Ceux qui pensaient que les politiques d'austérité étaient adoucies en Europe ou encore que la crise était finie, en sont désormais pour leur frais. En effet, l'image de ce billet est une capture d'écran de la télévision publique grecque ERT, qui a cessé d'émettre mardi soir sans préavis !
Si officiellement la mauvaise gestion de la chaîne est avancée pour expliquer ce geste sans précédent, personne n'est dupe qu'elle est la conséquence des pressions exercées par la Troïka pour obliger la Grèce à faire des économies. Ainsi, le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a peut-être cru bon de respecter la feuille de route lui enjoignant à diminuer de plusieurs milliers le nombre de fonctionnaires au mois de juin, en s'attaquant brutalement à l'ERT et ses 2 700 salariés...
Mais ce faisant, il a pris le risque d'envenimer encore plus la situation sociale et politique du pays. Car c'est bien d'un geste politique dont il est question, quand bien même le gouvernement se défend-il désormais en invoquant l'opacité des comptes de la télévision publique. Certes, le budget annuel de l'ERT (300 millions d'euros) était probablement disproportionné en regard de l'audience cumulée (13 % !), et aucun grec n'ignorait que la télévision servait trop souvent à recaser des amis politiques. Mais la fermeture d'une télévision publique reste dans la conscience collective associée à l'idée d'un coup d'État...
On peut du reste s'interroger sur la réelle souveraineté politique dont dispose encore la Grèce, lorsque l'on sait que les créanciers internationaux exigent - et obtiennent - une réorganisation du service public et des privatisations qui conduisent à des coupes claires dans l'État-Providence. La coalition au pouvoir, c'est-à-dire les conservateurs d'Antonis Samaras, les socialistes du Pasok et la gauche modérée Dimar, semble n'être plus qu'une chambre d'enregistrement des diktats économiques européens...
Comme on pouvait s'y attendre, toucher au symbole que représente la télévision a immédiatement conduit les citoyens grecs dans la rue, pour une journée de grève générale ce jeudi 13 juin 2013. C'est certainement pourquoi la Commission européenne a préféré prendre ses distances dans un communiqué, confirmé par la réponse donnée par le commissaire aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, à Daniel Cohn-Bendit :
En définitive, nous avons une nouvelle fois la preuve que les politiques d'austérité conduisent l’Europe vers le chaos social et politique, comme je le répète souvent sur ce blog. D'où l'actualité de mon livre, la grande saignée économique, que France 3 Lorraine m'a invité à venir présenter dans son journal le 12/13 :
N.B : l'image de ce billet provient de cet article de RTL.