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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 13:02

 

stiglitz.jpg

 

Le plus populaire des prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, a livré au quotidien Le Monde son analyse de la crise de l'euro. Pour mémoire, il a été conseiller économique du président Bill Clinton (1995-1997) et chef économiste de la Banque mondiale (1997-2000). Je vous propose quelques extraits de son analyse avec mes commentaires personnels en gras :

 

* A la question que pourrait faire l'Europe ?, il répond : "Elle pourrait par exemple créer un fonds de solidarité pour la stabilité, comme elle a créé un fonds de solidarité pour les nouveaux entrants. Ce fonds, qui serait alimenté dans des temps économiques plus cléments, permettrait d'aider les pays qui ont des problèmes quand ceux-ci surgissent". Il s'agit des prémices d'un fédéralisme européen qui se révèle indispensable.

 

"L'Europe a besoin de solidarité, d'empathie. Pas d'une austérité qui va faire bondir le chômage et amener la dépression. Aux Etats-Unis, quand un Etat est en difficulté, tous les autres se sentent concernés. Nous sommes tous dans le même bateau. C'est d'abord et avant tout le manque de solidarité qui menace la viabilité du projet européen". Constat sans appel : l'Allemagne, entre autres, fait cavalier solitaire au sein de l'Union européenne. Quand on pense qu'il a fallu trois mois de discussions pour venir en aide à la Grèce, laissant ainsi planer le doute que la zone euro était incapable de parler d'une seule voix et donc de se défendre contre des chocs (symétriques dans le cas d'espèce).

 

* A la question prônez-vous une sorte de fédéralisme ?, sa réponse est sans ambages "Oui". Il va même plus loin en déclarant que "le problème, c'est que les États membres de l'UE n'ont pas tous les mêmes croyances en termes de théorie économique. Nicolas Sarkozy a eu raison de faire pression sur Angela Merkel pour la forcer à payer pour la Grèce. Nombreux sont ceux qui, en Allemagne, s'en remettent totalement aux marchés. Dans leur logique, les pays qui vont mal sont responsables et doivent donc se débrouiller". Si seulement les spécialistes de la doxa libérale pouvaient enfin admettre que les marchés ne s'autorégulent pas comme ils l'affirment... A bien y réfléchir, la situation est ubuesque : les États se sont endettés pour sauver les banques, et aujourd'hui le système financier leur reproche leur endettement excessif. Et lorsque l'on fait croire que l'on cherche à sauver la Grèce, ne sont-ce pas à nouveau les banques étrangères créancières de la Grèce que l'on aide à grand renfort de fonds publics ?

 

Joseph Stiglitz juge aussi les plans de rigueur imposés aux différentes économies : "aujourd'hui, ces pays ne s'en sortiront que si la croissance européenne revient. C'est pour cela qu'il faut soutenir l'économie en investissant et non en la bridant par des plans de rigueur". Les lecteurs de mon blog savent combien je critique ces plans de rigueur parfaitement insoutenables politiquement et socialement, même à court terme. On se dirige vers un défaut de l'État grec qui, en l'absence de croissance, verra sa situation se dégrader encore un peu plus d'ici à 2012/2013... ce qui empêchera la Grèce de répondre aux conditions fixées aujourd'hui par les autres pays de la zone euro pour lui venir en aide (notamment sous forme de garanties). Il y a donc eu erreur sur le diagnostic : les pays de la zone euro ont soigné un problème d'illiquidité en lieu et place d'un problème d'insolvabilité...

 

* A la question fatidique pensez-vous que la viabilité de l'euro soit menacée ?, une partie de sa réponse ne peut être que pessimiste au vu du contexte actuel : "j'espère que non. Il est tout à fait possible d'éviter que la monnaie unique ne périclite. Mais si on continue comme ça, rien n'est exclu. Même si je pense que le scénario le plus probable est celui du défaut de paiement. Il y a un moment où Athènes, Madrid ou Lisbonne se posera sérieusement la question de savoir s'il a intérêt à poursuivre le plan que lui ont imposé le Fonds monétaire international (FMI) et Bruxelles. Et s'il n'a pas intérêt à redevenir maître de sa politique monétaire". L'idée d'une sortie de la zone euro ne lui paraît donc pas impossible si les pressions sociales et politiques devenaient trop fortes... En effet, les conditions drastiques imposées au budget de l'État grec conjuguées à des tensions sociales fortes, dans un pays où les plus jeunes n'ont que très peu de possibilité de gagner leur vie, risquent de conduire à des émeutes qui appelleront des solutions politiques souveraines.

