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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 10:57

 

  charge_lula_moeda_fmi.jpg

 

De nombreux médias ne cessent de claironner depuis quelques heures que le FMI vient d'effectuer une véritable révolution en interne, le conseil d'administration du Fonds monétaire international ayant adopté vendredi une réforme en deux points. Premièrement, le FMI a doublé son capital à 750 milliards de dollars (capital que l'on appelle quotes-parts dans le jargon du FMI et qui représentent les contributions des 187 États membres)... tant il paraît évident que les crises vont se multiplier dans les mois à venir ! Ensuite, la répartition de ces quotes-parts - qui donnent des droits de vote au sein du FMI à raison d'une règle capitalo-capitaliste (1 dollar = 1 voix) - a été revue afin de donner aux pays émergents une place conforme à leur poids économique et dès lors tenter de faire oublier que le FMI appartient aux pays riches... l'ambition ultime étant de faire du FMI le reflet économique du G20.

 

Si des avancées sont à noter (rectification de la surreprésentation européenne au FMI, fin du droit statutaire à être représenté au conseil d'administration pour les 5 pays les plus riches,...), il n'en demeure pas moins que le FMI reste la chose des pays riches. Il suffit pour s'en convaincre de regarder le graphique ci-dessous que j'ai construit à partir des données du FMI, et qui présente la répartition des droits de vote avant et après la réforme adoptée à Singapour ce vendredi :

 

 

vote-FMI.JPG

 

[Source des données : communiqué de presse n° 10/418 du FMI]

 

 

Au final, les États riches représenteront toujours encore 55,3 % des droits de vote, contre 60,6 % auparavant. Mais surtout, les États-Unis ont sauvé leur droit de veto qu'ils ont de facto sur les décisions prises par le FMI. En effet, les décisions les plus importantes nécessitent 85 % des voix... or, les États-Unis concentrent à elles-seules près de 17 % des droits de vote !

 

Par conséquent, bien que Dominique Strauss-Kahn se vante d'avoir réussi "la réforme la plus fondamentale de la gouvernance du FMI depuis sa création il y a 65 ans", celle-ci reste de faible envergure si les États-Unis gardent une telle possibilité de regard sur les décisions qui y sont prises. De plus, avant de s'appliquer, cette réforme devra être approuvée par l'ensemble des 187 pays membres. Autant dire que ce n'est pas pour tout de suite... d'autant que le FMI a très mauvaise presse tant ses interventions passées furent de véritables saignées pour les économies à qui on administrait des plans d'ajustement structurel d'inspiration néolibérale (voir par exemple cet article ou bien celui-là, et surtout l'excellent livre de Joseph Stiglitz qui dénonce ces pratiques des pays riches pour les pays riches).

 

 

N.B : Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, a estimé que la réforme injuste des retraites que la France vient de mener est substantielle, tout en admettant qu'elle ne suffirait probablement pas. Venant du FMI, c'est toujours un plaisir d'entendre de tels propos...

 

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 13:44

 

voting-booths-usa1.jpg

 

Projection des sièges au Sénat et à la Chambre des représentants aux États-Unis, après les élections à mi-mandat d'hier : franche majorité à la Chambre des représentants pour le Parti republicain, courte majorité pour le Parti démocrate au Sénat. Cliquez sur le graphique ci-dessous pour l'agrandir :

 

 

projections-de-sieges-au-senat-et-a-la.gif

 

                                [Source : Le Monde.fr]

 

Essayez donc de gouverner dans ces conditions où les blocages législatifs vont être légions et que les journalistes qualifient déjà de "gridlock" (impasse)...

 

Qui a dit que le Président des États-Unis était l'homme le plus puissant du monde ?

