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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 11:06

 

potdevin.jpg

 

En ces temps de campagne électorale, s'il y a un thème économique qui semble être oublié c'est bien celui de la corruption. C'est pourquoi, l'ONG Transparency International (TI) a adressé aux candidats à l’élection présidentielle 7 propositions pour renforcer la transparence et l’intégrité de la vie publique. Les premières réponses sont disponibles ici. Les candidats ont jusqu'à la mi-mars pour donner une réponse, puisque TI France rendra public, dans la semaine du 19 mars, un bilan de ces publications. Affaire à suivre donc !

 

Mais au fait, qu'appelle-t-on corruption ? Un site comme la Toupie la définit comme suit : "La corruption est l'utilisation abusive d'un pouvoir reçu par délégation à des fins privées comme l'enrichissement personnel ou d'un tiers (famille, ami...). Elle consiste, pour un agent public, un élu, un médecin, un arbitre sportif, un salarié d'entreprise privée..., de s'abstenir de faire, de faire, de faciliter quelque chose, du fait de sa fonction, en échange d'une promesse, d'un cadeau, d'une somme d'argent, d'avantages divers...". Il s'agit donc autant des dessous de table, des pots de vin, des bakchichs, du favoritisme, des extorsions, de la concussion, etc. Ainsi expliqué, on comprend mieux pourquoi la corruption est un problème très ancien que l'on rencontrait déjà chez Aristote. De nos jours, on distingue en général la corruption active (proposer par exemple de l'argent) de la corruption passive (accepter cet argent).

 

Ce qui rend la corruption très grave, c'est que selon une estimation de la Banque mondiale, entre 2001 et 2002, plus de 1 000 milliards de dollars auraient été détournés en pots-de-vin, soit environ 3 % des échanges de la planète pour cette même période ! Certains illustres dictateurs comme Suharto en Indonésie, Ferdinand Marcos aux Philippines, Mobutu au Zaïre et Abacha au Nigeria, détenant la palme du détournement selon Transparency International qui estime les sommes captées à plusieurs milliards de dollars !

 

L'OCDE a mis en place en 1997 une Convention anti-corruption, qui établit des normes juridiquement contraignantes pour faire face à la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales. Ratifiée par 37 pays, elle s'accompagne également de recommandations et de commentaires qui font désormais partie d'un livret. Il est bon au reste de rappeler que l’OCDE, le Conseil de l’Europe et les Nations Unies ne définissent pas précisément la corruption, mais plutôt les comportements de corruption. C'est ainsi que l'OCDE vient de consacrer une étude à l’identification et à la quantification des produits de la corruption active dans les transactions commerciales internationales, dont les conclusions (payantes) sont disponibles sur son site.

 

Chaque année, Transparency International publie un Indice de Perception de la Corruption (IPC) qui s'étend de 0 (haut niveau de corruption perçu) à 10 (haut niveau d’intégrité perçu), et qui permet de classer 183 pays en fonction de la perception du niveau de corruption affectant leur administration publique et classe politique (cliquer sur la carte pour accéder à la ressource en ligne).  Il est calculé sur la base de données issues de 17 enquêtes portant notamment sur l’application des lois anti-corruption, l’accès à l’information ou encore les conflits d’intérêts. Les limites de la méthodologie font qu'il n'est pas possible de comparer la note d'un pays d’une année sur l’autre.

 

corruption1.jpg

[ Source : Transparency International ]

 

On constate sur cette carte - plus la zone est sombre et plus l'indice de perception de la corruption est élevé - que de nombreux pays obtiennent une note inférieure très faible. Plus précisément, deux tiers des pays évalués obtiennent une note inférieure à 5. En haut du classement on trouve la Nouvelle-Zélande (9,5/10) suivie du Danemark (9,4/10) et de la Finlande (9,4/10), tandis qu'à l'autre extrémité se trouvent la Somalie (01/10) et la Corée du Nord (01/10). La France arrive au 25ème rang avec une note de 07/10, loin derrière l'Allemagne (08/10) et le Luxembourg (08,5/10). On se demande du reste ce qui a bien pu pousser les observateurs internationaux à avoir une image si négative de l’administration et de la politique française... Le classement général peut être consulté ici.

 

Pour finir, il est intéressant de consulter le rapport Système National d’Intégrité qui évalue en quelque sorte le dispositif anti-corruption en France, en analysant les principales institutions jouant un rôle dans la prévention et la lutte contre la corruption : Parlement, gouvernement, Cour des comptes, mais également partis politiques, médias, etc. La conclusion est que les lois existent mais ne sont pas suffisamment appliquées, ce qui semble signifier que la lutte contre la corruption n'est pas une priorité politique. Ah bon, nous n'avons toujours pas une République irréprochable ?

 

 

N.B : la photo de ce billet provient d'un article du site 7sur7.be, qui rappelle que "le montant du pot-de-vin moyen a plus que triplé en Russie en 2011 par rapport à l'année précédente, pour atteindre l'équivalent de près de 6.000 euros, a indiqué vendredi un responsable du ministère de l'Intérieur cité par l'agence Interfax".

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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 12:42

pétrole suicide

 

Il n'aura échappé à personne que les prix des carburants poursuivent leur envolée et battent désormais des records historiques, comme en témoignent les chiffres publiés par la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) à partir des données fournies par les stations-service, et que l'on peut retrouver sur le site suivant :

 

prix-carburants2.jpg

 

[ Source : http://www.prix-carburants.gouv.fr ]

 

En moyenne, le litre de sans plomb 95 s’est vendu la semaine dernière à 1,5787 euro et le litre de sans plomb 98 à 1,6184 euro. Même le gazole, qui représente environ 80 % de la consommation française de carburants automobiles, suit une tendance haussière avec un litre à 1,4180 euro en moyenne.

