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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 10:47


chiffres_magnetiques.jpg

J'ai souvent eu l'occasion de dire ce que je pensais des agences de notation financière comme Standard and Poor's, Moody's et Fitch : dans
le cas de la Grèce récemment, mais aussi pour la France. Elles sont censées apprécier le risque de solvabilité financière d'une entreprise ou d'un État, en donnant une note à la dette émise par ces agents économiques. Plus la note est basse, plus le coût de la dette (les taux d'intérêt) sont élevés. Le gros problème de ces agences de notation c'est qu'elles sont PRIVÉES, c'est-à-dire qu'elles se font payer par exemple par l'entreprise à qui elles doivent donner une note : il y a donc là confusion des genres et même conflit d'intérêt ! 

Et ce n'est pas parce que ces sociétés commerciales oligopolistiques (elles ne sont pour ainsi dire que 3 à dominer leur marché)
décident de donner une note à la dette d'un État que celui-ci devient pour autant l'équivalent d'une entreprise. Bien au contraire, l'État reste une entité souveraine et ne peut donc pas être mis en liquidation judiciaire ! De plus, que peut-on attendre de ce système de notation qui, en janvier 2009, dégradait la note de la dette publique portugaise tout en créditant General Electric de la meilleure note AAA ? Cela signifiait aux marchés financiers que General Electric était sans risque à cette époque... mais que le Portugal était un débiteur moins sûr qu'une netreprise privée !

C'est pourquoi, je ne peux que m'élever contre les explications fumeuses qu'avancent ces sociétés de notation pour justifier la dégradation de la note d'un État. C'est le cas de cet article de Pierre Cailleteau, chef économiste chez Moody's. Paru sur le site de l'AGEFI, cette pseudo analyse répond à la question suivante : "De par la taille et la profondeur de leurs marchés financiers et aussi le rôle du dollar, les Etats-Unis sont-ils immunisés une fois pour toutes contre un risque souverain ?". Posée ainsi, la question semble déjà incongrue car nul ne peut être immunisé une fois pour toute (il n'existe pas, à ce jour, de vaccin anti-crise en économie... mais la recherche progresse en testant les méthodes sur quelques cobayes non volontaires).

Quant à la réponse, elle est digne d'une élucubration intello-commerciale. Je souligne en gras les passages importants :  "nous regardons donc tout particulièrement un ratio, celui des paiements d’intérêts rapportés aux ressources de l’Etat. Sur cette base, nous obtenons un ratio de 8,7 % cette année et un ratio très élevé dans dix ans de 18 %. Les chiffres sont un peu plus faibles pour la dette du gouvernement général. Or, nettement au-delà de 10 %, nous considérons que la dette publique constitue une contrainte matérielle sur les choix politiques et sociaux du pays - et donc un indice de plus faible solvabilité. Nous avons deux autres critères dynamiques pour affiner ce diagnostic, tous deux plus favorables aux Etats-Unis. Le premier concerne la dynamique de réversibilité de la dette ; elle est importante outre-Atlantique. Le second porte sur la capacité à lever de la dette sans payer un prix punitif. Ce qui est le cas de l’économie américaine compte tenu du rôle du dollar et de la profondeur du marché financier. En résumé, la dette américaine perd de l’altitude dans notre espace Aaa car la dette publique devient une contrainte de plus en plus forte, et le plan à dix ans manque d’ambition compte tenu des enjeux. Certes, le pays a le bénéfice du doute sur le critère de réversibilité et sur celui de la capacité à lever de la dette à un prix faible ; mais il prend le chemin du Aa, avant 2020".

J'adore lire ce genre de justifications, car il s'agit à mes yeux d'un modèle de tartufferie. En effet, d'un côté Moody's dit que, selon un critère générique (donc utilisé tel quel pour tous les pays, peu importe leur spécificité...), la dette publique des États-Unis devient plus incertaine en termes de solvabilité. De l'autre, on ajoute immédiatement que, compte tenu du poids économique et politique des États-Unis dans le monde, la dette publique n'est finalement pas si risquée que cela. On pourrait résumer cela ainsi : d'un côté, il faut que je trouve un argument pour me faire payer et montrer que je sais de quoi je parle (surtout que mon agence avait très bien  noté certains produits liés aux subprimes...), de l'autre j'avoue tout de même que le modèle américain est différent de celui de l'Irlande ou de la Grèce...

Paul de Grauwe, dans une tribune au Financial Times, déclarait en parlant des agences de notation : "In the past, they gave incentives to take too much risk; today they give incentives to take too little, thereby exacerbating the crisis" (par le passé, elles donnaient des incitations à prendre trop de risques, aujourd'hui elles donnent des incitations à en prendre trop peu, exacerbant de la sorte la crise). Pourquoi ne pas imaginer, dès lors, une agence de notation publique en Europe ? C'est précisément l'idée du chef de file des paradis fiscaux des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.  S'exprimant à la radio allemande Deuschlandfunk, le 5 mars, il a déclaré que les agences de notation "ont contribué à la chute des marchés financiers à partir de fin 2008. Il serait sensé que nous mettions sur pied nous-mêmes en Europe une propre agence qui serait chapeautée par la BCE". En voilà enfin une idée raisonnable, même si je n'aurais jamais imaginé qu'elle vienne de Jean-Claude Juncker...

 

 

N.B : je viens de lire à l'instant dans Le Monde que l'agence Fitch avait mis en garde, mardi 9 mars, le Royaume-Uni, la France et l'Espagne sur la gestion de leurs finances publiques, "les appelant à prendre des mesures de réduction des déficits "plus crédibles", au risque de voir leurs notes (AAA) remises en cause". Comme c'est touchant, la France pourrait ainsi faire partie de ces pays problématiques que l'on appelle les PIGS...

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commentaires

S
<br /> Vous pouvez sans doute répondre à cette interrogation. Les critères pondérés de solvabilité, utilisés par les agences de notation, ne sont certainement pas identiques entre les Etats et les grandes<br /> entreprises ?<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> Fort heureusement non, même si l'idée de noter un État me semble déraisonnable au vu des informations dont disposent ces sociétés. Derrière cela, se cache aussi<br /> une question de souveraineté politique que Christina Kirchner a remise en lumière en pratiquant son tour de force avec la Banque centrale, il y a quelques jours.<br /> <br /> De plus, utiliser des critères identiques pour tous les pays ne correspond pas à la réalité géopolitique : les États-Unis, avec une monnaie de réserve qui est le dollar et une position politique<br /> dominante, peuvent-ils être comparés à d'autres pays à l'aune des mêmes critères de déficit et dette ?<br /> <br /> <br />

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