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 10:45

 

retraites22.jpg

 

Après m'être exprimé sur mon blog à plusieurs reprises sur la réforme des retraites en France et en avoir analysé les tenants et aboutissants, j'ai été contacté par une journaliste du Républicain Lorrain qui souhaitait m'entretenir à ce sujet. Le résultat est composé de beaucoup d'économie et d'un zeste de politique, l'économie étant par nature politique, ce que certains semblent encore ignorer lorsqu'ils prétendent qu'il existerait une science économique capable de fournir des réponses immuables et valables dans tous les pays (je vous conseille de lire cet excellent article de Bernard Guerrien pour vous en convaincre). 

 

Voici ci-dessous une copie de l'article paru dans le Républicain Lorrain du jeudi 28 octobre, c'est-à-dire le jour de la grève ! Vous remarquerez, avec une pointe d'humour certainement non voulue, la publicité pour une société de pompes funèbres juste en dessous de mon article...

 

 

RL 28 octobre 2010

 

                   [ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

 

 

N.B : l'illustration de ce billet a été trouvée sur le site du NPA des Hautes Alpes à l'adresse suivante http://www.npa05.ouvaton.org/node/10. Je la trouve fort à propos et on pourrait l'utiliser pour l'ensemble des pays de l'Union européennne, notamment la Grèce où les retraités ont été nombreux à dénoncer les mesures prises par leur gouvernement suite à la crise connue par leur économie... et qui n'est toujours pas finie !

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 12:45

 

  burghof-20vue-20d-en-20haut.jpg

 

Après mes derniers billets consacrés à la réforme injuste des retraites, je tenais à reparler un peu de l'atelier d'aide aux devoirs que j'anime à l'Université Populaire Transfrontalière (UPT) de Forbach. J'avais déjà eu l'occasion d'en faire une présentation au mois de septembre, et la semaine dernière c'est la chaîne de télévision locale TV8 qui nous a consacré un petit reportage. La vidéo est consultable jusqu'à jeudi soir, en cliquant sur l'image ci-dessous :

 

TV8-22-ocotbre-2010.jpg

 

 

Pour rappel, il s'agit d'un atelier d’aide aux devoirs pour les collégiens et lycéens de la ville de Forbach, qui ne coûte aux élèves que 6 € par an ! Le dispositif est mis en place par l'Université Populaire Transfrontalière de Forbach (UPT), en partenariat avec la Mairie de Forbach, le DRE et le CUCS. Notre équipe est constituée de formateurs motivés et compétents, dont le nombre peut varier en fonction des élèves inscrits. Les séances se déroulent dans la salle Bruxelles du Burghof, chaque semaine, les mercredis et vendredis de 17h15 à 19h15. Les élèves peuvent arriver jusqu'à 17h30 au plus tard, et s'en aller à partir de 19h pour prendre les transports en commun.

 

Pour s'inscrire (avant la fin du mois d'octobre !), il suffit de se présenter au bureau de l’UPT -ouvert même pendant les congés scolaires - situé au Burghof , muni impérativement d’une photo d’identité récente.

 

 

Université Populaire Transfrontalière de Forbach (UPT)

15 rue du Parc

57600 Forbach

( : 03 87 84 59 67

Email : upt.vhs@wanadoo.fr

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 13:24

 

  le_meilleur1.jpg

 

Suite à mon dernier billet sur l'injustice de la réforme des retraites, je me devais de le compléter puisque le Premier ministre était dimanche dernier l'invité du journal télévisé de TF1, où il s'est exprimé sur la réforme des retraites. 12 minutes de florilège disponible ci-dessous :

 

 

On retiendra surtout les propos suivants : "on est bout du système. [...] Si on revient sur la question des 62 ans, on ne paye plus la retraite des Français". Ah bon ? Ce n'est pourtant pas ce que disait le chef de l'État lorsqu'il n'était encore que candidat à l'élection présidentielle :

 

 

 

 

Et si cette réforme n'était qu'un moyen pour l'État de se désengager - sous couvert de catastrophisme - du système de retraite par répartition, au profit par exemple de certains grands groupes de retraite complémentaire privée qui rêvent de s'enrichir grâce à un système de retraites par capitalisation, dont nombre d'Américains et de Britanniques maudissent l'existence ? L'hypothèse prend corps depuis que Mediapart, le site d’information créé par Edwy Plenel, a affirmé que le groupe Malakoff Médéric s'était allié à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et à la Caisse nationale de prévoyance (CNP), dans le but avoué de devenir un acteur majeur de la retraite complémentaire privée au début de l'année prochaine...

