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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 14:50


pere noel arrive

C'est impressionnant combien cette année 2009 a fourmillé de prétendus bons plans pour devenir riche à la vitesse d'une comète !
Dans un article daté du 19 décembre, le quotidien Le Monde nous présente ainsi la dernière pépite en matière d'investissement mirobolant : une société ayant son siège à Londres et qui propose des placements avec des promesses de rendements... "maximums", "durables" et "garantis" (le site web de cette société est précis : "de 12 % à 23,5 % d'intérêts net mensuels en souscrivant l'un de nos packs finance (confiance- sérénité-performance) et plus de 50 % net avec notre pack spécial" (sic !).

Quand on pense que le livret A rapporte 1,25 % et qu'une assurance-vie, selon la formule retenue, tourne autour de 4 %, il y a de quoi attirer le chaland ! Malheureusement, les investisseurs oublient souvent le revers de la médaille : à haut niveau de rentabilité, haut niveau de risque... D'après
les éléments relevés par l'AMF (qui est le gendarme de la Bourse en France), les placements de cette société sont effectués notamment sur le marché des changes, lieu de toutes les spéculations et de tous les risques ces dernières années. Mes étudiants ont d'ailleurs eu le droit cette année à un cours d'introduction à ce marché - également appelé FOREX - où s'échangent, en moyenne, 3000 à 4000 milliards de dollars chaque jour, essentiellement pour de la spéculation pure !

En effet, la diversité des positions qui peuvent être prises conjuguée à des effets de levier importants (pour 1 euros engagé, l'investisseur peut "jouer" des dizaines de fois plus d'euros...) ont rendu ce marché très attrayant pour les grandes banques et sociétés d'investissement, en quête de rentabilités élevées. Le pire est que l'on a ouvert aux particuliers la possibilité d'y "jouer", avec tous les risques que cela comporte pour des personnes n'ayant pas forcément de connaissances approfondies dans le domaine : avec un effet de levier important, une infime variation du cours peut vous faire perdre toute votre mise... Quand je pense à tous les investissements productifs qui pourraient être financées avec ces sommes, je ne peux que me désoler et dénoncer ce que l'économiste François Morin qualifiait de "nouveau mur de l'argent"...

Pour en revenir à cette société, l'AMF signale qu'elle n’a pas été autorisée à faire du démarchage ni agréée pour exercer l’activité de prestataire de services d’investissement en France. Ces informations ont, dès lors, été transmises au Parquet de Paris qui devra aussi connaître d'une plainte déposée par des clients de cette société, qui s'estiment victime d'une escroquerie. Rappelons que les motifs de cette plainte - escroquerie, publicité mensongère et recel - sont passibles de cinq ans de prison. On ne peut s'empêcher de penser à un schéma de Ponzi (type Madoff), surtout lorsqu'on lit sur le site web de la société (fautes d'orthographe incluses) que "dans le cas de parrainnage, l'apporteur d'affaire, doit se faire enregister comme client avec 100 euros d'apport minimum. Il se verra rétribuer une commission de 15% du capital versé par le nouveau client"...

Et pourtant, il se trouve toujours des personnes pour croire que l'on peut gagner de l'argent rapidement et sans risque ! Chaque affaire ne faisant qu'effacer de la mémoire collective l'arnaque précédente. Qui se souvient ainsi que, quelques jours avant cette nouvelle affaire,
l'AMF attirait l’attention du public sur les activités d'une fondation qui démarchait par Internet des investisseurs résidant, notamment, en France pour leur proposer un placement qui leur rapporterait 10 % par an, à vie, en contrepartie du blocage définitif des capitaux investis ? Surréaliste, n'est-ce pas ? Il suffit pourtant de se rendre sur le site de l'AMF et de faire une recherche avec les mots clés "mise en garde", pour constater le nombre d'arnaques développées ces dernières années, et spécifiquement ces derniers mois ! Le gendarme de la Bourse rappelle régulièrement aux investisseurs "la nécessité de faire preuve de la plus grande prudence face à ces propositions d’investissement présentant des performances élevées faites, notamment, par le biais d’internet. Elle invite, en conséquence, le public à les examiner avec la plus grande circonspection". A bon entendeur, salut...