 

 

N.B : de l'autre côté de la Manche,  la coalition conservateurs/libéraux-démocrates à la tête du Royaume-Uni a annoncé 6,2 milliards de livres (7,19 milliards d'euros) de coupes budgétaires pour endiguer les 156 milliards de livres (181 milliards d'euros) de déficit public. Sans entrer dans tous les détails, on peut retenir que 200 millions de livres seront économisés en rognant sur les budgets universitaires... exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire pour relancer l'économie !

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 10:38

 

affiche conference croissance

 

J'ai souvent eu l'occasion de parler de la croissance durant cette année de conférences (voir ici ou bien encore là), tant le sujet est d'actualité. Il est vrai qu'avec un président qui était prêt à aller "la chercher avec les dents", le sujet avait pris une dimension épique avant de s'évanouir comme le célèbre "travailler plus pour gagner plus"...

 

Pour finir l'année (universitaire !), j'ai été invité à animer une présentation concernant la croissance et ses limites au lycée Saint Augustin de Bitche, ce vendredi 21 mai à 20h. Ci-dessus, l'affiche officielle créée pour annoncer la conférence : le prix est fixé à 2 € pour les membres de l'Université Populaire de Sarreguemines et à 5 € pour les non membres. Des informations supplémentaires sont fournies sur le site web de la ville de Bitche. Voici, en outre, l'interview que m'a consacré le Républicain Lorrain :

 

RL Bitche 18-05-10 

                  [ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

 

 

 

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 20:14

 

jpo FI RECTO

 

Me voilà de retour de mon périple qui m'a mené à Tanger entre autres, avec une petite photo pour illustrer ce billet d'un peu de soleil... Ceux qui me feront remarquer que j'ai perdu mon éternelle cravate conviendront avec moi qu'il est délicat d'en porter une pour aller faire des courses à la Médina lorsqu'il fait 25 degrés !

 

photos2 0073 

 

J'ai pu suivre, de la plus internationale des villes du Maroc, les soubresauts de l'économie européenne et de notre monnaie unique... et croyez-moi qu'il y a autant d'inquiétudes des deux côtés de la méditerranées. En effet, qu'il s'agisse des entreprises touristiques ou exportatrices, les plans d'austérité (mais pas de rigueur selon François Fillon...) inquiètent tout particulièrement puisqu'une baisse de pouvoir d'achat au sein de l'Union européenne aura inévitablement un impact sur la richesse produite par les entreprises et donc sur le PIB du Maroc. Jolie preuve que la mondialisation nous met désormais tous dans le même bateau économique !

 

J'aurai l'occasion d'y revenir dans un prochain billet, mais pour l'heure je prépare la journée portes ouvertes organisée par mon école demain et dont vous trouverez l'affiche ci-dessous. J'y dédicacerai mon dernier livre le capitalisme en clair (et non les marchés financiers en clair comme indiqué par erreur sur le document), et je présenterai en détails les tenants et aboutissants de ma filière finance à l'ISEG Strasbourg. Les futurs étudiants - et leurs parents - sont cordialement invités à venir y assister dès 15h demain mercredi, dans les locaux de l'école situés au 4 rue du Dôme à Strasbourg. Je répondrai très volontiers aux questions qui me seront posées à cette occasion.

 

JPO FI VERSO 

 

 

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 10:51

 

gros-temps.gif

 

"Nous travaillons aussi à garantir la prospérité, les emplois et donc la pérennité de notre modèle social. Le secteur de l’enseignement supérieur, de la formation et de la recherche sera pourvu de 19 milliards d’euros pour faire de la France le pays d’Europe le plus attractif pour les chercheurs, les investisseurs et pour les étudiants". Cette déclaration, qui relève à la fois de l'incantation et de la méthode Coué, est issue d'un discours tenu par François Fillon à l’occasion de la visite du réacteur de recherche Jules Horowitz du CEA. Il me semblait pourtant qu'on avait déjà entendu des paroles semblables au niveau de l'Union européenne dans le cadre de la stratégie de Lisbonne : en mars 2000, les chefs d'Etat et de gouvernements de l'UE s'étaient fixé pour objectif de faire de l'Union "l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde d'ici à 2010"... Avec les résultats que l'on connaît.