 

Petite précision d'une importance capitale dans le cas d'espèce : le Délégué général de Malakoff Médéric est un certain... Guillaume Sarkozy, frère de notre omniprésident ! Le Nouvel Obs a depuis repris cette information que vous pouvait consulter sur leur site.

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 10:57

 

  retraite-humour3.jpg

 

 

J'ai souvent eu l'occasion de m'exprimer ces derniers temps sur la réforme des retraites dans notre pays (voir mes billets et les commentaires liés suivants : café économique sur les retraitesréforme des retraites, coup d'envi des hostilités, retraite : le serpent de mer politique) Les mots que j'ai le plus souvent employés sont injuste, limitée, sans envergure, partielle, partiale, hors sujet. En effet, que n'ai-je entendu dire qu'il fallait travailler plus longtemps de manière uniforme puisque de toute façon notre espérance de vie augmente. Or, c'est là le plus mauvais indicateur qu'il soit ! En effet, nul n'ignore qu'il existe de grandes disparités entre l'espérance de vie d'un ouvrier de chantier et celle d'un cadre d'une part, et que la question n'est pas tant de vivre longtemps que de vivre en bonne santé... d'où l'idée de développer un indicateur alternatif baptisé par l'OMS "espérance de vie en bonne santé" (que l'INSEE appelle aussi années de vie en bonne santé, AVBS, ou espérance de vie sans incapacité, EVSI), qui représente le nombre d'années en bonne santé qu'une personne peut s'attendre à vivre à la naissance, une bonne santé étant définie par l'absence de limitations d'activités dans les gestes de la vie quotidienne et l'absence d'incapacités.

 

Selon les derniers chiffres fournis par Eurostat, et présentés sur le site de l'INSEE, l'espérance de vie en bonne santé à la naissance est estimée à 64,2 ans pour les femmes et 63,1 ans pour les hommes. Ainsi, un départ à la retraite pour tous les salariés à 62 ans signifierait-il que nombre d'entre-eux ne profiteront jamais de leur retraite, car la maladie les en empêchera. Comment a évolué cette espérance de vie en bonne santé à la naissance entre 1995 et 2003 ? Y a-t-il parallélisme avec l'Allemagne dont on ne cesse de vanter son courage à réformer ? Réponse sur le graphique ci-dessous que j'ai construit sur la base des chiffres collectés par Eurostat en 2009 pour les 27 pays membres de l'Union européenne :

 

 

                Années de vie en bonne santé à la naissance (AVBS) pour un homme (cliquer pour agrandir)

esperance-de-vie.JPG

 

                      [ Source des données : Eurostat ]

 

Il ressort de ce graphique qu'entre 1995 et 2007, l'espérance de vie en bonne santé à la naissance, en France, a augmenté pour les hommes (comme pour les femmes d'ailleurs). Néanmoins, on notera une évolution certes plus accélérée depuis 2003, mais qui ne doit pas faire oublier que l'on parle ici de tous les salariés, quelle que soit leur catégorie socio-professionnelle. L'Ined s'était penché sur la question dans le numéro 441 de sa revue Population et société (janvier 2008). Elle concluait que, en 2003 chez les hommes, l’espérance de vie totale à 35 ans pour les cadres est de 47 ans, contre seulement 41 ans pour les ouvriers. Mais plus alarmant, l’espérance de vie en bonne santé à 35 ans des cadres est de 34 ans, contre 24 ans chez les ouvriers, soit un écart de 10 ans !

