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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 09:56

 

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Le Premier ministre, qui n'a pas "de pudeur avec le mot austérité", a annoncé hier soir chez lui sur TF1 les mesures de son plan de rigueur censé être une réponse au ralentissement de la croissance (le gouvernement n'attendant plus que 1,75 % au lieu de 2 % en 2011, et 1,75 % au lieu de 2,25 % en 2012) et à la crainte des marchés financiers :

 

 

Mais fort heureusement, selon les dires de François Fillon, ce plan de rigueur n'est en rien comparable à ceux en vigueur au Portugal ou en Grèce. Il est vrai qu'il va être difficile de faire aussi bien qu'en Grèce au niveau rigueur, au vu des nombreuses mesures prises depuis 2 ans qui ont annihilé toute possibilité de reprise dans le pays pour la prochaine décennie. Voyons de quoi est constitué le plan français qui s'élève à 1 milliard d'euros pour 2011 et 11 milliards pour 2012:

 

* un rabot de 10 % sur les niches fiscales : mesure de peu de portée à court terme puisqu'elle ne débouchera sur des recettes supplémentaires qu'à partir de 2013

 

* une taxe de 3 % pour les ménages déclarant plus de 500 000 euros de revenus annuels : mesure purement symbolique et électorale puisqu'elle ne rapportera, au mieux, que 200 ou 300 millions par an. A mettre en regard du cadeau fiscal de 2 milliards d'euros fait aux plus riches avec la réforme de l'ISF, il y a quelques mois...

 

* changement du régime des heures supplémentaires : les heures supplémentaires seront dorénavant intégrées dans le calcul des allègements de charges dont bénéficient les entreprises. Mais les salariés continueront à bénéficier des abattements fiscaux, le Président du pouvoir d'achat ne pouvant se dédire aussi brutalement à moins d'un an de l'élection présidentielle. Pourtant, on ne répètera jamais assez que lorsque le marché du travail est déprimé, la priorité n'est pas de défiscaliser les heures supplémentaires !

 

* changement des règles d'impôts sur les sociétés: en gros, le report des déficits sera moins facile et le gouvernement espère en retirer 500 millions d'euros.

 

* hausse des prélèvements sur les revenus du capital : les prélèvements sociaux sur l'épargne (c'est-à-dire autant les intérêts que les dividendes, plus-values sur les actions et obligations et celles sur l'immobilier) passent de 12,3 à 13,5 %. Rentrée d'argent frais attendue : 1,3 milliard en 2012.

 

* taxation sur l'alcool, le tabac et les boissons sucrées : hausse de 6 % du prix du tabac dès 2011, l'alcool et les sodas étant soumis à une taxe plus élevée en 2012.

 

A tout cela s'ajoute également une hausse de la TVA sur les billets des parcs à thème ainsi qu'une suppression d'exonération pour les complémentaires santé. Or, il y a fort à parier que le surcoût sera répercuté sur les tarifs, ces derniers augmentant déjà de près de 5% par an depuis plusieurs années à cause du désengagement de la Sécurité Sociale notamment !

 

J'en appelle à la raison du lecteur : croyez-vous vraiment que toutes ces mesures qui brideront au final la consommation pourront permettre de relancer la croissance ? J'en ai touché mot là ou bien encore là, et je vous invite à lire cet article de Joseph Stiglitz et celui-ci de Paul Krugman.

 

Pourtant, à grand renfort de communication idéologique, les hommes politiques ont réussi à créer la peur chez les citoyens, leur faisant croire qu'il n'y a point de salut en dehors des plans de rigueur. Mais ceci est complètement faux et ne débouche in fine que sur une soumission encore plus grande aux diktats des marchés financiers. Cela ressort par exemple de ce sondage réalisé par l'IFOP il y a quelques jours, qui concluait que 54 % des sondés estiment que la dette est "un problème très grave qu’il faut traiter sans attendre quitte à prendre des mesures douloureuses et difficiles". En mélangeant à peu près tout, on arrive ainsi à endormir leur capacité de raisonnement en leur faisant croire que la réduction du déficit et de la dette sont liés uniquement au volume des dépenses de l'État.

 

Le réveil n'en sera que plus douloureux !


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commentaires

S
<br /> Cher Monsieur, j'ai toujours du mal à comprendre commment une économie peut réduire ses dettes en planifiant des réductions de déficit. Est-ce possible d'avoir un excédent budgétaire ? C'est très<br /> rigolo, le déficit sera -X% en 2012, 2013, 2014, 2015 etc. Où allons nous sans économie ? J'imagine que l'Etat français à peur de ne pas plaire.<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> La France applique, sur injonction de la Commission européenne, la même recette (prétendue miraculeuse pour l'économie) que l'on retrouve dans de nombreux pays<br /> de l'UE : elle part de l'hypothèse que l'équivalence ricardienne n'est pas vérifiée. Lorsque celle-ci n'est plus vérifiée, les déficits peuvent donc conduire, à court terme, à une plus forte<br /> demande et à une hausse de la production. A long terme, cela peut déboucher sur une réduction du stock de capital disponible pour l'investissement et chemin faisant à une baisse de la production<br /> (et donc de la croissance).<br /> <br /> <br /> Conclusion idéologique : on rembobine le raisonnement et on impose la réduction des déficits à tous les États en temps de crise. Résultat constaté : catastrophe<br /> économique et sociale (Grèce, Portugal,...). C'est lorsque tout va bien dans l'économie qu'il est bon de s'occuper du déficit et de la dette, pas quand tout va mal...<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />

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