 

Sur ces entrefaites, un communiqué publié par Matignon annonçait que "pour les trois années à venir, les dépenses de l'Etat, hors charges d'intérêt de la dette et hors dépenses de pensions, seront gelées en valeur". Jusque lors, les dépenses de l'Etat n'augmentaient pas plus que l'inflation chaque année, ce que l'on qualifiait de volume zéro. Mais le Premier ministre est allé plus loin en disant que "les dépenses de fonctionnement courant de l'Etat diminueront de 10 % en trois ans, avec une baisse de 5 % dès 2011. Un effort de productivité de même ampleur sera demandé aux opérateurs de l'Etat".

 

Pour en rajouter une couche, le meilleur ministre des finances de l'Europe Christine Lagarde est revenue sur le fétichisme de la question de la réduction du déficit public, lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat. Extrait : "Je crois profondément que nous devons nous orienter sur un chemin de restauration des grands équilibres de nos finances publiques. C'est ce que nous allons nous atteler à faire dans les mois et dans les années qui viennent parce que c'est un travail de longue haleine, un travail de fond et c'est un travail sur lequel la souveraineté nationale est en cause". J'ai pourtant souvent expliqué que la réduction du déficit ne peut être un objectif ultime de la politique économique sous peine de passer à côté des vrais questions (inégalités, répartition, compétitivité,...).

 

Puis le clou fut enfoncé par Luc Chatel qui affirma que "tous les Français seraient touchés, au nom de l'exemplarité". Même les évadés fiscaux, les gens cachés derrière le bouclier fiscal, les profiteurs de niches fiscales, les chanteurs non résidents du 14 juillet, etc. ? Et que va-t-on dire aux 8 millions de personnes (13,4 % de la population) qui vivent avec moins de 908 euros par mois, c'est-à-dire qui sont en dessous du seuil de pauvreté ? Diminuer les dépenses d'intervention de l'État engendrera encore plus de pauvreté puisque la plupart des dépenses de l'État sont en fait des aides aux ménages... Mais l'État fera également 5 milliards d'euros d'économies sur les niches fiscales, promis juré !

 

Alors pourquoi s'entêter dans cette voie ? La réponse nous est donnée par le Premier ministre lui-même qui "a rappelé l'importance du prochain budget triennal pour assurer la crédibilité de notre stratégie de redressement des comptes publics". Crédibilité face à qui ? Face aux agences de notation à nouveau... Je n'aurai de cesse de répéter tous les problèmes qui sont liés à ces agences privées et que j'ai déjà évoqués dans ce billet ou dans celui-ci. Le lecteur intéressé par cette question de la fiabilité du jugement émis par les agences de notation pourra se reporter à cet excellent article paru dans le quotidien Le Monde qui traitait du désormais célèbre portefeuille Abacus de Goldman Sachs.

 

Laissons le mot de la fin au porte-parole du gouvernement : Luc Chatel a démenti qu'il s'agisse d'un plan de rigueur, tout au plus peut-on parler d'une "politique budgétaire sérieuse"... Vive le pouvoir d'achat, l'égalité et la pauvreté en 2012 !

 

 

N.B : je serai absent du samedi 8 au lundi 17 mai inclus. J'en profiterai pour étudier l'économie ailleurs qu'en France, en Allemagne et aux États-Unis pour une fois... 

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 11:06

 

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Mardi 4 mai 2010, j'animerai une conférence sur la dette publique dans le cadre de l'Université du temps Libre (UTL) de Metz. Celle-ci se déroulera à l'amphithéâtre de l'ENSAM (technopôle de Metz) et aura pour titre un brin provocateur : la France peut-elle faire "faillite" ? Début des hostilités à 14h30...

 

Bien plus que les autres années, la construction du budget de l’État s’est révélée être, à cause de la crise, un exercice hautement périlleux : le déficit budgétaire devrait atteindre 116 milliards d’euros en 2010, après avoir culminé à un niveau record de 139 milliards en 2009, tandis que le régime de Sécurité sociale devrait connaître un déficit de 31 milliards d'euros ! La dette, elle, va continuer son indéfectible progression : après avoir atteint, 77,6 % cette année, elle devrait atteindre 84 % du PIB l'an prochain, soit plus de 1 600 milliards d’euros ! Ceux qui ont déjà reçu leur formulaire de déclaration de revenus ont pu lire la jolie missive d'Éric Woerth accompagnée de deux graphiques résumant les dépenses et recettes de l'État.