 

Pour en revenir à l'Allemagne, dont on ne cesse de rappeler que l'âge légal de départ à la retraite pourrait un jour passer à 67 ans, on peut se demander en voyant ce graphique quel espoir a encore un salarié allemand de profiter de sa retraite, sachant que espérance de vie en bonne santé à la naissance est d'environ 59 ans...

 

Cette réforme est donc injuste, car elle tend à négliger - voire à ignorer - cette disparité des catégories socio-professionnelles, en ne communiquant que sur la valeur moyenne qu'est l'espérance de vie totale à la naissance. La publication de l'INED citée précédemment titrait à juste titre "La double peine des ouvriers : plus d'années d'incapacité au sein d'une vie plus courte" ! Ainsi, sauf à vouloir financer les caisses de retraite avec des gens en mauvaise santé, l'allongement de l'âge de départ en retraite n'apporte pas la solution attendue. Il aurait fallu remettre à plat l'ensemble du système pour en analyser les disparités et les traiter à part.

 

Pourquoi ne pas réfléchir avec les entreprises à des aménagements de poste (lire cet excellent article d'un médecin du travail sur l'usure prématurée des corps) ou à des système de compagnonnage (dans la novlangue on parlerait de "coaching") ? Peut-être parce que par-delà les beaux discours, les entreprises préfèrent ne suivre que des indicateurs de coût court-termistes, et donc substituer à des salariés expérimentés (par le jeu de préretraites, de départs négociés,...) des stagiaires et des contrats en alternance qui reviennent moins cher et qui sont malléables ? Ceci au détriment de la pérennisation de l'entreprise, puisque la théorie et la pratique économiques montrent  qu'une réelle formation des plus jeunes par ceux qui connaissent le travail est un investissement à long terme favorable à la croissance de l'entreprise, et ce faisant favorable à la croissance de l'économie française. C'eût été peut-être cela le vrai courage politique : moins de clientélisme et plus de réformes tenant compte de la réalité vécue par les salariés. Mais comment être informé de celle-ci lorsque le fonctionnement de la médecine du travail est amendé au milieu d'un texte sur la réforme des retraites, de sorte que le médecin du travail cesse d'être le protecteur des salariés. En effet, l'amendement 730 au projet de loi sur les retraites supprime l'obligation du recours à un médecin du travail pour surveiller la santé des salariés, en lui substituant une "équipe pluridisciplinaire" composée d'infirmiers, de techniciens ou de consultants... Passerait-on de la protection du salarié à la protection de l'entreprise ?

 

Au fait, on en est où de la réforme du régime de retraite des parlementaires, puisqu'il paraît que nous devons tous mettre la main à la pâte ?

 

 

N.B : le prix Nobel d'économie Maurice Allais (un français !) est décédé il y a quelques jours à l'âge de 99 ans. Bien que proche de l'école néoclassique, il refusait le libéralisme sauvage et avait notamment dénoncé cette mondialisation qui "ne peut qu'engendrer partout instabilité, chômage, injustices, désordres et misères de toutes sortes". C'est aussi lui qui avait appelé à voter ontre le Traité constitutionnel européen en 2005, rappelant au cours d'un interview donné au journal l'Humanité en mai 2005, que "l'application inconsidérée de l'article 110 du traité de Rome, à partir de 1974, par l'organisation de Bruxelles, a conduit à une destruction de la croissance de l'économie française, à un chômage massif sans précédent, et aux difficultés insurmontables dans lesquelles nous nous débattons aujourd'hui". A méditer !