Au delà du simple fait divers, il y a dans ces escroqueries le signe d'une dérive de notre société. Celle-ci ne semble plus en mesure de faire la part entre la cupidité le fantasme de la richesse, et la réalité du travail productif. Les doctrines néolibérales ont, en effet, fait de l'individu l'alpha et l'oméga de la société, au point d'en oublier que celle-ci ne peut se résumer à une somme d'individualités. Dans ce contexte, un glissement de paradigme s'est opéré subrepticement : on ne vit plus pour être heureux, on vit pour s'enrichir. Ce changement est perceptible à tous les niveaux : cela va du "I want you to become rich " de Jean-Marie Messier à ses actionnaires, au célèbre et désormais passé aux oubliettes "travailler plus, pour gagner plus". Il faudrait rappeler aux tenants de ces idéologies, que cette recherche de la richesse n'est pas nouvelle et que, à chaque fois qu'elle a été érigée en programme de vie, elle a abouti à des inégalités toujours plus criantes... et donc à moins de bonheur !

Qui y a-t-il de plus attristant que d'entendre un retraité expliquer, dans une émission de télévision, qu'il a investi son argent dans un fonds véreux (que lui penser évidemment être honnête !) parce qu'il espérait de la sorte transformer son minimum vieillesse en maximum de richesses pour enfin être à l'abris du besoin ? Gageons que la crise ne va qu'aggraver cet état de fait en permettant à des sociétés véreuses de profiter d'un capitalisme qu'elles auront façonné à leur image !

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 13:49

 

titanic stern



Après des semaines d'âpres négociations diplomatiques et de tractations politiques parfois proches de palabres de marchands de tapis, voici que le couperet est tombé hier : les négociations sur le climat à Copenhague n'ont débouché sur aucun accord contraignant ! Tout au plus, se retrouve-t-on avec un texte au statut juridique flou, dit "Accord de Copenhague". Et encore, cette déclaration commune de trois pages - arrachée in extremis au forceps - n'était même pas encore officiellement adoptée par l'ensemble des participants à la conférence vendredi soir ! Voilà, en résumé, les points de ce semblant d'accord :

* Affirmation de la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle (mais sans aucun engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre)

* Affirmation de la nécessité d'une coopération

* Affirmation de la nécessité de mobiliser 100 milliards de dollars par an en 2020

* Le protocole de Kyoto n'est mentionné qu'accessoirement et sa prorogation au-delà de 2012 ne semble pas envisagée

* Financement à brève échéance de 30 milliards de dollars pour aider les pays pauvres

* Validation du mécanisme de lutte contre la déforestation REDD-Plus (Reducing Emissions from Deforestation and Degradation)

* Communication tous les deux ans des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre entreprises par les pays (sur une base uniquement volontaire et sans que ces actions puissent être sujettes à une vérification internationale)


Les réactions des ONG et mouvements écologiques furent dès lors à la hauteur de l'échec réel des négociations :


* "Un lamentable fiasco" (Les Verts français)

* "Les dirigeants des grands pays ont échoué lamentablement" ( Yannick Jadot, député européen Europe-Ecologie et ancien responsable de Greenpeace)

* "Alors que Copenhague devait rassembler par un contrat de confiance l'ensemble des pays autour de la clause climatique, l'arrogance de quelques chefs d'Etat ébranle le processus même des négociations" (Morgane Créach, directrice du pôle international de Réseau Action-Climat France)

* "Écœurés de l'incapacité des pays riches à s'engager sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre qu'ils savent être nécessaires, en particulier les Etats-Unis qui en sont historiquement le premier émetteur mondial" (Nnimmo Bassey, président  des Amis de la Terre International)

Et pourtant, rarement un sommet sur le climat aura attiré tant d'attentions et d'espoirs. Qu'on en juge par la déclaration de notre omniprésident qui pensait déjà passer dans l'histoire :
"Je n'envisage pas un échec parce que l'échec serait catastrophique, dans la mesure où il se passera beaucoup de temps avant que 110 chefs d'Etat et de gouvernement se retrouvent dans la même capitale sur le même sujet" (Nicolas Sarkozy, 17 décembre 2009)"

Que s'est-il donc passé ?

