Lors de ma dernière conférence sur le rôle des banques dans l'économie, j'ai cherché à montrer les défauts de la régulation actuelle et j'ai ensuite proposé des améliorations possibles. Je suis d'ailleurs ravi d'apprendre que le sommet de Davos commence - pour une fois ! - par le bon titre ("améliorer l'état du monde : repenser, redessiner, reconstruire") et les bonnes questions même si je sais qu'il se terminera par les mauvaises réponses. En effet, lors de son discours inaugural, notre omniprésident n'a pas eu de mots assez forts pour dénoncer les dérives du "capitalisme financier" et appeler de ses voeux une réforme de la réglementation bancaire. Ainsi, l'a-t-on entendu déclarer que "le métier de banquier n'est pas de spéculer [...], c'est de financer le développement de l'économie" puis que "si la concurrence est faussée par des règles prudentielles qui restent très différentes d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre, alors les acteurs trouveront normal de reprendre leurs habitudes d'avant la crise".
Je vous rassure, les autres pays ne se sont pas laissés voler la vedette par la France, puisque même la présidente suisse, Doris Leuthard, s'en est pris aux banquiers (sic !). Petit florilège des déclarations du représentant du pays le plus blanc du monde : "Les banquiers tentent (...) de se dérober à leurs responsabilités", "la pression du secteur bancaire a empêché jusqu'ici l'adoption de règles plus strictes concernant les fonds propres et les liquidités", "dans le domaine de la régulation financière, nous courons tout droit vers le précipice". Encore un peu, et on se croirait au Forum social mondial de Porto Alegre...
Tout ce qui a été dit est vrai, mais au fond, n'est-ce pas le constat que nous avons tous déjà dressé et qui aurait mérité une réponse coordonnée depuis plusieurs mois maintenant ? Lorsque notre omniprésident résume enfin son propos par cette formule probablement made in Guaino "c'est notre vision du monde qui, à un moment donné, a été défaillante", je reste interloqué ! Moi je dirais plus exactement que c'est notre système capitaliste qui est défaillant par nature même ! Mais bon, le sommet de Davos étant un rassemblement de grands petits riches (ou l'inverse, c'est selon) de la Terre, on ne voudrait surtout pas casser l'ambiance en disant des mots qui fâchent vraiment... surtout que certaines entreprises vont jusqu'à payer 300 000 euros pour y participer et travailler leurs contrats !
Pour ma part, je préfère rester fidèle à mes principes : partir des faits et des chiffres pour en déduire des solutions possibles (réellement applicables), sans idéologie. C'est précisément ce qu'un journaliste a retenu de moi (voir article ci-dessous) en me gratifiant d'avoir "diffusé une information objective" et de ne pas avoir "pratiqué la langue de bois".
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N.B : j'apprends que le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, a été brièvement hospitalisé pour hypertension et renonce à se rendre au Forum économique mondial de Davos. Il a bien raison de s'éviter un stress inutile...