Pour une fois, je vais consacrer un billet économique à ma région, la Lorraine. Plus précisément, je vais m'intéresser aux salaires avec ce tableau pour commencer (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :
Salaires nets annuels moyens selon la région en 2009 (euros courants)
[ Source : INSEE, DADS. Champ : France, salariés en équivalents-temps plein ]
On y voit sans surprise que si l'Île de France est la région où les salaires moyens sont les plus élevés dans le secteur privé et semi-public (31 230 €), la Lorraine se classe dans le bas du peloton avec 21 930 €, contre 23 040 en Alsace. En 2009, le salaire annuel net moyen des cadres en Lorraine est de 41 850 €, 24 730 € pour les professions intermédiaires, 17 000 € pour les employés et 18 750 € pour les ouvriers. Bien entendu la crise, en augmentant la précarité de l’emploi, compresse encore un peu plus les salaires partout en France et plus particulièrement dans les zones de fort taux de chômage comme la Lorraine (cliquer sur l'image pour l'agrandir), tout en développant la pauvreté :
Taux de chômage au troisième trimestre 2012
[ Source : INSEE, taux de chômage localisés ]
Taux de pauvreté monétaire en 2009
[ Source : INSEE, revenus disponibles localisés ]
Pour rappel, un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté fixé à 60 % de la médiane des niveaux de vie, c'est-à-dire actuellement 964 euros par mois pour une personne seule. L'intensité de la pauvreté est un indicateur qui permet d'apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté, en mesurant l'écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté.
Les salariés lorrains frontaliers (environ 100 000 dont 72 900 Lorrains qui travaillent au Luxembourg), quant à eux, ont des revenus plus élevés. Ainsi, après réintégration des revenus perçus au Luxembourg, le revenu moyen augmente de 8,5 % dans les dix cantons les plus concernés par le travail frontalier ! En France métropolitaine, le canton de Cattenom fait ainsi partie des 5 % de cantons au revenu moyen par unité de consommation le plus élevé, après réintégration des revenus frontaliers.
On peut à présent étudier le revenu salarial annuel moyen en 2009 dans les 4 départements de la Lorraine (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :
Revenu salarial annuel moyen en 2009
[ Source : INSEE, DADS. Champ : revenu salarial annuel moyen net de prélèvements par salarié au lieu de résidence ]
On constate que le revenu salarial annuel moyen est plus élevé en Meurthe-et-Moselle que dans les autres départements, mais que quel que soit le département il existe une très nette différence entre hommes et femmes : globalement, les femmes cumulent en Lorraine moindre activité (32 % des femmes travaillent à temps partiel contre 5 % des hommes), conditions d’emploi moins favorables, ce qui explique en partie seulement les différences de salaires qui s'élèvent en moyenne à 19 % (même ampleur au niveau national hors Île de France). Car même si l'on tient compte des différences de statut (cadre, employé, ouvrier), d’expérience, de diplôme et de secteur d’activité, une part non négligeable de ces 19 %, environ 9 points, reste inexpliquée et s'apparente ainsi à de la discrimination !
Faisons une petite incursion au niveau national et analysons la répartition des salaires.
Niveaux de salaires par sexe et par décile (mensuels nets équivalent temps complet)
[ Souce : INSEE, DADS 2010. Champ secteur privé et semi-public ]
On en déduit qu'en équivalent temps complet - c'est-à-dire en déterminant quel niveau de rémunération obtiendrait un salarié à temps partiel s'il passait à temps plein sur le même emploi - le salaire net mensuel médian dans le secteur privé et semi-public s’élève à 1 675 euros, que les 10 % des salariés les moins bien rémunérés touchent moins de 1 142 euros, et que 90 % des salariés touchent moins de 3 317 euros quel que soit leur âge... ce qui relativise les considérations sur le seuil de richesse ! En effet, selon un sondage Ifop pour le magazine Enjeux Les Échos, le seuil de richesse serait de 6500 euros nets par mois, avec de fortes disparités dans les réponses selon l'âge du sondé (4 440 euros pour les 18-24 ans, 7 900 pour les 65 ans et plus).
Et comment évoluent les salaires des plus riches ? Réponse dans le tableau suivant :
Salaire moyen mensuel et évolution 1998-2006 de différentes tranches de population
[ Source : Alternatives Économiques n°276, janvier 2009 ]
Le lecteur intéressé pourra également se référer à un billet de blog que j'avais rédigé en 2010 sur ce thème, et où j'expliquais que les 10 % les plus riches perçoivent 1/4 des revenus d'activité déclarés, près de 2/3 des revenus du patrimoine et plus de 4/5 des revenus exceptionnels.
Cette semaine, j'ai profité de mon passage sur Mirabelle TV pour évoquer la question des salaires. C'est à voir dans le Grand rendez-vous du lundi à partir de la 21e minute :
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