 

 

 

A ce stade, il faut rappeler comment se forme le prix du litre d'essence. En France, au prix HTT (hors toutes taxes) de l'essence est ajouté une Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) perçue sur les volumes vendus, ainsi qu'une TVA appliquée sur le prix TIPP comprise. On obtient alors le prix TTC de l'essence :

 

carburant-tipp.jpg

 

[ Source : Ouest France  ]

 

Mais comment se forme le prix HTT de l'essence ? Celui-ci dépend essentiellement du cours du baril de pétrole et de la marge des transporteurs, distributeurs et raffineurs. Mais cette dernière, même si elle est en hausse, ne suffit pas à expliquer la hausse des prix actuels des carburants.

 

On en déduit donc que les hausses actuelles TTC que nous connaissons, sont essentiellement liées au cours du baril de pétrole et au taux de change euro/dollar. Pour le dire autrement, le cours du baril est élevé en raison notamment des tensions géopolitiques en Iran et de la baisse de l'euro par rapport au dollar qui renchérit les importations en dollar comme le pétrole.

 

C’est à ce moment qu’apparaissent les propositions populistes consistant soit à réduire les taxes sur l’essence ou à ressusciter la TIPP flottante, soit à bloquer les prix des carburants. Or, le principe de l’incidence fiscale permet de montrer que, sous couvert d’aider les consommateurs, ces baisses de taxes seront captées par les producteurs de pétrole et ne profiteront que très peu aux consommateurs.

 

J'avais exposé ce principe dans une petite vidéo, réalisée lorsque la Maison Blanche envisageait de réduire les taxes sur les carburants durant l'été 2008. Dans le cadre d'un modèle simple (vers la 5e minutes de la vidéo), j'explique pourquoi il n'y a pas grand chose à attendre d'une telle mesure...

 


 

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 10:54

grece_dette_sysiphe.png

 

Le propre de l'idéologie économique mortifère est de justifier une préconisation même lorsque celle-ci conduit manifestement à une catastrophe. C'est le cas en Grèce, où le gouvernement de coalition a mis en place un nouveau plan d'austérité, condition sine qua non réclamée par la troïka (Union européenne, FMI, BCE) pour débloquer des fonds à la Grèce et lui éviter ainsi un défaut de paiement en mars, date à laquelle elle doit rembourser 14,5 milliards d'euros de prêts arrivant à échéance.

 

Bien entendu, le Premier ministre grec, Lucas Papademos, s'est félicité de cette décision arguant que sans cet accord le pays aura plongé dans le "chaos incontrôlé". C'est là précisément que l'on peut dénoter l'idéologie qui préside à ces décisions, car depuis maintenant 3 ans que la Grèce s'impose des plans d'austérité, le résultat est le suivant :

 

croissance-Grece.jpg

[ Source des données : Eurostat ]

 

Chaque année on déclarait que la reprise était en vue, mais rien ne venait... Le pays a donc pratiqué saignée sur saignée, pensant certainement que les médecins-économistes savaient ce qu'il fallait faire pour relancer l'économie. Plus prosaïquement, le gouvernement de Georges Papandréou comme celui de Lucas Papademos ne voyait pas trop comment faire face aux obligations financières de l'État sans le concours de la troïka. C'est ce qui explique que le gouvernement grec a cédé à peu près tout ce qui restait de souveraineté nationale à la troïka, au risque de s'aliéner son propre peuple. Désormais, le FMI estime que la récession devrait se poursuivre jusqu'en 2012, et que la reprise ne viendrait en 2013 qu'à la condition de pratiquer encore plus d'austérité !

 

Celle-ci devrait passer par la suppression de 15 000 emplois dans le secteur public en 2012 et une réduction de 20 % du salaire minimum, le tout mâtiné d'une énième réforme des retraites et assaisonné d'une baisse drastique des dépenses publiques. Lorsqu'on se rappelle que la Grèce a déjà réduit son déficit public de 5 % du PIB depuis 2010, on comprends mieux l'exaspération des citoyens grecs, qui se demandent quels efforts ils peuvent encore faire pour démontrer leur bonne foi à l'Union européenne.

 

Dans ce contexte, rien d'étonnant donc à ce que l'annonce de ces nouvelles mesures d'austérité aient provoqué des protestations, deux grèves générales étant prévues. De manière symbolique, le principal syndicat de police grec a même menacé de réclamer des mandats d'arrêt contre les représentants de la troïka dans le pays, pour avoir cherché à abolir la démocratie et la souveraineté nationale ! Les Grecs ont tous encore en mémoire l'inconcevable proposition allemande visant à placer la Grèce sous tutelle économique de l'Union européenne, remplacée depuis par une idée tout aussi inepte consistant à bloquer sur un compte les intérêts dus par l'État grec ! Le couple Merkozy a-t-il seulement conscience qu'il s'attaque là au dernier pan de la souveraineté nationale de la Grèce, en lui demandant de privilégier d'abord le remboursement de sa dette à la résolution de la grave crise sociale qui traverse depuis lors le pays ?

 

document grèce

 

[ Cliquer sur l'image pour voir la vidéo ]


Disons-le sans ambages : la Grèce fera tôt ou tard défaut sur sa dette, et ce ne sont pas les négociations sur une réduction "volontaire" du montant de la dette publique qui y changera quelque chose. Le pays se trouve en effet dans une situation d'insolvabilité budgétaire et extérieure qui ne peut s'améliorer, même avec une réduction importante de sa dette publique. C'est du reste ce que dit en substance l'agence de notation Standard and Poor's, qui émet des doutes sur la soutenabilité de la dette publique puisque seule une petite composante de la dette subirait la décote de 70 % prévue.