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 10:22

 

  foot_euros220.jpg

 

Lorsqu'on parle des secteurs touchés par la crise, on oublie toujours que dans certains pays le football est devenu une véritable industrie lourde en termes de capitaux. En témoigne le classement des 20 clubs les plus riches du monde, réalisé chaque année par le cabinet Deloitte. En 2009, pour la cinquième année consécutive, le Real Madrid était le club le plus riche du monde avec plus de 400 millions d'euros de revenus ! Viennent ensuite le FC Barcelone avec 365,9 millions d'euros, Manchester United avec 327 millions d'euros, Bayern Munich, puis Arsenal, Chelsea et Liverpool, l'Olympique lyonnais n'étant que treizième avec 139,6 millions d'euros... Le TOP20 des clubs de football les plus riches est résumé sur ce graphique issu de l'étude faite par Deloitte :

 

  club-foot.jpg

 

[ Source : Le Figaro.fr, graphique réalisé à partir de l'étude du cabinet Deloitte ]

 

 

En examinant plus en détail la ventilation des revenus, on s'aperçoit que les droits télévisuels sont devenus la principale source d'argent frais pour les clubs : 160 millions d'euros pour le seul real Madrid, 68 millions pour l'Olympique lyonnais (à comparer aux 22,4 millions de la billetterie pour l'OL...), plus de 600 millions d'euros par an pour les championnats français (soit 58 % des recettes des clubs). Mais tous ces revenus cachent mal l'endettement excessif de la plupart des clubs. Ainsi, on découvrait par la bouche même du président de la Fédération anglaise, que la dette cumulée de Manchester United, Arsenal, Chelsea et Liverpool atteignait 1,3 milliard d'euros, c'est-à-dire un tiers de la dette totale des clubs anglais ! Ceci n'étant que le résultat d'un "marché" du joueur où les transactions atteignent des sommes stratosphériques (94 millions d'euros pour le transfert de Ronaldo), à l'image des salaires ! D'ailleurs, pour les rémunérations, toute la palette des possibles a déjà été exploitée : contrats négociés par des agents, petits arrangements en tout genre, rémunération liée au contrat de transfert (on pense à Laurent Blanc, l'actuel sélectionneur de l'Équipe de France, qui lors de son transfert du FC Barcelone à l'Olympique de Marseille s'était vu attribué un complément de rémunération prélevé sur les 2,5 millions de dollars du transfert), etc.

 

Où trouver alors de l'argent pour continuer dans cette spirale du sport-spectacle hors de prix ? Sur les marchés financiers bien sûr ! L'Angleterre reste à ce titre le modèle le plus abouti de football financiarisé, la majorité de ses clubs étant cotés en Bourse. En France, seul l'Olympique lyonnais s'est pour l'instant frotté à la Bourse depuis 2007. On se souvient encore de Jean-Michel Aulas, président du club, qui expliquait aux plus réticents que c'était "une entreprise de divertissement sportif" que l'on introduisait en Bourse. Subtile nuance pour justifier qu'OL Groupe (structure qui chapeaute le club) désirait de la sorte trouver le financement pour un nouveau stade (OL Land) de 60 000 places... qui n'a toujours pas encore vu le jour ! Mais il est vrai qu'au niveau financier, OL Groupe joue plutôt en défense en annonçant une perte nette de plus de 35 millions d'euros sur l'exercice 2009-2010. Et comme pour la plupart des titres cotés en Bourse, une telle annonce s'est répercutée sur le cours de l'action qui chuta de 3,19 % entre le 4 et le 8 octobre.

 

