La croissance économique de la Chine a longtemps été très forte :
[ Source : Chine-informations.com ]
Mais depuis 2007, celle-ci connaît un rythme moins soutenu :
[ Source : daily-bourse.fr ]
Rappelons que pendant près de 20 ans, le modèle de croissance de la Chine était quasi exclusivement basé sur les exportations de produits industriels de bas de gamme, à la faveur notamment de coûts salariaux très faibles. De sorte que la Chine contribuait massivement à la croissance du commerce mondial, et pas seulement avec ses exportations car les importations de la Chine ont augmenté sur une base moyenne de 20 % par an, d'où son intégration au sein de l'OMC le 11 décembre 2001.
Le lecteur intéressé par ce point pourra lire avec profit le rapport rédigé par l'organe d'examen des politiques commerciales de l'OMC. On y lit notamment que "la Chine est prête à mener des activités de coopération avec pragmatisme avec tous les pays et toutes les régions, grands ou petits, riches ou pauvres, aux niveaux multilatéral, régional et bilatéral, pour tirer parti des complémentarités et faire jouer les avantages respectifs, sur la base de l'intérêt mutuel et avec des retombées positives pour tous les partenaires. Le système commercial multilatéral est la pierre angulaire des relations économiques et commerciales de la Chine avec l'étranger". Même énoncé en termes diplomatiques, on comprend ce que signifie le pragmatisme chinois en matière commerciale...
Ce modèle est cependant en perte de vitesse et je pense que nous assistons actuellement à un changement fondamental en Chine. Cela tient pour l'essentiel à deux facteurs :
* l'augmentation très rapide des coûts salariaux (qui débouchent sur une délocalisation des entreprises de textile au Vietnam ou au Bangladesh par exemple) conjuguée à un début d'appréciation du Yuan face au dollar. Voir l'excellente vidéo ci-dessous :
[ Source : FranceTVinfo.fr ]
* des contraintes écologiques majeures dont les autorités chinoises ne prennent la mesure que depuis peu (la Chine compte 13 des 20 villes les plus polluées du monde).
La Chine risque donc de connaître très vite une désindustrialisation, ou tout du moins un ralentissement prononcé de son secteur manufacturier qui a tiré depuis deux décennies la croissance économique du pays. D'où la nécessité pour la Chine de passer à un modèle de croissance tirée par la demande intérieure, avec une montée en gamme que réclame désormais la classe moyenne chinoise en développement. Mais cela implique des changements structurels : création d'un véritable État-Providence, prise en compte des questions démographiques (migrations, vieillissement,...), aspiration du peuple à un régime moins autocratique,...