 

Au moment où la Grèce connaît de graves difficultés de financement, il n’en fallait pas plus pour que certains parlent de la « faillite » prochaine de la France. Mais au-delà des effets d’annonce, il est important de comprendre les mécanismes à l’œuvre et d’en saisir la portée, afin de faire des choix de politique économique adaptés. C’est pourquoi, cette conférence sur la dette publique se propose de répondre notamment aux questions suivantes :

 

* Qu’entend-on par déficit budgétaire, déficit public, dette de l’Etat ?

 

* Quel est le principal mécanisme de l’endettement public ?

 

* Qui va payer la dette ?

 

* La France court-elle réellement un risque de « faillite » ?

 

 

Pour finir, le public est invité à réagir et poser toutes ses questions.

 

 

Renseignements auprès des services de l'UTL Metz

 

Université Paul Verlaine - Metz
UTL
5, rue Marconi
57 070 Metz Technopôle
téléphone : 03 87 31 52 24 / 06 73 48 34 26
courriel : walster@univ-metz.fr

 

 

N.B : ci-dessous le télézapping créé par Le Monde après que Standard & Poor's eut rétrogradé la note souveraine de la Grèce en catégorie spéculative à BB+. Vous y verrez qu'à l'OFCE on partage mon opinion sur la fiabilité du jugement porté par les agences de notation...

 

 

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 13:34

 

santabarbara

 

Décidément, rien n'est jamais simple au sein de l'Union européenne et de la zone euro en particulier. Après des semaines de tergiversations au sujet des finances publiques de la Grèce, voici que Guido Westerwelle (ministre des affaires étrangères allemand) vient de doucher les espoirs d'un versement rapide des aides bilatérales promises en déclarant : "Faire trop tôt des promesses d'aide concrète ne va que conduire à retirer la pression sur la Grèce [...] Il faut avant tout que la consolidation du budget ait lieu en Grèce".

 

Sur ces entrefaites, les marchés financiers ont immédiatement surréagi à cette annonce et les taux à dix ans de la dette grecque ont dépassé le seuil des 9 %. Pour mémoire, l'Allemagne s'endette sur la même maturité pour "seulement" 3 % environ... Et ce ne sont pas les déclarations lénifiantes du FMI  (encore que s'entendre dire que les citoyens grecs ne devaient pas craindre le FMI qui est là pour les aider n'est pas vraiment rassurant...) ni du président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, qui ont pu faire illusion sur les dissensions au sein de la zone euro sur cette question.

 

Christine Lagarde n'a eu dès lors d'autre choix que de pratiquer le grand écart économico-diplomatique pour ne pas froisser ni la Grèce ni l'Allemagne. Elle a ainsi déclaré au Journal du Dimanche que "lorsqu'une partie de ce territoire est attaquée, et que notre devise commune est sous pression, on est tous tenus d'être solidaires". Principe intéressant, mais rapidement tempéré par ces propos : "on veut stabiliser la zone euro. Mais cela n'empêche pas la fermeté et il faudra être extrêmement attentif aux résultats. [...] Nous ne décaisserons pas l'intégralité des sommes tout de suite. Nous le ferons au fur et à mesure des besoins et en cas de défaut de paiement, nous mettrons aussitôt le pied sur la pédale de frein". Donc on est prêt à t'aider, mais sous conditions et pas tout de suite. Retour à la case départ...

 

Pour finir, rappelons tout de même les montants en jeu : les États de la zone euro s'étaient engagés à fournir quelque 30 milliards d'euros sous forme de prêts bilatéraux, le FMI fournissant un complément estimé à 15 milliards d'euros. Dans le détail, l'Allemagne devait débourser 8,4 milliards d'euros pour sauver le soldat économique grec, et la France 6,3 milliards. C'est du reste le 3 mai prochain que le parlement français débattra du plan d'aide du gouvernement français à la Grèce (6,3 milliards d'euros dont 3,9 milliards débloqués immédiatement). La conclusion de ce billet sera, malheureusement, à l'image du feuilleton américain Santa Barbara (2137 épisodes de 52 minutes) : à suivre !