 

L'analyse part du fait que la solvabilité budgétaire est assurée dans le temps lorsque le déficit public est inférieur au produit de l’endettement public et de la croissance en valeur. Sur cette base, et au vu de la faible croissance attendue en Grèce, il faudrait une réduction de plus de 100 points de PIB de la dette publique pour rétablir la solvabilité budgétaire ! En ce qui concerne la solvabilité extérieure, celle-ci est assurée dans le temps si le déficit courant est inférieur au produit de l'endettement extérieur et de la croissance en valeur. Or, l’endettement extérieur de la Grèce s'élevant à environ 190 % du PIB, il faudrait donc une réduction conséquente du déficit courant pour rétablir la solvabilité extérieure. Mais comment demander à un peuple qui commence à manquer du strict nécessaire, de se priver encore du peu qu'il importe ?

 

Lorsqu'on parle de la décote sur la dette publique, d'aucuns s'imaginent un peu trop vite qu'un défaut total sur la dette résoudrait tous les problèmes. Loin s'en faut ! Le problème de l'insolvabilité extérieure dont je viens de parler restera le même, mais se conjuguera cette fois aux dégâts qu'un défaut total ne manquerait pas d'entraîner sur les banques grecques qui ont acheté beaucoup d'obligations d'État. Pour comprendre cela, commençons par examiner la détention de dette publique grecque par les banques des pays de la zone euro :

 

dette-banques.jpg

[ Source : Natixis, flash économie n°108 ]

 

Complétons ces données par un tableau présentant le montant des fonds propres détenus par les banques des pays de la zone euro (cliquer sur le tableau pour agrandir) :

 

dette-banques2.jpg

 

[ Source : Natixis, flash économie n°108 ]

 

Le constat est sans appel : avec 27 milliards d'euros de fonds propres et 54 milliards de titres de la dette publique grecque, les banques grecques peuvent, en cas de défaut total, y laisser plus que leur maillot de bain puisque les pertes pour le système bancaire s'élèveraient donc à 200 % des fonds propres ! Celles-ci feraient donc faillite et il serait nécessaire de les recapitaliser avec des fonds publics probablement, ce qui nuirait aux finances publiques.

 

Néanmoins, cette éventualité serait moins terrifiante si elle était associée à une volonté avérée de reprendre en main les systèmes bancaires et financiers, pour enfin les mettre au service de l'intérêt général. Malheureusement, cette politique économique de croissance pour tous fait défaut à l'heure actuelle. Le poids de l'idéologie néolibérale est si fort, que nombre de décideurs croient encore qu'une fois le pays saigné à blanc, la croissance reviendra comme par enchantement couronner les souffrances et privati(sati-)ons passées. C'est le cas du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui a présenté à Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 un florilège de l'argumentation néolibérale (vidéo disponible ci-dessous) :

 

 

* "Il faut que les Grecs s'aident eux-mêmes" : argument typique de la vulgate néolibérale, qui laisse entendre que chacun est responsable de ses problèmes, oubliant de préciser que la Grèce a déjà perdu sa souveraineté économique et ne fait donc que subir les prescriptions de la troïka.

 

* "Il n'y a pas moyen de faire autrement, on ne se redresse pas sans efforts" : un classique que l'on retrouvait en Argentine ou au Mexique dans les années 1990, et qui est à rapprocher du TINA (There is no alternative) de Margaret Thatcher. Bref, c'est bon pour vous par principe, donc vous appliquez sans réfléchir !


* "La Grèce doit faire comme ont fait d'autres pays qui ont été en difficulté, qui sont parfaitement en ligne avec le programme de redressement qu'ils ont prévu" : Monsieur Noyer est-il certain que l'Irlande et le Portugal se portent désormais mieux, avec respectivement 14,5 % et 13,6 % de taux de chômage en décembre 2011, selon Eurostat (moyenne de 9,9 % au sein de l'UE à 27) ?

 

 

En fait de prospérité, c'est un pays exsangue que ces politiques auront réussi à dé-construire ! Comme le rappelle Michel Aglietta dans un article du Monde, "la première règle d'or est de ne pas réduire précipitamment l'endettement de l'État tant que le secteur privé ne peut pas soutenir l'économie". Concernant la Grèce, il en conclut, au vu des troubles sociaux et politiques que connaît le pays, que "dans les conditions actuelles, la Grèce a presque intérêt à mener ce pari risqué [sortir de l'euro]"...

 

Qui peut en effet croire qu'un peuple qui a connu la dictature politique puisse accepter encore longtemps la tyrannie économique qui débouche sur le chaos social ?

 

N.B : l'image de ce billet provient du site soleilvert


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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 14:04

dette2

 

La question de la dette a gagné en intensité avec la crise, puisque les États de la plupart des économies développées du monde se sont massivement endettés pour relancer la croissance et venir en aide à leur système bancaire : la dette publique des États-Unis a ainsi dépassé 14 000 milliards de dollars début 2011, un niveau inégalé dans l’histoire du pays ! En Europe, suite aux difficultés rencontrées par les économies de la Grèce et de l’Irlande, la question des finances publiques s’est posée avec une acuité particulière, témoignant du rôle important joué par la dette dans la gestion d’un État.

 

J'ai souvent cherché à rendre compte de la dynamique de la dette et de ses implications sur l'économie au travers des billets de mon blog. C'est pourquoi, mon éditeur Ellipses m'a proposé d'écrire un livre qui s'adresserait à tous ceux qui souhaitent comprendre les débats actuels sur la dette. Il pourra ainsi, tout particulièrement, être lu avec profit par les étudiants des classes préparatoires économiques et commerciales, ainsi que ceux cherchant un point d'entrée dans le monde économique ou préparant des concours (IEP, concours administratifs, grandes écoles,…).

