19 décembre 2007
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J'apprends à l'instant que la très vénérable Commission européenne a proposé, mercredi 19 décembre, d'infliger des sanctions progressives à partir de 2012 aux constructeurs automobiles n'atteignant pas leurs objectifs en matière de réduction d'émissions de CO2. Ceci constitue indubitablement un pas en avant vers la responsabilisation de tous dans le domaine écologique. Mais tout en entendant la nouvelle, je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y auraut forcément des grincements de dents dans divers pays de l'Union Européenne. Je pensais notamment à l'Allemagne, le pays de la grosse voiture... Et évidemment, quelques instants plus tard, on apprenait que Bruxelles a proposé de fixer des objectifs différenciés pour chaque constructeur, en fonction du poids des véhicules, pour parvenir à une moyenne de 130 grammes de dioxyde de carbone émis par kilomètre. Ainsi, les contructeurs allemands auront la possibilité de mettre en commun leurs objectifs d'émissions de CO2. Cela permettra à un grand constructeur automobile, moyennant des compensations financières et commerciales, de ne pas trop réduire ses émissions de CO2, en partageant ses objectifs avec un autre constructeur.
Nous y voilà ! D'accord pour sauver la planète, mais pas tout de suite et pas de la même façon pour tous. Alors bien sûr, nous aurons eu droit au traditionnel couplet sur le risque pour l'emploi et l'innovation que représente une telle proposition. Et pour être certain que le peuple comprenne bien que cette mesure ne plaît vraiment pas aux constructeurs, le président de la Fédération allemande des constructeurs a déclaré "qu'avec la proposition actuelle, on ne rend service ni à la protection de l'environnement ni à la raison économique". Bien entendu il fallait traduire : avec de telles sanctions pour sauver notre planète, on ne rend pas service aux constructeurs automobiles qui devront rogner sur leurs marges.
Pour conclure, rappelons tout de même qu'en Europe, les émissions de CO2 du transport routier ont augmenté de 30 % depuis 1990 et représentent maintenant plus du quart des émissions de l'UE, la moitié étant dues aux voitures particulières.
Raphaël DIDIER
19 décembre 2007
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L'ancien conseiller spécial de Mitterrand préside une commission chargée de la "libération de la croissance française" (sic !). Il s'agit d'une commission qui est chargée de trouver la martingale afin que notre pays puisse augmenter sa croissance, i.e la création de richesses d'une année sur l'autre. Composée d'un public varié, cette commission est un grand navire qui compte à son bord des patrons, des économistes (heureusement...), et même des psychiatres ! Au fond, pourquoi pas si cela permet d'en sortir des idées applicables, idées qui doivent être remises à Nicolas Sarkozy le 15 janvier. Mais on commence à s'inquiéter quand Jacques Attali déclare, pour expliquer les freins à la croissance, avoir consulté les psychiatres de son groupe de réflexion pour aboutir à la conclusion que "la France est triste, elle a peur"...
Mais le navire commence à vraiment prendre l'eau lorsqu'on lit les dernières déclarations de Jacques Attali à la presse (Le Journal du Dimanche). Pour faire simple, disons qu'il nous dresse d'abord un lapidaire panorama géopolitique (devrais-je dire realpolitik ?) du monde : les Etats-Unis sont en déclin relatif par rapport à l'Asie et un jour l'Asie sera le centre économique du monde. Pour appuyer son argument, il nous livre le cas de Jim Rogers, ce gestionnaire de fonds américain qui a converti ses actifs en yuans pour aller s'installer en Chine. On s'attend donc au meilleur après avoir lu cela.
Et on n'est pas déçu, puisqu'il nous déclare ensuite que que nous risquons une crise comme celle de 1929. Alors là ce n'est plus une voie d'eau, mais bien un iceberg que nous avons touché. Heureusement, Jacques Attali a des solutions : il est urgent selon lui de réduire les taux directeurs en Europe pour relancer la consommation. Or, toute notre politique de relance actuelle est déjà basée sur la consommation. J'en veux pour preuve les slogans que vous voyez fleurir autour de vous en cette période de Noël : achetez, vous payerez dans 3 mois,... Lorsqu'on sait que l'endettement des ménages atteint des proportions inquiétantes (Fin 2006, la dette des ménages atteint un nouveau record au regard de leur revenu disponible brut, à 68,4 %, après 64,1 % fin 2005), on comprend bien que ce n'est pas là que l'on trouvera la solution à la croissance sauf à vouloir laisser les ménages s'endetter comme en Angleterre où l'endettement moyen est double de chez nous.
Puis, il se lance dans un raisonnement simpliste sur l'inflation et les taux : selon lui, les grands pays (Chine, Inde, Russie,...) qui admettent une inflation de 5 ou 6 % ont une croissance forte et réciproquement. DONC, il faut imiter leur politique monétaire et baisser les taux d'intérêt pour éviter que les gens n'épargnent, même si on prend le risque d'une grande inflation. Or, rappelons au lecteur que ces différences d'inflation entre pays ont largement été étudiées par les économistes et qu'il ne s'agit pas juste de laisser filer l'inflation pour avoir de la croissance ! Une explication souvent avancée pour rendre compte de la différence d'inflation entre pays s'appelle l'effet Balassa-Samuelson : les gains de productivité plus rapides dans les secteurs exposés à la concurrence internationale (essentiellement l'industrie et l'agriculture) vont se transformer en hausses de salaires, tant dans les secteurs exposés que dans le reste de l'économie. Il en résulte une augmentation plus rapide des prix des biens abrités car les gains de productivité sont plus faibles dans ces secteurs que dans ceux des biens exposés, d'où une augmentation du rythme de l'inflation.
J'ai gardé le plus beau pour la fin, car là j'avoue que son propos est aussi sibyllin que les prédictions de l'oracle de Delphes. Je cite : "l'argent placé rapporte plus que l'argent qu'on gagne en travaillant, qui, lui, ne rapporte que 2% en moyenne".
Donc, si avec des idées aussi claires et précises on n'arrive pas à avoir 3 % de croissance l'an prochain, c'est que vraiment on le fait exprès !
Raphaël DIDIER
19 décembre 2007
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15:01
L'économie est pour moi une passion que j'aime à faire partager, notamment lors de mes cours. Néanmoins, l'on ressent vite l'envie d'en dire plus, et c'est la raison d'être de ce blog : je souhaite pouvoir commenter l'actualité économique et politique.
Je vous souhaite donc une bonne lecture et vous remercie d'être venu sur ce blog !
Raphaël DIDIER