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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 13:30

 

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Dans le prolongement de ce que j'ai écrit sur les hausses de salaire et la prime carotte électorale de 1 000 euros, voici aujourd'hui un billet consacré à une idée reçue qui à la peau dure : le niveau élevé des cotisations sociales pèserait sur la compétitivité des entreprises françaises et réduirait les profits, ce qui déboucherait sur une baisse de l'investissement et de la création d 'emplois. Clair comme de l'eau de roche ? Et pourtant, les faits démentent cette conclusion...

 

Commençons par définir précisément les termes dont nous aurons besoin, quitte à faire un long détour... La valeur ajoutée est ce qu'il reste à l'entreprise après avoir payé les fournisseurs, et qu'elle se partage en trois parts : celle de l'État, celle destinée aux salariés, le reste revenant aux apporteurs de capitaux (actionnaires + créanciers).

 

Les profits sont alors mesurés par le très fruste excédent brut d'exploitation, et on appelle taux de marge le rapport Excédent brut d'exploitation/Valeur ajoutée. La valeur ajoutée se partageant essentiellement entre l'entreprise et les salariés (entre le capital et le travail si on préfère), on comprend donc que les profits soient étroitement liés à l'évolution du partage de celle-ci, de sorte qu'une diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée s'accompagne d'une augmentation de la part de l'excédent brut d'exploitation comme ce fut le cas entre 1982 et 1988 par exemple.

 

 

Part de la rémunération des salariés et de l'excédent brut d'exploitation dans la valeur ajoutée brute
des sociétés non financières (en %)

 

partage_valeur_ajoutee.gif

 

[ Source :  Comptes nationaux annuels - Base 2000 - Secteurs institutionnels ]

 

 

La courbe en rouge sur le graphique montre l'évolution du taux de marge depuis 1949, donc la part des profits dans la valeur ajoutée créée par les entreprises. On constate que durant les Trente Glorieuses (1950 à 1974 pour faire simple), le taux de marge oscillait entre 25 % et 30 %, alors depuis les années 80, le partage de la valeur ajoutée s'est modifié en faveur des profits puisque le taux de marge augmente (le niveau étant toujours au-dessus de 30 %). La période comprise entre 1974 et 1982 est quant à elle très particulière, puisque les salariés avaient obtenu des hausses de rémunération 2,5 fois plus élevées que les gains de productivité réalisés, entraînant par conséquent une chute de la part des profits dans la valeur ajoutée.

 

Pour être plus précis sur le partage entre travail et capital, il faudrait retirer de la valeur ajoutée brute ce qui n'est pas distribuable, comme les impôts sur la production et l'amortissement, postes qui ont sensiblement augmenté au cours du temps. On obtient alors un agrégat appelé valeur ajoutée nette au coût des facteurs. Mais pour notre propos, je m'en tiendrai au graphique ci-dessus, où la part des profits dans la valeur ajoutée des entreprises est restée stable à environ 32 % depuis 1985. Les représentants du patronat aime à citer cette phrase du chancelier allemand Helmut Schmidt que d'aucuns qualifient même de théorème : "les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain qui font les emplois d'après demain". Or, le vrai problème avec les profits d'aujourd'hui, c'est qu'au lieu de financer l'investissement de demain ils servent de plus en plus à verser des dividendes aux actionnaires d'aujourd'hui... au détriment des emplois de demain et souvent même d'aujourd'hui !

 

Venons-en enfin à nos cotisations sociales. Elles correspondent à des versements obligatoires (pour la Sécurité sociale) ou volontaires (pour les mutuelles par exemple) effectués par les non-salariés, les employeurs et leurs salariés pour acquérir des droits à prestations sociales. Le coût du travail pour l'employeur (également nommé salaire super brut) est donc égal au salaire brut auquel on ajoute les cotisations sociales patronales. De son côté, le salarié ne touche qu'un salaire net égal au salaire brut diminué des cotisations sociales salariales, oubliant souvent que les cotisations constituent une rémunération indirecte puisqu'elles ouvrent des droits à la retraite, au chômage dans certains cas, au remboursement des dépenses de santé, etc.

 

Le patronat laisse entendre que toutes les cotisations sociales sont des charges supportées par les employeurs et qui pèsent donc sur l'entreprise. Mais lorsqu'on regarde le graphique du taux de marge (la courbe rouge à nouveau), on ne peut que conclure que le hausse des cotisations sociales sous la Ve République n'a pas pesé sur les profits, le niveau du taux de marge étant même supérieur ces dernières années à celui atteint durant les Trente Glorieuses ! C'est donc le poids du salaire net qui a baissé, montrant au passage que les cotisations sociales pèsent essentiellement sur les salariés, même si on distingue à tort entre cotisations patronales et salariales. C'est ce que l'on appelle le principe de l'incidence fiscale en économie, et qui semble être un des mécanismes économiques les moins bien compris...