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 10:52

 

Picsous sos 

 

La crise économique est l'occasion de se poser des questions sur les fondements de notre société. C'est pourquoi, Marianne2, en partenariat avec France Culture, avait proposé une série d’entretiens d’Antoine Mercier avec divers intellectuels. Le dernier volet (disponible à cette adresse), avec l'économiste et épistémologue Christian Arnsperger, évoquait la crise existentielle du capitalisme. En voici un extrait qui rejoint l'analyse que j'ai moi aussi faite du capitalisme dans mon livre : "la logique géniale ou diabolique du capitalisme, est de jouer sur la confusion entre « besoins » et « envies ». Le capitalisme a fini par nous faire prendre nos envies pour des besoins. C’est pourquoi nous courons après la consommation et l’accumulation. Donc c’est un système qui crée des compulsions répétitives chez la plupart d’entre nous, en tout cas ceux qui ont les moyens de se payer certaines choses, et qui crée en même temps des inégalités structurelles. De surcroît, il introduit une obligation de croissance car toute cette machine se base essentiellement sur le crédit et l’endettement.  Nous sommes donc dans une sorte de machine infernale où ces trois éléments tournent en boucle."

 

Vous trouverez ci-dessous un petit diaporama que j'ai réalisé et qui présente certains concepts et chiffres clés développés dans mon livre sur le capitalisme. Ceux qui connaissent mon goût prononcé pour les ballets classiques comprendront, qu'en musique de fond, j'ai choisi l'ouverture de Roméo et Juliette de Prokofiev. En effet, la danse des chevaliers exprime bien ce climat effroyable créé par le capitalisme financier dans nos sociétés.

 

 

 

 

Dans ces conditions, pourquoi persister dans cette voie dont nous percevons clairement qu'elle nous conduit au désastre ? C'est parce que, comme je l'ai dit là ou bien ici ou encore là, de nombreuses personnes n'ont pas d'intérêt à voir le capitalisme être réformé sérieusement : pourquoi changer un système qui permet à une minorité de vivre heureux au détriment du plus grand nombre (en biologie on appelle cela du parasitisme) ? Au sujet des retraites - thème phare de l'actualité ces derniers temps - Antoine Boziot déclarait à Libération que "le système actuel est d’ailleurs loin de fonctionner comme une redistribution des plus riches vers les plus pauvres: pour le même niveau de salaire au cours de la vie, le cadre qui a fait des études et voit ses revenus augmenter au cours de sa carrière recevra plus que celui qui reste toute sa vie au niveau du Smic". Décidément...

 

 

N.B : pour la petite histoire artistique (et pour terminer sur une touche positive !), après avoir essuyé un refus du Kirov qui avait pourtant commandé ce ballet, Prokofiev le proposa au Bolchoï... qui le refusa également, les danseurs déclarant que le ballet était  indansable, notamment à cause de la complexité rythmique ! Il dut alors le réécrire et l'adapter avant qu'il ne soit enfin joué, en 1940, au Kirov (chorégraphie de Léonide Lavrovski), et au Bolchoï en 1946. La première représentation de ce ballet avec une chorégraphie du britannique MacMillan se déroula le 9 février 1965 au Royal Ballet avec le couple le plus fameux de l’époque : Margot Fonteyn et Rudolf Noureev. Résultat : quarante minutes d’ovations... A voir absolument en DVD !

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 10:46

 

moins-de-banques-sur-le-marche_1227037327.jpg

 

En ces temps où tout le monde parle de développement durable et de responsabilité sociale, ne serait-ce que pour des besoins marketing, et où très peu en appliquent les principes élémentaires, l'initiative des Amis de la Terre me semble particulièrement intéressante. Depuis 2005, les membres de l'association analysent les activités des grandes banques françaises, cherchant ainsi à répondre à la célèbre interrogation : que font les banques avec notre argent ?

 

Leur rapport " Environnement : Comment choisir ma banque ? " se veut un guide éco-citoyen sur les banques françaises. C'est pourquoi, on y trouve des explications sur le fonctionnement des banques, leur rôle et les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités. Ceci dans le but de sensibiliser les citoyens au choix de leur banque et faire, in fine, pression sur les acteurs financiers pour qu'ils améliorent leurs pratiques.

