La crise économique est l'occasion de se poser des questions sur les fondements de notre société. C'est pourquoi, Marianne2, en partenariat avec France Culture, avait proposé une série d’entretiens d’Antoine Mercier avec divers intellectuels. Le dernier volet (disponible à cette adresse), avec l'économiste et épistémologue Christian Arnsperger, évoquait la crise existentielle du capitalisme. En voici un extrait qui rejoint l'analyse que j'ai moi aussi faite du capitalisme dans mon livre : "la logique géniale ou diabolique du capitalisme, est de jouer sur la confusion entre « besoins » et « envies ». Le capitalisme a fini par nous faire prendre nos envies pour des besoins. C’est pourquoi nous courons après la consommation et l’accumulation. Donc c’est un système qui crée des compulsions répétitives chez la plupart d’entre nous, en tout cas ceux qui ont les moyens de se payer certaines choses, et qui crée en même temps des inégalités structurelles. De surcroît, il introduit une obligation de croissance car toute cette machine se base essentiellement sur le crédit et l’endettement. Nous sommes donc dans une sorte de machine infernale où ces trois éléments tournent en boucle."
Vous trouverez ci-dessous un petit diaporama que j'ai réalisé et qui présente certains concepts et chiffres clés développés dans mon livre sur le capitalisme. Ceux qui connaissent mon goût prononcé pour les ballets classiques comprendront, qu'en musique de fond, j'ai choisi l'ouverture de Roméo et Juliette de Prokofiev. En effet, la danse des chevaliers exprime bien ce climat effroyable créé par le capitalisme financier dans nos sociétés.
Dans ces conditions, pourquoi persister dans cette voie dont nous percevons clairement qu'elle nous conduit au désastre ? C'est parce que, comme je l'ai dit là ou bien ici ou encore là, de nombreuses personnes n'ont pas d'intérêt à voir le capitalisme être réformé sérieusement : pourquoi changer un système qui permet à une minorité de vivre heureux au détriment du plus grand nombre (en biologie on appelle cela du parasitisme) ? Au sujet des retraites - thème phare de l'actualité ces derniers temps - Antoine Boziot déclarait à Libération que "le système actuel est d’ailleurs loin de fonctionner comme une redistribution des plus riches vers les plus pauvres: pour le même niveau de salaire au cours de la vie, le cadre qui a fait des études et voit ses revenus augmenter au cours de sa carrière recevra plus que celui qui reste toute sa vie au niveau du Smic". Décidément...
N.B : pour la petite histoire artistique (et pour terminer sur une touche positive !), après avoir essuyé un refus du Kirov qui avait pourtant commandé ce ballet, Prokofiev le proposa au Bolchoï... qui le refusa également, les danseurs déclarant que le ballet était indansable, notamment à cause de la complexité rythmique ! Il dut alors le réécrire et l'adapter avant qu'il ne soit enfin joué, en 1940, au Kirov (chorégraphie de Léonide Lavrovski), et au Bolchoï en 1946. La première représentation de ce ballet avec une chorégraphie du britannique MacMillan se déroula le 9 février 1965 au Royal Ballet avec le couple le plus fameux de l’époque : Margot Fonteyn et Rudolf Noureev. Résultat : quarante minutes d’ovations... A voir absolument en DVD !