 

Ce livre se propose de guider le lecteur dans les méandres de la dette d’un État, en proposant des définitions précises, présentées de manière abordable et illustrées d’exemples, de schémas et de graphiques (41 figures et 19 tableaux). Les points les plus ardus sont amenés progressivement, et tout au long du texte des encadrés ont été insérés pour développer des points précis. Pour une plus grande lisibilité, les idées fortes d’un chapitre sont résumées dans un encart spécial dénommé « à retenir », faisant ainsi de ce livre un outil pratique que l’on peut consulter lorsque l’on cherche un point précis. Parmi les nombreux points traités, on peut citer les suivants :


     * Comment est construit le budget de l’État ?

 

     * Quelles différences y a-t-il entre dette publique, dette extérieure et dette totale ?

 

     * Quelles sont les théories qui rendent compte des effets de l’endettement public ?

 

     * L’endettement a-t-il toujours été utilisé dans l’histoire 

 

     * Comment les États font-ils face au service de la dette ?

 

     * Les États grec et irlandais sont-ils menacés de faillite ?

 

     * La dette publique est-elle un fardeau pour les générations futures ?

 

 

Le Républicain Lorrain vient de consacrer un article à la parution de mon livre :

 

RL-28-Janvier-2012.jpg

 

[ Cliquer  sur l'image pour agrandir ]


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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 13:02

 

TVA sociale23

 

Dimanche soir, le président de la République a affirmé que "que les éléments d'une stabilité financière sont posés", à la faveur bien entendu des excellentes mesures prises par la France, l'Europe et même le G20 ! Bref, la crise serait derrière nous. C'est oublier un peu vite que le feu couve toujours sous les cendres en Grèce, où l'évocation d'une mise sous tutelle budgétaire à manquer de mettre le feu aux poudres, et que les racines du mal perdurent comme le rappelle fort à propos le prix Nobel d'économie Paul Krugman.

 

Mais cette intervention fut surtout un florilège d'approximations et, plus grave, d'erreurs (fautes ?) économiques dont je me devais de rendre compte dans ce billet. Allons-y dans le désordre :

 

* Nicolas Sarkozy semble ne pas apprécier l'expression TVA sociale, au point d'affirmer qu'il ne l'a jamais employée. C'est bien entendu faux comme le prouve l'extrait vidéo ci-dessous. Il est également bon de rappeler que la TVA sociale en Allemagne fut introduite par le gouvernement Merkel et non Schröder comme il semblait le marteler...


 

 

 

* toujours à propos de la TVA sociale, j'avais expliqué dans un précédent billet que les effets d'une telle mesure sont incertains, mais qu'il existe une forte probabilité pour que celle-ci débouche sur de l'inflation, comme ce fut le cas en Allemagne et au Royaume-Uni. C'est du reste la conclusion de la très sérieuse Cour des comptes, qui écrivait à la page 201 de son rapport sur les prélèvements fiscaux et sociaux en France et en Allemagne, citant une étude de la Bundesbank (Deutsche Bundesbank, « Preis- und Mengenwirkungen der Mehrwertsteueranhebung zum 1. Januar 2007 », Monatsbericht, April 2008, p. 31 et suiv.) : "une grande partie de cette augmentation de la TVA a été répercutée dans les prix : selon la banque centrale allemande qui fonde son analyse sur un panier de 40 biens, l'augmentation de 3 points de la TVA aurait contribué pour 2,6 points à la hausse des prix en 2007"

 

* encore une dernière sur la TVA sociale, car celle-ci était déjà plus difficile de repérer la faute de raisonnement. D'un côté Nicolas Sarkozy soutient que la TVA sociale ne provoquera pas d'inflation, mais de l'autre il déclare espérer que l'annonce d'une hausse de TVA déclenchera des achats par anticipation puisque les Français redouteront la hausse des prix. Il faudrait donc que les Français aient confiance en lui lorsqu'il dit que la TVA sociale ne s'accompagnera pas d'une hausse des prix, mais pas trop tout de même pour qu'ils se ruent dans les magasins de peur d'une hausse des prix ! Alors ça c'est du raisonnement économique limpide...

 

 * passablement énervé par les remarques de François Lenglet sur l'échec de la TVA sociale au Royaume-Uni, notre omniprésident a déclaré "qu'il n'y a plus d'industrie au Royaume-Uni". Sauf qu'il devrait jeter un oeil - pas les deux, sinon on ne voit plus rien - du côté de l'INSEE ou même de COE-Rexecode à qui son parti politique fait souvent appel lorsqu'il lui faut du grain à moudre... et si vraiment ça ne suffit pas, il pourra toujours se convaincre de son erreur en visitant le site du MEDEF !

 

* enfin, une dernière pour la route, Nicolas Sarkozy a affirmé d'un ton péremptoire que la France est le pays d'Europe qui a la fiscalité la plus lourde. Il doit pourtant bien exister un conseiller à l'Élysée capable de lui écrire une note pour lui expliquer que c'est faux, quelle que soit la définition retenue : taux de prélèvement obligatoire, dont on ne saurait trop rappeler ses faiblesses, ou analyse globale de la fiscalité en Europe dans le système harmonisé SEC 95.

 

En définitive, la copie rendue par Nicolas Sarkozy est au mieux "à revoir", au pire "en crise"... termes que j'emploie au reste assez fréquemment dans les copies d'économie de mes étudiants, qui eux ne gouvernent pas l'État !


 

N.B : l'image de ce billet provient d'un article de la Croix intitulé La FNSEA soutient le projet de TVA sociale

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 10:16

ancienne television

Le jour de mon passage sur le plateau de l'émission 13 avec vous de France 3 Lorraine, où j'ai pu répondre à quelques questions des internautes sur les agences de notation, je suis également allé au journal de la chaîne locale Mosaïk.

