Les prix des carburants ont poursuivi leur hausse ces derniers jours, comme en témoigne les chiffres publiés par la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC). En moyenne, le litre de sans plomb 95 s’est vendu la semaine dernière à 1,4915 euro (record à 1,4971 euro en juin 2008), le litre de sans plomb 98 à 1,5278 euro (record à 1,5323 en juin 2008) et le litre de gazole à 1,3287 euro (record à 1,4541 euro en juin 2008).
Il vous est même désormais possible de comparer les prix à la pompe dans différentes stations de votre département, grâce à un site web mis en place par le gouvernement et entièrement dédié au prix des carburants. Celui-ci présente les prix de vente pratiqués par les professionnels (et affichés par les distributeurs eux-mêmes sur le site, de sorte qu'ils sont responsables des informations fournies) exerçant une activité de vente au détail de carburants SP 95 et de Gazole.
Il n'en fallait pas plus pour que le député UMP Jacques Le Guen demande au gouvernement une enquête sur la hausse des prix des carburants, les compagnies pétrolières étant bien entendu soupçonnées de s'en mettre plein les poches. Cela témoigne pourtant d'une méconnaissance absolue des mécanismes de fixation des prix et in fine du marché du pétrole lui-même ! Car d'abord, faut-il rappeler que les pays membres de l’OPEP (Pays Producteurs et Exportateurs de Pétrole, dont font partie l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Lybie…) contrôlent environ 40 % de la production actuelle et les trois quarts des réserves mondiales, ce qui leur permet d’influencer les cours par une politique de quotas de production ? La carte ci-dessous explique ainsi pourquoi le cas libyen est examiné avec beaucoup plus de prudence et d'appréhension que celui des autres pays du Grand Maghreb (cliquer sur la carte pour l'agrandir) :
[ Source : lavieeco.com ]
L’année 2011 a donc débuté avec une hausse marquée des cours du pétrole (baril de Brent de la mer du Nord coté à Londres et baril WTI coté à New York), suite aux crises politiques que connaissaient les pays du Grand Maghreb. C'est précisément ce risque d’une contagion de la révolte aux grands pays producteurs de pétrole de la région, comme l'Arabie Saoudite ou l'Iran, qui a conduit inévitablement à des tensions très fortes sur les marchés, ces derniers prenant peur de se retrouver sans pétrole cependant que la demande ne cesse de croître !
Le prix du baril n'a pas encore atteint son record de 2008, mais il s'en rapproche en raison du taux de change euro/dollar. En effet, un euro fort limite "la casse" en permettant d'importer moins cher. C'est pourquoi, même si on est encore loin du prix record de 147 dollars atteint par le baril de pétrole en 2008, la baisse de l'euro face au dollar renchérit le prix en euro des importations et explique que les prix à la pompe s'approchent des niveaux record connus en 2008.
C’est à ce moment qu’apparaissent les propositions populistes (en France comme en Belgique...), consistant à réduire les taxes sur l’essence notamment, à partir du constat suivant (cliquer sur le dessin pour l'agrandir) :
[ Source : Le Figaro.fr ]
Or, le principe de l’incidence fiscale permet de montrer que sous couvert d’aider les consommateurs, ces baisses de taxes seront captées par les producteurs de pétrole et ne profiteront que très peu aux consommateurs. J'avais exposé ce principe dans une petite vidéo, que j'avais réalisée lorsque la Maison Blanche envisageait de réduire les taxes sur les carburants durant l'été 2008. Dans le cadre d'un modèle simple (vers la 5e minutes de la vidéo), j'explique pourquoi il n'y a pas grand chose à attendre d'une telle mesure...