 

Il serait donc préférable pour améliorer la clarté des débats de bien préciser tout cela afin d'éviter les contresens plus ou moins voulus d'ailleurs : les cotisations sociales n'étant au final pas prélevées sur les profits comme nous venons de le montrer, les entreprises ne devraient pas s'immiscer dans la question des cotisations (tant que le coût salarial unitaire reste stable), celle-ci se ramenant en fait à la façon dont les salariés souhaitent collectivement arbitrer entre rémunération directe et indirecte ! Cela devrait ainsi nous permettre de nous poser les questions indispensables sur la prise en compte de la dépendance par exemple, sans réduire à chaque fois ces questions sociales à une question économique liée à la compétitivité des entreprises !

 

C'est aussi cela se réapproprier le débat économique : commencer par faire le bon constat et se poser ensuite les bonnes questions... C'est tout l'objet du dictionnaire révolté d'économie et de la page Facebook qui lui est associée !

 

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commentaires

B
<br /> ALLEMAGNE / FRANCE – COUT DU TRAVAIL<br /> La question économique et sociale sera certainement l'un des sujets majeurs de la campagne<br /> électorale pour 2012. La compétitivité française fait l'objet de fréquentes interventions de la part des<br /> hommes politiques, des acteurs économiques, des journalistes comme des économistes eux mêmes.<br /> Souvent stigmatisée, par exemple pour son égoïsme face à ses partenaires européens, l'Allemagne<br /> peut toutefois être considérée comme la première de sa classe en ce domaine.<br /> Avec près de 140 milliards d'Euros d'excédents commerciaux, contre 40 milliards de déficit pour la<br /> France, ce sont 180 milliards d'Euros de plus qu'en France, annuellement, qui viennent gonfler les<br /> chiffres d'affaires des entreprises productives de notre voisin. A titre de comparaison, ce montant<br /> correspond à plus de 5 millions de fois le PIB moyen par Français.<br /> Les causes de cette situation sont à rechercher, pour de nombreux commentateurs, dans les coûts de<br /> production français, obérés par les nombreuses charges, qui ne permettent pas à nos entreprises<br /> d'être compétitives sur le marché mondial. La comparaison du coût du travail entre nos deux pays<br /> est difficile car les principes généraux sont réputés différents. Nous avons voulu mettre des chiffres<br /> sur ces affirmations pour étayer la réflexion.<br /> Prenons l'exemple d'un célibataire payé en France au SMIC et au minimum du tarif syndical en<br /> Allemagne. En effet la notion de salaire minimum n'existe pas en Allemagne comme en France.<br /> Celui-ci relève de négociations entre les syndicats patronaux et ouvriers et employés. Il est fixé par<br /> branche et par land ou région. Notre exemple va comparer deux régions voisines, l'Alsace et le<br /> Bade Wurtemberg. Le célibataire allemand travaille pour une entreprise relevant du syndicat IG<br /> Metall, le plus important en Allemagne, et plus particulièrement dans la branche Metall et<br /> Elektroindustrie, avec un horaire hebdomadaire de 35 heures.<br /> France Allemagne<br /> Salaire brut mensuel 1365 € 1924 €<br /> Charges salarié mensuelles (hors CSG) 211 € 398 €<br /> Salaire mensuel net 1154 € 1526 €<br /> Revenu annuel 13848 € 18312 €<br /> Prime obligatoire néant 1221 €<br /> Impôts (CSG+RDS inclus en France) 1418 € 2452 €<br /> Taxe d'habitation en France 450 €<br /> Revenu disponible 11980 € 17081 €<br /> Ces chiffres ne doivent, bien entendu, n'être pris que comme ordre de grandeur, tant les systèmes<br /> sont différents. Ils montrent une différence de revenus de l'ordre de 40% en faveur de l'Allemand. Il<br /> faut noter que le salarié allemand ne bénéficiera que d'une retraite de l'ordre 30% de son revenu<br /> annuel avec la cotisation vieillesse minimale prise en compte. De ce fait il souscrira certainement<br /> une assurance privée, à moins que son entreprise ne la prenne en charge.<br /> Les deux salariés bénéficient de 30 jours de vacances.<br /> Les affirmations souvent répétées d'un pouvoir d'achat salarié limité pour permettre à l'économie<br /> allemande d'être performante sont ainsi battues en brèche.<br /> Qu'en est il pour les entreprises ?<br /> Salaire mensuel net payé 1154 € 1526 €<br /> Charges entreprise 324 € 378 €<br /> Cout mensuel 1478 € 1904 €<br /> Cout annuel 17736 € 22848 €<br /> Primes variables min. 1460 €<br /> Les chiffres sont incontestables et contredisent une opinion largement répandue. Il s'agit dans notre<br /> exemple d'un cas particulier. Mais même en supprimant la déduction de charges salariales pour les<br /> bas salaires en France, le coût salarial en Allemagne reste supérieur.<br /> Il est difficile d'extrapoler ces résultats à d'autres situations. Comment connaître les salaires pour<br /> une position similaire dans les deux pays ? Comment tenir compte des réductions d'impôts, quotient<br /> familial en France, beaucoup moins avantageux en Allemagne ?