 

12 minutes pour répondre à plusieurs questions sur la perte du triple A et les conséquences possibles, avec en prime un petit lapsus lorsque je dis Madame Sarkozy en lieu et place de Madame Merkel, trop habitué à parler de "Merkozy" lorsque j'ironise sur la situation actuelle au sein de la zone euro !

 

Mosaikaaa.jpg

[ Cliquer sur l'image pour voir la vidéo ]

 

Il est vrai que la politique impulsée par le couple Sarkozy-Merkel (si tant est que l'on puisse qualifier ainsi la multiplication des sommets-de-la-dernière-chance) nous amène tout droit vers le précipice, puisqu'elle ne cherche pas à rompre avec l'idéologie qui nous a amenés à la crise. Même le ministre des affaires étrangères du Luxembourg l'a compris... et le dit en des termes peu diplomatiques dans cet article, qui fait suite à sa lettre ouverte du mois de novembre ! Le résultat est sans appel : dans ses Perspectives économiques mondiales, le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,3 % en 2012, alors que la zone euro sera la seule région du monde en récession !

 

Sur ces entrefaites, certains parlent déjà d'accalmie voire de fin de crise car la perte du triple A de la France n'a pas coulé les marchés financiers. Est-ce réellement un bon indicateur alors que les tractations sur la réduction de la dette en Grèce patinent et que le pays s'achemine vers un énième plan de rigueur ? Quant aux problèmes fondamentaux de la zone euro, faut-il rappeler que le Mécanisme européen de stabilité (MES) n'est toujours pas prêt et que le futur traité à 26, s'il est adopté un jour, ne sera qu'un vaste plan de rigueur européen ?

 

Enfin, et c'est probablement le plus important, l'Organisation internationale du travail (OIT) rappelle que le chômage a désormais tendance à se répandre à grande vitesse dans les pays développés et pire encore que "les capacités de l'économie mondiale à créer de nouveaux emplois ont nettement baissé" !


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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 09:44

ancienne television

 

Suite à la publication de mon billet sur la perte du triple A, j'ai été invité sur le plateau de l'émission 13 avec vous de France 3 Lorraine. J'ai ainsi pu, pendant quelques minutes, répondre aux questions des internautes sur les agences de notation et les conséquences d'une dégradation de la note souveraine d'un État. La vidéo est consultable gratuitement en cliquant sur l'image ci-dessous :

 

France-3-17-janvier-2012.jpg

 

 

A noter que "agence de notation" est une entrée de mon dictionnaire révolté d'économie (cliquer sur l'image pour agrandir) :

 

entrée agences

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 12:10

AAA2.jpg

 

Cette fois les jeux sont faits : la France vient officiellement de perdre sa notation AAA auprès de Standard and Poor's, note qu'elle avait depuis 1975... année depuis laquelle l'État n'a plus voté un seul budget à l’équilibre ! Celle-ci a été abaissée d'un cran, à AA+, avec perspective négative, ce qui laisse envisager une nouvelle dégradation dans les mois à venir... Dans la foulée, l'agence de notation a également soufflé le chaud et surtout le froid en abaissant de deux crans les notes de l'Espagne (A avec perspective négative), de l'Italie (BBB+), du Portugal (BB), de Chypre (BB+), et d'un cran les notes de l'Autriche (AA+), de la Slovénie (A), de la Slovaquie (A+), et de Malte (A-).

 

Seules sont préservées les notes de l'Allemagne (AAA avec perspective stable) et de la Finlande (AAA sous perspective négative). Bref, ce fut l'hécatombe des notations au sein de l'Union européenne ! A l'échelle mondiale, il ne reste désormais plus que 16 États notés AAA sur les 127 suivis par Standard and Poor's. Parmi les heureux notés, on trouve : Singapour, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse, le Danemark, la Suède, l'Australie, l'Ile de Man, Guernesey, Hongkong, le Liechtenstein, le Luxembourg, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande.

 

Un décryptage de la situation s'impose.

 

Qu'est-ce qu'une agence de notation ?

 

Ce sont des sociétés privées dont le métier consiste à apprécier le risque de solvabilité financière d'une entreprise ou d'un État, en donnant une note à la dette émise par ces agents économiques. Plus la note est basse, plus le coût de la dette (les taux d'intérêt) est en général élevé. Standard and Poor's, Moody's et Fitch sont les 3 principales agences de notation et se partagent près de 90 % du marché mondial de la notation.  

 

Peut-on faire confiance aux agence de notation pour noter un État ?

 

Le gros problème de ces agences de notation c'est qu'elles sont privées, c'est-à-dire qu'elles se font payer par exemple par l'entreprise à qui elles doivent donner une note : il y a donc là confusion des genres et même conflit d'intérêt possibles... comme en témoignent les notes AAA qu'elles ont accordées à des produits financiers toxiques et aux subprimes !


Mais dans le cas de quelques grands États dont la France, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les États-Unis, la notation est déclarée "non sollicitée", car le gouvernement ne paye pas pour obtenir ces notes. Néanmoins, le résultat reste le même : chaque variation de la note provoque d'innombrables dégâts sur les marchés financiers, qui se répercutent ensuite tout au long de la chaîne économique de décision pour aboutir à des dégâts politiques et sociaux (plans d'austérité...).

 

Mais surtout, un État n'est pas une entreprise qui pourrait faire faillite ! Bien au contraire, l'État reste une entité souveraine et ne peut donc pas être mis en liquidation judiciaire. De plus, que peut-on attendre de ce système de notation qui, en janvier 2009, dégradait la note de la dette publique portugaise tout en créditant General Electric de la meilleure note AAA ? Cela signifiait aux marchés financiers que General Electric était sans risque à cette époque... mais que le Portugal était un débiteur moins sûr qu'une entreprise privée ! Actuellement, Microsoft et Exxon Mobil sont même mieux notés que l'État américain lui-même...

 

Pourquoi la note semble-t-elle si importante ?