 

Je conseille au lecteur la partie sur l'activité de financement à l'international des banques. On y découvre les secrets plus ou moins avouables de nos grandes banques : financement de producteurs de bombes à sous-munitions, de mines d'or ou de centrales nucléaires... On peut même comparer les banques entre-elles sur la base des critères cités ci-dessous, en se rendant à l'adresse suivante : http://www.financeresponsable.org/entreprise.php

 

  • Environnement

 

  • Climat  (émissions de gaz à effet de serre induites par les activités de financement et d'investissement les plus émettrices)

 

  • Eco-prêts

 

  • Transparence (banque et transparence : oxymore ?)

 

  • Politiques sectorielles (adoption et respect de politiques sectorielles de réduction des risques : grands barrages, nucléaire, agrocarburants, climat, biodiversité, droits de l'Homme,...)

 

  • Energies renouvelables (part du financement des énergies renouvelables dans le total des financements du secteur énergétique du groupe)

 

  • Paradis fiscaux (nombre d'implantations dans les paradis fiscaux et judiciaires : les résultats risquent de faire mal...)

 

  • Produits solidaires et ISR (nombre et qualité des produits solidaires labélisés par Finansol, et des produits éthiques ou responsables dits ISR et labélisés par Novethic)

 

 

Dans le même ordre d'idée, le site http://www.secretsbancaires.fr/ révèle les investissements de 13 grandes banques européennes dans des projets plus que controversés et réalisés, bien sûr, dans la transparence que l'on imagine... d'autant que les populations locales en subissent très souvent les conséquences directes. Pour essayer de faire évoluer la situation, le site invite le public à envoyer une carte électronique aux PDG des banques ciblées pour leur demander de changer leurs pratiques. C'est une initiative originale et bien pensée puisqu'elle s'appuie sur la plus grande force qu'offre une démocratie : la pression citoyenne.

 

En guise de conclusion,je citerai cette phrase d'Albert Camus dans l'Homme révolté (1951) : "L'Homme peut s'autoriser à dénoncer l'injustice totale du monde et revendiquer alors une justice totale qu'il sera seul à créer".

 

 

N.B : dans un autre registre, il y a deux jours, le Wall Street Journal faisait la une en écrivant que la banque d'affaires américaine Morgan Stanley pourrait subir en 2010 une perte de 5,4 milliards de dollars dans ses investissements immobiliers ! Plus précisément, c'est un fonds spécialisé dans l'immobilier, estimé à 8,8 milliards de dollars, qui pourrait être déprécié des deux tiers de sa valeur... réalisant ainsi un exploit en pertes jamais égalé sur les marchés. Pour mémoire, cette banque avait été aidée par l'État à hauteur de 10 milliards de dollars fin 2008...

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 10:32

 

retraitesRouge065 

 

Le coup d'envoi des discussions sur la réforme des retraites entre le ministre du travail, Eric Woerth, et les partenaires sociaux, vient d'être donné aujourd'hui. J'avais eu l'occasion de parler de la manière peu subtile dont le gouvernement avait réformé les régimes dits spéciaux, et lors d'un billet en forme de poisson d'avril, j'avais expliqué les difficultés auxquelles il faudra s'attendre durant ces mois de pseudo-négociations. Déjà, celles-ci commencent plutôt mal : prévues pour durer 6 mois, le gouvernement parle désormais d'un projet de loi examiné début juillet en conseil des ministres... Il est vrai qu'à cette date l'opposition sera nettement moins vigoureuse dans ce pays !

 

Preuve, s'il en fallait, que les idées crédibles manquent déjà avant la grande confrontation, Le Journal du dimanche rapporte que notre omniprésident accepterait le principe d'un financement des pensions par l’impôt, quitte à créer "un prélèvement spécifique sur une catégorie de la population". En clair, Nicolas Sarkozy, après avoir usé toute sa rhétorique pour nous convaincre qu'il fallait garder le bouclier fiscal au nom de l'équité, soutiendrait - au moins officieusement - la proposition du Sénat de créer une CRDS additionnelle exclue du bouclier fiscal qui, d'après les premiers chiffrages, rapporterait près de 2 milliards d’euros pour un relèvement de 0,15 point.