L'absurdité avec ces introductions en Bourse, c'est évidemment - au-delà du côté immoral de financiariser un sport - qu'il est quasiment impossible d'estimer les flux futurs comme pour une entreprise productive. Car au fond, le bilan d'un club tient surtout à son palmarès sportif qui, même avec les meilleurs joueurs de la planète, peut être mauvais : une élimination en coupe d'Europe, et c'est tout le bilan sportif et financier qui est impacté ! A défaut de pouvoir renégocier les droits de retransmission à la hausse (on peut lire ici un article de la DGCCRF qui rappelle la délicate procédure d'appel d'offre, et là un autre rappelant que Canal + ne veut pas jouer aux pourvoyeur exclusif de fonds), il ne reste alors plus qu'à se rabattre sur les transferts de joueurs dont les clubs espèrent tirer profit. Certains parlent déjà de plus-value sur vente de joueurs, Yoann Gourcuff étant présenté comme une "opportunité sportive et marketing" ! Même le sponsoring des entreprises ne fait plus recette, puisque la crise tend à rompre de plus en plus de partenariat. L'Eldorado du football se situe alors très certainement en Angleterre pour les moyens financiers (les milliardaires propriétaires de clubs n'hésitent pas à renflouer par dizaines de millions) et en Espagne pour l'absence de régulation (les clubs peuvent acheter à crédit, vendre des pelouses qui deviennent constructibles, et même faire appel à l'État pour effacer l'ardoise sociale et fiscale des clubs).

 

Pour lutter contre ses dérives, Michel Platini a fait adopter par l'UEFA le principe du "fair-play financier", qui vise à freiner l'inflation des dépenses engagées par les clubs. L'objectif est de contraindre les clubs à ne plus vivre au-dessus de leurs moyens, car selon une étude de l'UEFA, près de la moitié des clubs européens sont déficitaires, et un club sur cinq est dans une situation financière préoccupante. Mais cela permettra aussi de relancer un embryon de compétition sportive, en empêchant par exemple des clubs comme Manchester City (propriété d'un Cheikh milliardaire) de dépenser plus qu'il ne génèrent pas eux-mêmes. Si cette initiative ne peut qu'être saluée, il n'en demeure pas moins que son application sera progressive, les premières sanctions n'étant prévues qu'à partir de 2014-2015...


Mais à force de parler d'argent dans le football et dans le sport en général, n'a-t-on pas dévoyé la finalité du sport pour n'en conserver plus qu'une logique marchande (vente de produits dérivés, paris en ligne,...) ? 

 

 

N.B : ce billet étant déjà fort long, je me suis abstenu de parler du droit à l'image collective, qui permettait aux clubs professionnels (avant sa suppression en 2010) d'être exonérés de 30% de charges sociales sur la rémunération versée aux joueurs. Cela faisait tout de même, en 2009, près de 20 millions d'euros de perdu pour la Sécurité Sociale qui n'en a pas besoin comme tout le monde le sait.

 

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 11:08

 

titanic2.jpg 

 

Le plus célèbre de nos traders français - poursuivi pour une perte record de près de 4,9 milliards d'euros début 2008 alors qu'il travaillait à la Société générale - vient d'être condamné à cinq ans de prison dont trois ferme et à payer 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à son ancien employeur. Au passage, on peut se demander comment il fera pour rembourser une telle somme sachant que Jérôme Kerviel n'est pas Bernard Madoff comme certain ont pu se l'imaginer : point de milliards dans des comptes offshores, de sociétés écrans et autres... Bien entendu, il lui est à présent possible d'user de tous les moyens d'appel avant que cette condamnation ne soit définitive.

 

Rappelons que Jérôme Kerviel était poursuivi pour abus de confiance, faux et usage de faux, et introduction frauduleuse de données dans un système informatique. Je vous passe les détails de l'enquête que l'on peut facilement retrouver sur Internet, notamment sur le site du Figaro. Il est cependant à noter que le parquet avait requis cinq ans de prison, dont quatre ferme, tandis que la Société générale réclamait le remboursement des 4,9 milliards d'euros "perdus". A la lecture du verdict, on comprend que la ligne de défense de Jérôme Kerviel - à savoir qu'il admettait avoir perdu le sens des réalités et l'introduction frauduleuse de données, mais pas l'abus de confiance, assurant que sa hiérarchie était au courant de ses agissements - n'a pas pesait lourd dans la balance judiciaire... Les juges ont notamment considéré que le trader ne pouvait être exonéré de ses devoirs professionnels et que rien ne laissait supposer que la banque connaissait et/ou couvrait les agissements de son salarié.