 

A priori, la note des agences de notation étant censée refléter la solvabilité de l'État, plus la note est basse, plus le coût de la dette (les taux d'intérêt) est en général élevé.

 

De plus, une note basse ne permet que très peu de diversifier les sources de fonds (banques, fonds de pension, assureurs, etc.), car certains d'entre-eux n'ont pas le droit légalement d'investir dans des produits financiers mal notés. Ainsi, la perte du triple A peut provoquer en plus hausse des taux d'intérêt à servir sur la dette, une fuite des investisseurs les plus stables comme les fonds de pension.

 

Enfin, le pire est certainement que les réglementations financières et prudentielles ont intégré ces notes dans leurs divers codes, conduisant par exemple la Banque centrale européenne à n'accepter en garantie que des titres ayant une certaine note auprès de Standard and Poor's...

 

Au final, une dégradation de note aura des conséquences sur l'ensemble du système financier, ce qui peut donc en faire un risque systémique !

 

Pourquoi Standard and Poor's a-t-elle dégradé les notes ?

 

Standard & Poor's, dans son communiqué officiel, précise qu'elle a dégradé la note de la France en raison "de l'aggravation des problèmes politiques, financiers et monétaires dans la zone euro à laquelle la France est étroitement liée". Puis elle décerne quelques bons points à notre économie en écrivant que la France continue de "refléter son économie saine, diversifiée et solide dont la main-d'oeuvre est hautement qualifiée et productive", avant de souligner l'endettement public élevé et les rigidités du marché du travail dont on se demande bien avec quelle légitimité elle peut en parler.

 

En ce qui concerne la zone euro, l'agence de notation juge avec sévérité le nouvel accord budgétaire visant à renforcer la discipline au sein de la zone euro, considérant qu'il ne s'agit pas d'une réponse adaptée à la crise que connaît la zone. Pour le dire autrement, Standard and Poor's ne fait pas confiance au tandem Sarkozy-Merkel et ne croît pas à la règle d'or que l'Allemagne souhaite imposer à tous ses partenaires européens.   

 

La fin du triple A va-t-elle conduire à la catastrophe financière en France ?

 

Tout d'abord, plus personne n'était dupe que la France avait déjà perdu son triple A dans les faits, au vu notamment du différentiel de taux (appelé spread dans le jargon) qui existe entre les taux allemands et français. C'est au reste ce que je confirmais au journaliste de TV8 qui m'interrogeait à ce sujet au mois de décembre. 

 

De plus, il faut se souvenir du cas des États-Unis, où la dégradation de la note par Standard & Poor's, de AAA à AA + avec une perspective négative, fut loin de provoquer le cataclysme tant redouté... tout simplement parce que d'une part les marchés l'avaient anticipée et d'autre part les bons du Trésor américain restent très prisés des investisseurs (où voulez-vous que les excédents soient investis ?).

 

Mais qu'en sera-t-il pour la France, sachant qu'en 2012 il lui faudra emprunter 178 milliards d’euros sur les marchés financiers dans le cadre du refinancement de sa dette et de son déficit public ? Les taux d'intérêt sont restés pour l'instant très bas, avec un taux moyen historiquement bas en 2011 de 2,8 %... Mais il faudra certainement s'attendre à une hausse lors des prochaines adjudications d'OAT, ce qui pourrait déboucher sur une dégradation des conditions de crédit offertes par les banques à leurs clients, les prêts immobiliers étant par exemple tributaires des taux longs des OAT.

 

Mais surtout, si l'État français voit sa note dégradée, tous les agents subsouverains, terme jargonneux qui désigne tous ceux qui bénéficient de la garantie implicite de l’Etat, verront leur situation à l'emprunt se dégrader potentiellement. Il en va ainsi des collectivités territoriales, de la Caisse des dépôts et consignations, de l'Unedic, etc. Plus grave encore (sic !), le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui est censé sauver les États en difficulté au sein de la zone euro en empruntant (grâce à la garantie apportée par la France, le Luxembourg, l'Allemagne, l'Autriche, les Pays-Bas et la Finlande) des fonds sur les marchés pour les leur reverser, risque également de perdre la note AAA, après cette dégradation de la France et de l’Autriche. Mais grand prince, Standard and Poor's a déclaré que le FESF pourrait conserver sa note AAA si l'Allemagne et les trois autres États notés AAA augmentaient leur soutien financier, condition qui a une probabilité d'occurence à court terme aussi élevée que la création d'eurobonds...  

 

Que peut-on faire pour réduire le poids des agences de notation ?

 

Tous les États ont affirmé vouloir réduire l'influence des agences de notation, Bruxelles ayant même cherché à créer - sans succès - plus de concurrence entre elles afin de diminuer la probabilité d’une dégradation de la note d'un État. La Commission européenne avait également souhaité - sans succès - suspendre la notation d’un pays aidé par la troïka (FMI, BCE et Union européenne) pour ne pas le déstabiliser davantage. Enfin, la proposition de Michel Barnier de créer une agence de notation publique au sein de l'Union européenne a été loin de faire l'unanimité et fut passée à la trappe aussi rapidement qu'elle émergea.


 

En définitive, l'Europe est à mon sens victime de son idéologie ultralibérale, qui se traduit dans les traités et en particulier dans le récent accord conclu sans le Royaume-Uni. Dorénavant, ce non-événement économique de la perte du triple A restera dans les annales de l'économie comme la preuve qu'une politique économique basée uniquement sur le maintien d'une note conduit à des catastrophes sociales (austérité, grèves, manifestations, mouvement des indignés, etc.) et dessert au final la souveraineté politique !

