la zone euro est dorénavant dans une situation de plus en plus intenable au vu des difficultés qui s'agrègent les unes aux autres : ratification d'un nouveau traité budgétaire porteur d'une récession encore plus forte, absence de volonté fédéraliste au sein de la zone euro, taux de chômage en nette hausse dans de nombreux pays, tensions sociales et politiques exacerbées,... L'euro serait-il dès lors rentré dans sa phase terminale ? C'est ce qu'affirme Jacques Sapir dans son dernier livre, interviewé en début d'année par Stéphanie Antoine sur France 24 :
En définitive, c'est maintenant qu'il faudrait se saisir de ces questions et changer, améliorer - révolutionner ? - le système économique !