 

De nombreuses autres propositions ont été avancées comme en témoigne l'article du JDD cité ci-dessus. Néanmoins, la proposition qui m'aura le plus surpris est certainement celle de Danièle Karniewicz (CFE-CGC), présidente de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV), qui gère les pensions du secteur privé. Sur BFM, elle plaidait lundi pour un "bouclier retraite" qui garantirait un niveau minimum. Il fallait y penser : utiliser le mot bouclier dans un sens réellement social pour une fois... Rappelons tout de même que la CFE-CGC est le seul syndicat qui n'était pas a priori opposé à l'allongement de l'âge de départ à la retraite; il fallait donc compenser quelque part...

 

Et qu'en disent les sondages que les politiques affectionnent tant et qui se trompent souvent ? Celui réalisé par Harris Interactive pour RTL est plutôt intéressant si tant est que les chiffres ont un sens : une très grande majorité des sondés juge nécessaire une réforme (80 %), mais peu sont favorables à l’idée d’un recul de l’âge officiel de la retraite (39 %). Ils souhaitent à 82 % que les régimes soient identiques pour les salariés du public et du privé. On attend donc avec impatience le rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui devrait arriver dans quelques jours.

 

Pour finir, notons que l'association Attac et la Fondation Copernic ont lancé une pétition intitulée "Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites". Le texte introductif commence fort à propos ainsi : "Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %". Les arguments avancés me semblant justes socialement et économiquement, j'ai décidé de signer cette pétition.

 

Pour finir, j'ai retrouvé ce télézapping réalisé par Le Monde.fr le 24 février 2010 :

 

 

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 11:03

 

injustice

 

"Je n'ai jamais séparé la République des idées de justice sociale sans lesquelles elle n'est qu'un mot ", Jean Jaurès (Octobre 1887). Et pourtant, un président de la République qui n'avait de cesse de le citer durant sa campagne, semble ne pas s'offenser des résultats du rapport 2010 de l'INSEE "Les revenus et le patrimoine des ménages". Cet ouvrage présente les principaux indicateurs et des analyses spécifiques sur les inégalités monétaires et la pauvreté (niveau de vie par âge et génération, niveau de vie et pauvreté des immigrés, les très hauts revenus, trajectoires individuelles et pauvreté). En voici deux extraits :


                 Part du revenu détenu par chaque classe

 

hauts revenus

 

Champ : personnes appartenant à des ménages fiscaux de France métropolitaine dont le revenu déclaré par unité de consommation est strictement positif.


          [ Source : DGFiP, exhaustif fiscal 2007, calculs INSEE ]


Si les revenus d'activité sont perçus par la quasi-totalité de la population, seules 40 % des personnes sont concernées par des revenus du patrimoine et 2 % par des revenus exceptionnels (levée de sock options et plus-values). Les 10 % les plus riches perçoivent 1/4 des revenus d'activité déclarés, près de 2/3 des revenus du patrimoine et plus de 4/5 des revenus exceptionnels. Les très hauts revenus, qui ne constituent que 1 % de la population, représentent 5,5 % des revenus d'activité, 32,4 % du patrimoine et 48,2 % des revenus exceptionnels déclarés. Et quand on pense que les politiques passent leur temps à expliquer aux jeunes que la seule source de richesse est le travail...

 

 

Distribution du salaire annuel brut des salariés à temps complet de 2007

 

Hauts revenus2

 

                              [ Source : Insee, DADS exhaustif ]

 

Pour ce dernier graphique, pas besoin de commentaires de ma part tant il est clair que la distribution du salaire annuel brut est loin d'être égalitaire...


En guise de conclusion, on trouve dans le rapport que le nombre de personnes dépassant les 100 000 euros constants de revenu par unité de consommation a crû, entre 2004 et 2007, de 28 % et de 70 % pour les personnes au-dessus du seuil à 500 000 euros ! Plus de riches et plus de pauvres, voilà certainement la nouvelle équation de la justice sociale dans notre pays.


Le thème de la justice sociale ne figure d'ailleurs apparemment plus que dans les belles promesses discours politiques :

 

 

 

 

Sur le terrain (oserais-je dire dans la vraie vie ?), l'injustice sociale est devenue la règle puisque certains en arrivent à penser que la richesse collective ne se résume plus qu'à la somme des enrichissements individuels. L'Esprit de Philadelphie s'est bel et bien évanoui...

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