Dans un précédent billet j'avais expliqué comment l'Espagne, bon élève de la zone euro avant la crise, avait pu sombrer. Or, même si les médias parlent beaucoup de la Grèce, notamment suite aux retraits massifs d'argent aux guichets bancaires, on oublie un peu vite que l'Espagne pèse bien plus lourd en termes économiques que la Grèce : 12 % du PIB de la zone euro pour l'Espagne contre à peine 3 % pour la Grèce...
D'où les craintes qui pèsent actuellement sur le système bancaire espagnol, miné par des créances douteuses sur l'immobilier. Le FMI vient au reste de publier un rapport très attendu qui estime à au moins 40 milliards d'euros le capital supplémentaire qu'il faudra injecter dans les banques espagnoles pour leur éviter une déconfiture en cas de crise. Mais cette estimation doit être prise avec prudence, car la recapitalisation du système bancaire espagnol atteindra probablement le double à mon avis. Il suffit en effet, de remarquer que les stress tests que le FMI a fait subir aux banques font l'impasse sur certains risques comme la restructuration ou les pertes sur prêts.
Mes lecteurs savent pertinemment ce que je pense des "comfort tests", pour reprendre l'expression du Wall Street Journal qui menait en 2010 une fronde contre les tests menés par le Comité européen des superviseurs bancaires (CEBS). En effet, il est très facile de ne tester que certains risques plutôt que d'autres et de faire l'impasse sur certaines subtilités financières (trading books vs banking books, voir mon billet de blog pour plus d'explications).
Rien d'étonnant donc qu'à la suite des stress tests menés en 2010 avec une mauvaise méthodologie, que les banques irlandaises avaient réussi haut la main, on ait assisté à l'effondrement quelques semaines plus tard du système bancaire irlandais, nécessitant une recapitalisation massive de la part de l'État... Ces tests de résistance ne permettaient tout simplement pas de conclure quoi que ce soit ! Je ne peux donc qu'être abasourdi lorsque je lis et entends ces appels à recapitaliser substantiellement les banques européennes, comme si cela pouvait suffire à les sauver d'une crise inévitable lorsque le bilan est massivement grevé par des créances douteuses et litigieuses... et que les pratiques spéculatives n'ont pas changé pour certaines !
C'est dans ce contexte très particulier que le cinéma Méga Kiné de Freyming-Merlebach m'a proposé de monter une soirée spéciale "finance". Ainsi, vendredi 15 juin, elle débutera par la projection du film Margin Call à 19h45 :
Puis j'animerai un petit débat vers 21h45 sur les banques et la finance (en France mais aussi dans le monde) afin de répondre aux très nombreuses questions que le film ne manquera pas de susciter. Vous trouverez ci-dessous l'affiche de présentation de la soirée :
[ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]
Le Républicain Lorrain vient également d'annoncer dans ses colonnes l'événement :
[ Cliquer sur l'article pour l'agrandir ]
Add : peu après la rédaction de ce billet, on apprenait que les dirigeants de la zone euro s'étaient accordés à l'Eurogroupe pour prêter jusqu'à 100 milliards d'euros à l'Espagne afin de recapitaliser son secteur bancaire. Mon estimation des besoins n'était donc pas mauvaise... L'aide sera fournie soit par le FESF soit par le nouveau Mécanisme européen de stabilité (MES), et versée au Fonds public espagnol d'aide au secteur bancaire (Frob), qui s'occupera ensuite de la redistribution des fonds aux banques. A priori, il n'y aura pas de nouveau plan d'austérité en contrepartie de cette aide...