 

A mes yeux, ce procès était plus celui d'un système que d'un homme. Malheureusement, le formalisme juridique ne se prête guère à se genre de remise en cause (pourtant salutaire !) de l'institution bancaire. Ainsi, en faisant de Jérôme Kerviel le maillon faible de la chaîne bancaire, il a été possible de s'exonérer de toutes les véritables questions de fonds. Car, faut-il le rappeler, l'activité sur titres à repris de plus belle et contribue toujours autant au produit net bancaire... jusqu'à la prochaine crise et au prochain maillon faible que l'on condamnera ! Et dire qu'on parlait naguère de moraliser le capitalisme.

 

 

N.B : si j'ai souhaité illustrer ce billet d'une image du Titanic en train de sombrer, c'est moins pour parler de Jérôme Kerviel que pour évoquer tout un système...

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 13:01

 

Budget_Review.gif

 

 

Le budget 2011 vient d'être présenté en Conseil des ministres, ce mercredi. Résumons-nous : pour atteindre l'objectif du gouvernement, à savoir ramener le déficit public de 7,7 % du PIB à 6 % du PIB en 2011, il faudra trouver 40 milliards d'euros :

 

* 7 milliards d'euros qui proviendront de la croissance (clairement surestimée à 2 %)

 

* 16 milliards d'euros qui viendront de la fin du plan de relance (car tout le monde sait que la crise est terminée depuis longtemps)

 

* 7 milliards d'euros qui proviendront de la baisse des dépenses de l'État (rigueur quand tu nous tiens...)

 

* 10 milliards d'euros résultant du coup de lime à ongle rabot sur les niches fiscales (ce qui équivaut à des hausses d'impôt pour ceux qui ne l'avaient toujours pas encore compris).

 

A cela s'ajouteront une baisse des dépenses de fonctionnement et d'intervention des ministères (juste au moment où la crise sévit le plus...), un gel des dotations budgétaires de l'État vers les collectivités territoriales (vive le financement du RSA par les Conseils généraux...), et bien sûr des suppressions de postes chez les fonctionnaires (Éducation nationale, ton navire se vide de ses matelots...).

 

L'objectif final est d'atteindre la barre des 3 % du PIB en 2013, c'est-à-dire une baisse jamais connue ni envisagée sous la Ve République, Juppé s'étant "contenté" de 1,5 % entre 1995 et 1996... Tout cela à cause d'un certain dogmatisme confondant l'État avec une entreprise à qui on appliquerait un raisonnement inepte du genre : zéro déficit, zéro dette => zéro tracas, plein de croissance et de prospérité. Or, l'histoire économique est là pour nous prouver que tel n'a jamais été le cas ! Comment peut-on dès lors imaginer qu'un tel budget de rigueur ne compromettra pas la relance de la croissance ? Même les États-Unis se sont inquiétés des plans d'austérité mis en place en Europe... et pourtant, par un comportement moutonnier classique, l'ensemble des économies européennes se sont lancées dans des politiques de rigueur, au mépris le plus total des implication sociales !

 

En visionnant la vidéo ci-dessous, issue du télézapping du Monde, on comprend immédiatement qu'aucun ministre n'a de commentaire à faire sur ce budget. Peut-être parce qu'ils ne croient pas eux-mêmes aux prévisions fournies ?

 

 

 

 

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 13:04

 

tele_manipulation.gif

 

 

Mes lecteurs savent ce que je pense de la publicité et de son support favori qui est la télévision... Voici ci-dessous une vidéo humoristique des têtes à claques qui illustre à merveille mon point de vue, puisqu'elle présente un faux spot publicitaire qui vante les mérites d'un système de rangement présenté comme innovant, mais qui n'est rien d'autre... qu'un empilement de cartons ! A travers ce spot humoristique, il est possible de décomposer un message publicitaire pour mieux en cerner les grosses ficelles.

