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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:23

 

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Suite aux stress tests auxquels avaient été soumis les établissements bancaires européennes durant l'été, j'avais écrit dans un précédent billet que nous avons eu le droit à des tests de résistance trop tardifs et pas aussi sévères qu'on l'a prétendu. Et de conclure qu'il n'est absolument pas certain que cela suffise à calmer les marchés financiers. Il y a quelques jours, c'est le Wall Street Journal qui menait une fronde contre ces tests qu'il qualifiait de "comfort tests", parce qu'il ont "sous-estimé les montants de titres de dette publique potentiellement risqués détenus par certains établissements". Quelques rappels sur la méthodologie s'imposent par conséquent (même si elle peut être retrouvée dans mon billet du 31 juillet 2010).

 

Le principe de ces tests consistait à soumettre 91 banques européennes à des scénarios économiques négatifs (appelés stress dans le jargon financier) : chute des marchés financiers de 20 %, hausses des taux d'intérêt,... le critère de réussite aux tests étant basé sur le ratio de fonds propres durs (Tier 1). Plus précisément, une banque avait réussi à passer les tests si son ratio Tier 1 restait au-dessus des 6 % dans deux scénarios différents. Mais parmi les cas étudiés par ces tests, c'est celui concernant la résistance des banques à une chute de la valeur des dettes souveraines (avec des taux de décote pouvant aller jusqu'à 23 % pour la dette grecque) qui pose problème.

 

En effet, il ne tient compte que des obligations d'État placées dans les trading books, c'est-à-dire les obligations destinées à être revendus à plus ou moins court terme. Les obligations d'État placées dans les banking books, qui sont généralement conservées jusqu'à échéance et qui constituent l'essentiel de l'exposition au risque souverain, n'ont pas été concernées par le test. C'est ce que cherche à dire en langage courant le Wall Street Journal, lorsqu'il écrit que les banques ont exclu certaines obligations lors du passage des tests. Mais encore plus grave, le journal révèle que ces chiffres, pourtant partiels, ont encore été minimisés avec la complicité implicite des régulateurs qui, par les consignes de présentation comptable imposées, ont encouragé les banques dans cette opacité !

 

Le Wall Street Journal, qui a réalisé là un véritable travail d'investigation journalistique (suffisamment rare pour être noté), s'est ensuite notamment intéressé à deux banques : la britannique Barclays et la française Crédit agricole.  En épluchant leurs comptes, les journalistes ont détecté des écarts significatifs avec les données fournies dans le cadre des tests, et il y aurait même contradiction entre les montants d'obligations d'État détenues par les banques européennes (comptabilisés par la BRI) et ceux affichés dans les tests !

 

Et la cerise sur le gâteau est venue de la Commission européenne, toujours incapable de comprendre ce qui se passe sur planète économie : le commissaire chargé des services financiers européen, l'ineffable Michel Barnier, propose désormais que les tests de résistance sur les banques soient effectués de manière régulière. Pourquoi pas, mais il faudrait lui expliquer que pour l'instant la question porte plus sur la fiabilité du test en lui-même que sur sa fréquence...

 

 

N.B : autre exercice de transparence qui est en train de tourner à l'aigre : le chancelier de l'Echiquier, George Osborne, veut forcer les banques du Royaume-Uni à révéler le nombre de leurs salariés qui gagnent plus d'un million de livres par an. L'idée étant de donner aux actionnaires - et accessoirement à tous les citoyens britanniques - un moyen de faire pression sur les banques pour qu'elles manifestent plus de retenue. Le risque avec les financiers, qui sont à bien des égards une engeance quelque peu à part du reste des humains ("sont-ils humains ?" pourrait être une question du baccalauréat), est qu'ils dévoient à nouveau le système en menant une course à l'échalote : en découvrant que les salariés de la banque d'à côté gagnent plus qu'eux, ils revendiqueront des hausses de rémunération qui leur seront accordées de toute évidence. En résumé, on se retrouve dans une bien triste situation : la transparence en finance conduit à l'enrichissement d'une minorité. N'est-ce pas la preuve que le capitalisme financier est au bout du chemin ?

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