 

Quant à François Fillon, son discours où il s'évertue à expliquer que  "c'est une alerte qui ne doit pas être dramatisée, pas plus que sous-estimée", il faudrait lui rappeler que c'est pourtant son gouvernement qui n'a cessé de faire de l'austérité (réforme des retraites, règle d'or, plans de rigueur, TVA sociale, ...) dans le but avoué de conserver le triple A :

 

 


Sarkozy explique l'importance du triple A par lefigaro

 

 

N.B : l'image de ce billet provient du site de la RTBF 


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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 10:45

 

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Après l'évocation d'une TVA sociale, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il souhaitait mettre en place une taxe sur les transactions financières, quitte à faire cavalier seul si les autres États membres de l'Union européenne ne le suivaient pas. Cette déclaration n'a bien entendu pas manqué de provoquer des réactions sinon virulentes au moins crispées. Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (le gendarme de la Bourse qui n'a pas vu venir la crise...) considère, quant à lui, qu'il s'agit d'une " bonne idée sur le fond, et en premier lieu d'un point de vue moral".

 

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[ Cliquer sur l'image pour voir la vidéo ]

 

 

Pour l'anecdote, souvenez-vous de ce débat télévisé en 1999, où un certain Nicolas Sarkozy considérait une telle taxe sur les transactions financière comme une "absurdité" :

 

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[ Cliquer sur l'image pour voir la vidéo ]


Que faut-il donc en penser ? Décryptage !

 

De quoi s'agit-il ?

 

En 1972, un économiste américain nommé James Tobin (prix Nobel d'économie en 1981) proposait de taxer les transactions financières à hauteur de 0,05 % (maximum 0,2 %) par mouvement financier, dans le but de lutter contre la spéculation. Il préconisait que les fonds récoltés par les Banques centrales grâce à cette taxe soient redistribués aux pays du tiers monde pour assurer leur développement. Mais ne faisons pas de contresens, James Tobin s'est toujours déclaré favorable au libre-échange et n'a jamais été un altermondialiste, comme il l'a dit lui-même dans une interview donnée à Spiegel en 2001.

 

Depuis, la taxe Tobin a surtout fait parler d'elle avec la création de l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne, ATTAC, qui milite pour sa création.

 

Quel est le principe de cette taxe ?

 

L'idée est qu'une taxe bien calibrée sur les transactions financières internationales pourrait "jeter quelques grains de sable dans les rouages de la finance internationale", selon les propres mots de James Tobin. En clair, on espère que cette taxe limitera les mouvements spéculatifs et donc stabilisera le système financier dans son ensemble. Pour mémoire, il s'échange chaque jour plus de 4 000 milliards de dollars sur le marché des changes et le marché des produits dérivés à explosé depuis une décennie !

 

En 2011, suite à une proposition faite lors d'un G20, la Commission européenne avance le projet d'une taxe sur les transactions financières, qui s’appliquerait à partir de 2014 et servirait essentiellement à alimenter le futur budget de l’Union européenne. Les actions et des obligations seraient taxées à 0,1 %, tandis que les produits dérivés le seraient à 0,01 %. Cette taxation devrait ainsi rapporter environ 50 milliards d'euros par an, qui abonderait soit le budget européen, soit le fonds de stabilité financière (FESF). Peut-être restera-t-il un petit epsilon pour l'aide au développement... Mais cette taxe pourrait aussi lutter efficacement contre le trading à haute fréquence, qui représente aujourd'hui plus de la moitié des transactions financières et qui crée de l'instabilité sur les marchés financiers.

 

Quelles seront les difficultés rencontrées pour mettre en place une telle taxe ?

 

Premièrement, comme la plupart des transactions financières passent par une banque, il y a fort à parier que les frais bancaires augmenteront, les banques s'arrangeant pour en faire payer une partie à leurs clients.

 

De plus, si le taux de la taxe est trop élevé, elle risque alors de décourager les investissements productifs à l'étranger puisque les actions et obligations sont également concernées. Il s'agit donc de bien calibrer celle-ci afin qu'elle ne limite que les transactions effectuées à court terme par les spéculateurs. Il ne s'agit donc pas non plus de rétablir l'impôt de bourse qu'on a connu jusqu'en 2008, et qui ne touchait que les actions pour faire simple. Cela ne correspond pas à l'esprit de la taxe Tobin qui préconisait de taxer toutes les transactions financières internationales. Or, il ne sera pas facile de taxer les transactions sur produits dérivés effectuées de gré à gré et qui échappent donc souvent à toute traçabilité.

 

Bien entendu, le principal problème évoqué est celui de la coordination internationale. Même si je ne nie pas l'effet d'entraînement possible si la France appliquait seule cette taxe, il ne faut perdre de vue que les pays qui ne l'appliqueront pas se feront un plaisir d'accueillir les capitaux spéculatifs du marché des changes et des produits dérivés. On se souvient du précédent de la Suède, qui avait mis en place une telle taxe en 1984 et qui avait dû faire face à une fuite des capitaux vers Londres et New York. Il est donc indispensable que cette taxe s'applique au moins aux grands pays de l'Union européenne sur tous les marchés de capitaux (changes, dérivés,...), ce qui pourrait avoir raison des réticences qu'ont les États-Unis et la Chine.

 

Enfin, par construction, si la taxe Tobin fonctionnait de manière efficace, elle découragerait suffisamment  les mouvements spéculatifs pour que son produit soit nul et ne puisse plus dès lors servir l'objectif qu'on s'était fixé (abondement du budget européen, aide au développement, etc.).


 

En définitive, je suis clairement pour une telle taxation qui est à mon sens légitime, mais celle-ci ne pourra atteindre ses objectifs qu'à la condition d'être appliquée par plusieurs grands pays qui se coordonneront. Or, au vu du nombre de sommets-européens-de-la-dernière-chance qui n'ont servi à rien, on peut douter de la capacité des Européens à s'entendre sur un programme commun à court terme...