 

 

 

 

Tout d'abord, le sport commence par un constat simple : nous accumulons tant de choses inutiles que nous finissons par manquer de place pour les stocker. Ce constat banal permet à la publicité de cibler quasiment toute la population, depuis le consommateur effréné jusqu'à celui qui vit dans un logement minuscule en passant par le bordélique.

 

Pour être certain de capter l'attention, le clip est présenté par un présentateur rodé à faire passer ce genre de message pourtant d'une platitude absolue : avec beaucoup de conviction (ça ne vous rappelle pas nos téléachats d'antan ?), il va chercher progressivement à amener la cible à voir dans ce produit LA réponse révolutionnaire à tous ses problèmes de rangement, c'est-à-dire à prendre des vessies pour des lanternes.

 

Pour ce faire, après avoir très rapidement présenté son système de rangement au nom pompeux ("Easy Storing System", l'emploi de l'anglais n'étant pas neutre ici), il enchaîne très vite sur une démonstration afin que la cible ne réfléchisse pas à l'utilité ou non de ce produit. Celle-ci est censée lui présenter tout l'avantage d'acheter quelque chose dont il pourrait très bien se passer, et dont il ne connaît toujours pas le prix ! Bien entendu, pour convaincre un peu plus le con-sommateur, on n'hésite pas à parler de technologie spatiale histoire de le convaincre par un argument d'autorité scientifique. C'est du reste l'argument préféré des publicitaires : après une présentation sur le supposé bien-être apporté par le produit, ils cherchent à gagner l'adhésion de la cible par un argument prétendu scientifique (on pense aux alicaments notamment), qui tient lieu d'argument d'autorité.

 

Ensuite, vient la phase de témoignage qui peut prendre soit la forme d'interviews comme dans ce sport, soit de sondages ou d'enquêtes réalisés sur des échantillons microscopiques (on entend ainsi dans certains spots que 9 personnes sur 10 ont trouvé le produit performant, mais l'échantillon n'était que de 40 personnes... alors qu'en statistiques, en-dessous de 1 000 personnes une étude n'a pas de sens !). Le tout pour donner le sentiment que le produit a déjà été adopté par le plus grand nombre et que vous êtes le dernier à ne rien avoir compris encore !

 

Là, le poisson est en général ferré, et il est temps qu'il passe rapidement à la caisse, car la diffusion d'un sport publicitaire coûte très cher : selon le syndicat national de la publicité télévisée, le coût moyen de diffusion d'un spot de 20 secondes est d'environ 10 000 euros pour l'une des 6 chaînes nationales en 2007. En 2009, les dépenses de communication des annonceurs ont du reste atteint près de 30 milliards d'euros, tous médias confondus, et la télévision a touché environ 3 milliards d'euros de recettes de la publicité... c'est dire combien la manipulation des consciences se négocie cher !

 

Pour en revenir à notre cible, on lui annonce donc le prix lorsqu'on est sur une chaîne de téléachat (en lui rappelant que c'est vraiment donné...) et on lui offre quelques babioles s'il commande immédiatement au numéro de téléphone indiqué, ou il lui faut le découvrir en se rendant dans un hypermarché lorsqu'il s'agit de spots classiques. Dans ce dernier cas, il quitte son environnement familier (son domicile) et se retrouve donc dans la peau d'un consommateur (à l'hypermarché), ce qui rendra d'autant plus difficile de résister à l'acte d'achat du produit tant vanté à la télévision et dont il a fini par accepter l'utilité.

 

Tout ceci démontre que la consommation effrénée est la pierre angulaire du système capitaliste, bien que celle-ci bute aujourd'hui sur des problèmes écologiques, sociaux et in fine politiques ! Et que dire lorsque les publicitaires vantent le développement durable...

 

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