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Hier s'est tenu à Bruxelles un sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement de la zone euro sur la Grèce. Il faut dire qu'il y avait le feu au lac puisque la Grèce ne peut toujours pas se financer sur les marchés financiers, sauf à payer des intérêts exorbitants (17,439 % sur 10 ans le 15 juin, contre 2,952 % pour l'Allemagne et 3,333 % pour la France !).
Finalement, après près d'une dizaine d'heures de discussions que l'on peut supposer âpres, les 17 États membres de la zone euro sont parvenus à un accord sur un nouveau plan d’aide à la Grèce d'un montant de 158 milliards d'euros, qui devrait lui permettre de tenir jusqu'à mi-2014. Mais autant le dire tout de suite, ce n'était pas après la conférence de presse de Nicolas Sarkozy que l'on pouvait avoir une chance de comprendre les tenants et aboutissants de ce plan. Visiblement éreinté par les négociations, le Président français a improvisé une allocution où il s'est emmêlé les pinceaux comme en témoigne la vidéo ci-dessous :
Mais le communiqué de presse a suivi et peut être consulté en en PDF cliquant sur l'image ci-dessous :
Il commence par ces quelques mots qui laissent perplexes : "Nous réaffirmons notre attachement à l'euro et sommes résolus à faire tout ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble et celle de ses États membres. Nous réaffirmons également notre détermination à renforcer la convergence, la compétitivité et la gouvernance dans la zone euro". Tout faire pour assurer la stabilité financière ? Quelqu'un pourrait-il me rappeler depuis combien de temps les chefs d'État tergiversent sur la question grecque ? Renforcer la compétitivité ? Décidément certains ont du mal à saisir que la croissance qui pourrait sauver la Grèce viendra essentiellement de la hausse de la productivité et non d'une hausse des exportations. Renforcer la gouvernance ? Est-ce un propos incantatoire ou un voeu pieux ?
Globalement, on oscille donc entre doutes et soulagement, d'autant qu'à ne parler que des divergences au sein du couple franco-allemand, on en oubliait que les Finlandais réclamaient du gouvernement grec qu'il hypothèque des biens publics et que les Néerlandais exigeaient un engagement plus important de la part du secteur financier car les banques néerlandaises ne sont quasiment pas exposées à la dette grecque. Même les banquiers étaient présents au nom de l'impérieuse nécessité de trouver un accord... Qu'en est-il ressorti ? Réponse en quelques mots avec la vidéo ci-dessous :
Donc, pour résumer :
* de vagues propositions pour amender la gouvernance de la zone euro : les dirigeants, ou plus exactement leurs conseillers sherpas, ont compris que le vrai problème de la zone euro est un manque de fédéralisme que je n'ai de cesse de dénoncer.
Enfin, ce plan ne règle en rien non plus la question du défaut de paiement de la Grèce et je me demande bien ce que les agences de notation vont réserver comme sort à ce plan. l'ISDA (Association Internationale des Swaps et Dérivés), qui fait figure de référence pour déterminer s'il s'agit ou non d'un événement de crédit, vient d'annoncer qu'elle allait justement étudier ce plan pour la Grèce. Rappelons que si un événement de crédit devait survenir suite à l'adoption des mesures de ce plan, alors le malade ferait une grosse hémorragie (écoulement de CDS), ce qui amènerait à une crise systémique comme j'en ai brièvement expliqué le mécanisme à la fin de ce billet.
L'Union européenne a par conséquent soigné la souffrance à court terme du malade par de la morphine, en passant à nouveau à côté du bon diagnostic : la Grèce ne fait pas face à un problème d'illiquidité, mais d'insolvabilité ! Comment pourrait-elle rembourser si elle n'a plus de croissance et partant plus de recettes ?