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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 14:10

 

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L'idée d'une TVA sociale avait fait du bruit dans le Landerneau politique en 2007, avant d'être très vite abandonnée suite à son effet supposé sur les résultats des élections législatives. Aujourd'hui, elle revient en force avec cette annonce du Président de la République lors de ses voeux pour 2012 : "le financement de la protection sociale ne peut plus reposer principalement sur le travail, si facilement délocalisable. Il faut alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main-d'oeuvre à bon marché". Parée désormais de toutes les vertus, la TVA sociale serait-elle LA réponse efficace à la perte de compétitivité des entreprises françaises ? Rien n'est moins sûr comme nous allons le voir et comme je l'avais écrit à l'entrée TVA sociale de mon dictionnaire révolté d'économie...

 

De quoi s'agit-il ?

 

La TVA sociale consiste à basculer sur la TVA une partie des cotisations sociales patronales, de sorte que la TVA augmenterait et le coût du travail baisserait. Ce mécanisme, qui s'apparente juste à un autre mode de financement de la Sécurité sociale, ne change a priori rien pour les finances publiques. Mais tout l'intérêt de ce dispositif résiderait théoriquement dans le gain de compétitivité que pourrait en tirer les entreprises françaises : en effet, le prix hors taxe (HT) des produits fabriqués en France baisserait à la faveur de la diminution des charges patronales, tandis que les produits venant de l'étranger subiraient la hausse de la TVA sans bénéficier de la baisse des cotisations sociales.

 

En d'autres termes, les entreprises françaises vendraient leurs produits en France au même prix, puisque la hausse de TVA pourrait compenser la baisse des cotisations sociales, tandis que les produits importés se renchériraient . D'où l'appellation politique de TVA anti-délocalisation, capable de donner un avantage compétitif aux entreprises présentes sur le territoire français. Et les politiques de nous rappeler que c'est précisément ce qu'avait fait l'Allemagne en 2007, en augmentant de 3 points son taux de TVA en contrepartie d'une baisse promise des cotisations sociales.

 

Une arme anti-délocalisation ?

 

Qui peut encore raisonnablement penser que le coût du travail en France pourra un jour s'aligner sur celui de la Chine ? Ce dont les entreprises françaises ont besoin est surtout d'améliorer la compétitivité hors prix, et sur ce point une TVA sociale ne peut que jouer un rôle négatif sur les entreprises françaises qui risquent de se contenter de jouer sur la compétitivité prix.

 

La TVA sociale permettra-t-elle de résorber la balance commerciale ?

 

Le rôle joué par les préférences individuelles est dans ce cas prépondérant : si les Français veulent un produit importé, ils l'achèteront parce que la marque leur plaît, parce que la couleur est plus belle, parce que le design est grandiose, parce que c'est un bijou de technologie, etc. sans que la question du prix soit le critère décisif ! Ce n'est que sur certains produits, tout au plus, que l'on peut s'attendre à une baisse des importations. Cela dépend donc de ce qu'en économie on appelle l'élasticité-prix de la demande de produits importés.

 

Au final, l'effet de la TVA sociale ne se pas forcément très net macroéconomiquement...mais peut permettre de gagner des parts de marché au détriment de nos voisins européens, à l’image du jeu non coopératif (et totalement suicidaire pour la zone euro) pratiqué par l‘Allemagne et dont j'ai souvent parlé sur ce blog.

 

Enfin, il serait bon de se souvenir que nous sommes dans un système de changes flottants, ce qui implique que les effets positifs attendus d’une TVA sociale peuvent être très rapidement annulés par une simple fluctuation défavorable des taux de change : ainsi si l’euro s’apprécie face au dollar, les exportations françaises vers les États-Unis se renchériront, annulant l’avantage compétitif acquis grâce à la TVA sociale ! Tout ça pour ça pourrait-on être tenté de conclure...

 

Si la TVA augmente, les prix augmenteront-ils ?

 

Sur ce point aussi, rien n'est évident. Pour que le mécanisme économique de la TVA sociale fonctionne (basculer une partie des cotisations sociales patronales sur la TVA), il faut que les entreprises françaises répercutent la baisse des cotisations sociales sur leurs prix hors taxes. Or, sur ce point, la baisse de TVA dans la restauration a surtout prouvé que l'État était disposé à faire des cadeaux fiscaux aux corporations, puisque cela ne s'est traduit ni par les créations d'emplois espérés, ni par des baisses substantielles de prix sur la carte !

 

Si certaines entreprises décident en ces temps de crise de reconstituer leurs marges plutôt que de baisser leurs prix, le résultat sera inévitablement de l'inflation et une baisse du pouvoir d'achat, déjà bien malmené, ce qui aurait un impact non négligeable sur la croissance qui est tirée en France par la consommation ! Faut-il aussi rappeler que la TVA étant une taxe payée par tous les consommateurs au même taux, toute hausse touchera davantage les ménages les plus modestes qui dépensent une plus grande partie de leur revenu que les riches ? Peut-être inventera-t-on alors un bouclier fiscal pour les gens modestes...

 

 

En définitive, la TVA sociale (qu'elle s'appelle TVA travail, TVA anti-délocalisation, TVA compétitivité ou TVA superriendutout) n'est qu'une annonce politique faite par des politiques à court d'idées dans la lutte contre la crise et le chômage ! Quant à ceux qui seraient tentés de croire que le dispositif a donné satisfaction en Allemagne, ce document de Natixis montre que "la TVA sociale de 2007 a plus servi à rembourser la dette qu’à faire baisser les charges sociales. La baisse des coûts du travail hors salaire provient moins de celle des cotisations que de l’abandon pur et simple du modèle social allemand avec le développement de contrats de travail précaire cautionnés par l’Etat". Si même une banque le dit...

 

N.B : l'image de ce billet provient du site EcoInter View


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