<br /> Seuls des calculs cas pas cas permettraient une comparaison exhaustive. Il semble que pour<br /> quelques cas particuliers, par exemple les saisonniers en agriculture et de l'industrie alimentaire,<br /> notamment ceux en provenance de l'Europe de l'Est, les couts allemands soient plus faibles qu'en<br /> France. Les salaires dans l'ex RDA sont également plus faibles que ceux de l'ancienne RFA, mais<br /> rattrapent ceux de l'Ouest au fil des ans.<br /> Si le cout du travail, en général, est plus faible en France qu'en Allemagne, il faut alors chercher<br /> ailleurs les raisons du succès allemand.<br /> La structure des entreprises allemandes est plus légère que celle de leurs homologues françaises. La<br /> notion de cadre est inexistante chez nos voisins. Le pourcentage de gestionnaires, couts indirects,<br /> est plus élevé chez nous. Les entreprises allemandes sont plus ouvertes que les nôtres, l'information<br /> du personnel sur le fonctionnement et les résultats est plus complète. Les relations ouvriersdirigeants<br /> plus franches et plus ouvertes. Il faut certainement rechercher cette situation dans l'esprit<br /> allemand, le capitalisme rhénan, est très respectueux des collaborateurs. Mais également dans la<br /> pratique de parité entre les syndicats et les actionnaires au sein des Conseils d'Administration des<br /> entreprises de plus de 2000 employés. État d'esprit qui prospère dans les plus petites entreprises.<br /> Le patronat allemand est très disparate, beaucoup moins uniforme que celui des grandes entreprises<br /> françaises, très souvent issu d'une oligarchie sure d'elle même, promouvant une pensée unique<br /> enseignée dans quelques grandes écoles. Se retrouvant entre eux dans les Conseils d'Administration<br /> de multiples grandes entreprises, les pensées innovantes ont du mal à prospérer.<br /> Mais le point le plus important reste le marketing et la commercialisation. Qui n'a pas visité les<br /> grands salons techniques internationaux en Allemagne ou dans le reste du monde, a du mal à se<br /> rendre compte que notre industrie est largement absente de ces grandes manifestations. Hors les<br /> sociétés du CAC 40 et assimilées qui, sauf exception, sont au niveau de leurs homologues<br /> étrangères, les grandes et moyennes PME sont absentes ou présentent leur production sur des<br /> surfaces très réduites, donnant une image mièvre de leur production. Peu se donnent le mal de<br /> présenter leur stand, voir leur documentation en langues étrangères. Ne parlons pas des petites<br /> sociétés qui pour la plupart ne s'aventurent pas à l'étranger.<br /> Étant absentes des marchés étrangers, nos entreprises ne sont pas conscientes des évolutions<br /> technologiques, et très rapidement leur offre ne répond plus aux besoins. C'est ainsi que les produits<br /> étrangers prennent de plus en plus de place sur le marché français. Je ne parle pas des produits bon<br /> marchés issus des marchés à bas salaire, c'est une autre question. Mais rappelons que l'Allemagne<br /> est notre premier fournisseur étranger.<br /> Quelle sont les causes de cette situation ? Elles sont certainement multiples.<br /> L'idée répétée depuis des années par les politiques, qui prennent leurs informations auprès des<br /> grands dirigeants d'entreprises, au lieu de se rendre compte par eux mêmes, que les charges sociales<br /> en France ne permettent pas d'être compétitif sur les marchés étrangers, est certainement à l'origine<br /> de l'abandon de l'idée d'exporter par nombre de dirigeants de PME. La presse est souvent complice<br /> de cette désinformation. C'est une véritable intoxication de l'information publiée.<br /> L'histoire coloniale de la France vient se rajouter à cette situation. Pendant de longues années les<br /> marchés d'outre mer étaient suffisants pour assurer les débouchés de l'industrie française.<br /> La formation de nos dirigeants, la difficulté de parler des langues étrangères, doivent certainement<br /> être prises en compte.<br /> N'étant pas en véritable concurrence avec leurs homologues étrangers sur des marchés très<br /> compétitifs, l'investissement productif est très en retard en France.<br /> La mondialisation ne peut fonctionner que si les échanges vont dans les deux sens. Les français<br /> n'ont pas saisis qu'à l'augmentation des importations de produits manufacturés, devait correspondre<br /> une offre plus étoffée sur les marchés étrangers pour équilibrer les échanges.<br /> Il est bien tard pour essayer de retourner la situation. Mais la responsabilité des Politiques et de la<br /> Presse est de faire prendre conscience, que contrairement aux idées fausses, largement répandues<br /> dans notre société, l'industrie française pourrait prendre une place plus importante dans le marché<br /> mondial. Il faut bien commencer un jour à retourner cette tendance suicidaire.<br /> Jean Daniel Braun<br /> Ingénieur Conseil<br /> Ref. http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/donsoc06yv.pdf<br /> www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?<br /> offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1118704&clef=ARC-TRK-NC_01<br /> http://www.intox2007.info/index.php?post/2010/10/28/Cout-du-travail<br /> http://www.securite-sociale.fr/comprendre/dossiers/comptes/2010/ccss201006_fic-07-1.pdf<br /> Insee Première 970 - juin 2004<br /> <br /> <br />
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