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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 11:04

 

crise-financiere.jpg

 

Panique dans le landerneau financier : conformément aux rumeurs qui bruissaient depuis quelques jours, l'agence de notation Moody's a dégradé la note de la Société générale (Aa2 à Aa3) et du Crédit agricole (Aa1 à Aa2), en raison notamment de l'exposition à la dette grecque et des difficultés à se refinancer correctement sur un marché interbancaire tendu. Notons que BNP Paribas a échappé au couperet de Moody's, malgré la tempête qu'elle a essuyé suite à des rumeurs sur sa solidité et sa capacité à se refinancer en dollars. Mais pour combien de temps ?

 

Au fond, cette dégradation de note n'est que le énième avatar d'une crise bancaire qui perdure depuis trop longtemps déjà et qui constitue l'écho de la crise que connaît la zone euro dans son ensemble. Si les valeurs bancaires françaises sont tant chahutées en Bourse depuis quelques semaines, c'est d'abord parce que ces établissements bancaires se sont gorgés de titres de la dette publique des États en difficultés (Grèce, Italie, Portugal,...) et sont, généralement, souvent plus exposés à l'économie de ces pays au travers de la détention d'actions par exemple. Ainsi, comment ne pas s'inquiéter lorsqu'on sait que BNP Paribas détenait 4,9 milliards d'euros de dette publique grecque et que le Crédit agricole est empêtré dans les sables mouvants de sa filiale grecque Emporiki ? Rien d'étonnant donc à ce que sur le dernier trimestre, la valorisation boursière des banques françaises ait fondu de plus de 50 % (ci-dessous Société générale) ! 

 

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[ Source : Boursorama.com ]

 

A cela s'ajoute des doutes sur le maintien du triple A de la France, après la dégradation historique qu'a subie l'État américain cet été, en raison notamment du déficit public croissant du pays et du spectacle pitoyable offert par la politique lorsqu'il s'est agi de relever le plafond de la dette publique. Et depuis, des rumeurs insistantes de nationalisation partielle des banques ne cessent d'alimenter la défiance envers les valeurs bancaires.

 

Je ne parle même pas des stress tests que les banques ont passés avant l'été et qui, en fait de rassurer les marchés, ne furent qu'une vaste mascarade comme j'en avais rendu compte dans ce billet. J'y expliquais entre autres que l'hypothèse retenue était une baisse sensible de la valeur de ces obligations d'État (on parle de creusement des spreads obligataires). Or, au vu du contexte actuel, n'eût-il pas fallu retenir également l'hypothèse éventuelle d'une cessation de paiement d'un État (au hasard, la Grèce) ? De plus, à l'image des tests réalisés en 2010, il n'avait été tenu compte que des obligations d'État placées dans les trading books, c'est-à-dire les obligations destinées à être revendus à plus ou moins court terme. Les obligations d'État placées dans les banking books, qui sont généralement conservées jusqu'à échéance et qui constituent l'essentiel de l'exposition au risque souverain, n'ont pas été concernées par le test...

 

Enfin, le psychodrame créé par la justicière du FMI Madame Lagarde lorsqu'elle avait appelé depuis Jackson Hole à recapitaliser "substantiellement" les banques européennes (si besoin était de manière obligatoire et par des fonds publics...), a surtout eu le mérite de détourner l'attention des véritables enjeux. En effet, en quoi est-ce une garantie de savoir qu'une banque dispose d'un bon ratio de fonds propres lorsqu'on sait que les banques irlandaises avaient réussi l'examen en 2010 avant de s'effondrer quelques semaines plus tard, nécessitant une recapitalisation massive de la part de l'État

 

Pour ma part, j'insisterais seulement sur le fait qu'un système bancaire efficace est un bien public que chaque citoyen est en droit d'utiliser. Ainsi, s'il fallait à nouveau que l'État vienne au secours des banques, j'ose espérer qu'il ne prendra pas le même chemin qu'en 2009, où il s'est contenté de titres hybrides qui avaient permis aux actionnaires de conserver leurs prérogatives (droits de vote et dividendes) sans qu'un représentant de la puissance publique puisse intervenir au conseil d'administration ! Pour sortir le système bancaire de l'ornière, il est impératif de faire passer des stress tests fiables au banques, puis de compléter cela par des mesures de prise de capital si nécessaires (avec des postes au conseil d'administration !), et enfin d'apporter une réponse convaincante aux difficultés de la zone euro, ce qui implique plus de solidarité entre les États membres et une récupération du pouvoir économique !

 

Au reste, l'État français a-t-il encore les moyens financiers de voler au secours du système bancaire ? Mais surtout, l'opinion publique admettra-t-elle de devoir payer encore une fois pour les errements des banquiers qui ont réussi à reconstituer leurs marges au détriment de l'économie réelle ?

 

Voir également cet extrait de l'émission d'Arrêt sur Images du 14 mai 2010, où l'économiste Frédéric Lordon s'explique sur le billet de son blog intitulé Sauver les banques, jusqu'à quand ? et publié le 11 mai sur le site blog du Monde Diplomatique (http://blog.mondediplo.net/2010-05-11-Sauver-les-banques-jusqu-a-quand) :

 

 

 

 

P.S : la venue en Italie d'une délégation de Pékin pour acheter une partie de la dette du pays doit-elle vraiment nous rassurer ? Oui, selon Christine Lagarde qui ne sait visiblement plus à quel saint se vouer pour sauver les banques, et qui souhaiterait par ailleurs que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) achètent aussi des actions et obligations plus risquées (l'Europe serait-elle donc à vendre ?). Or, en retour, la Chine demande qu'on lui reconnaisse le statut d'économie de marché, ce qui lui permettrait d'exiger la levée des restrictions sur les investissements et les exportations chinoises dans l'Union européenne. Programme réjouissant s'il en est...

 

[ Source de l'image de ce billet : le buzz immobilier.com ]

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