Personnellement, je n'ai jamais cru un instant à un succès des négociations, tant les intérêts politiques et économiques étaient divergents. Et même en ces périodes troublées par la crise, force est de constater le peu d'empressement dont font preuve les grandes puissances à trouver des solutions collectives à leur problème (communs !). Le seul point qui faisait l'unanimité était que personne ne souhaitait porter la responsabilité d'un échec. Mais cela ne suffit pas à produire un accord...

Regardons un peu plus en détail les réticences soulevées par cette question climatique dans quelques grands pays. Aux États-Unis, contrairement à la crise qui a suscité de nombreuses réactions dans l'opinion, les questions climatiques restent l'apanage des spécialistes. D'après un sondage publié mardi dernier, près de la moitié des sondés (49 %) se sentent «peu ou pas concernés» par les changements de climat, contre 35 % qui sont «plutôt ou très» concernés. Et les chiffres n'arrêtent pas de monter dans la première catégorie...

Le Brésil, où la déforestation est une réalité visible, a changé de stratégie récemment en décidant de s'engager sur une réduction chiffrée des émissions de carbone. Mais les expériences passées d'ingérence internationale (FMI, Banque mondiale, etc.) rendent les habitants méfiants... tout comme les politiques à quelques mois de l'élection présidentielle !

L'Inde, quant à elle, souhaite préserver son potentiel de croissance et craint les accords imposés par les pays riches au détriment des pays émergents. Le géant chinois, partage peu ou prou les mêmes idées que l'Inde au sujet de la croissance.

En ce qui concerne le 3e plus gros pays émetteurs de gaz à effet de serre, il semblerait que la question climatique n'ait pas non plus suscité la passion du gouvernement russe très Poutine-centré. La Russie s'est ainsi déclarée prête à réduire ses émissions de 25 % d'ici à 2020, donnant néanmoins la priorité à sa croissance économique
ce qui revient à ne rien changer du tout, mais à faire de belles déclarations !

Le sommet de Copenhague ne pouvait donc être que la chronique d'un échec annoncé ! Et ce semblant d'accord n'est qu'un aveu écrit de l'incapacité des décideurs politiques de s'entendre sur des questions touchant aux biens publics.

Le mot de la fin revient à Oxfam France Agir-Ici : le "sommet historique" a débouché sur une "fuite en avant historique"...

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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 14:17


precarite

J'ai eu souvent l'occasion, ces derniers temps, de m'exprimer sur la précarité de l'emploi qui s'est institutionnalisée depuis les deux dernières décennies. Ce phénomène est très fortement corrélé à la libéralisation des marchés financiers qui entraîne une pression accrue sur les entreprises, qui doivent désormais satisfaire des critères de résultats surréalistes (15 % de retour sur capitaux propres...). C'est ce que Michel Aglietta a parfaitement cerné lorsqu'il a écrit que "le cycle financier s'impose dorénavant au cycle économique".

Et comme pour faire mieux accepter l'ensemble de ces mesures ineptes à la sphère productive - qui de fait, ne se résume plus qu'à un actif à gérer sur les marchés -, on qualifie cette recherche de profit à outrance de "création de valeur". Les actionnaires, qui sont par conséquent les uniques bénéficiaires de cette création de valeur, se gardent bien de rappeler qu'il existe d'autres personnes qui, en contribuant au développement de l'entreprise, mériteraient aussi une part de cette valeur additionnelle : faut-il rappeler que sans les salariés - qui ne sont plus vus que comme un coût à réduire ! -, l'entreprise ne serait absolument rien ?

La réponse à cette dernière question semble évidente, et pourtant les nouveaux modes de production et d'organisation dans les entreprises ignorent royalement patronalement cette réalité ! Dans un contexte de concurrence mondialisée, où la bataille de la compétitivité-prix ne pourra jamais être remportée par la France, pourquoi se priver d'une force de travail parmi les plus productives et créatives du monde ? Qui peut croire qu'un salarié en contrat précaire aura la même motivation à produire que celui qui peut imaginer son avenir au sein de son entreprise ? Ceci est d'autant plus vrai que la précarité de l'emploi a plusieurs faces : CDD, intérimaire, stagiaire en lieu et place d'un fonctionnel,...

Certes, le CDI reste la norme pour encore quelque temps. Mais les moyennes masquent un phénomène inégalitaire : 34 % des actifs occupés de 15 à 29 ans occupent un contrat à durée déterminée (CDD), contrats aidés ou stages, contre 9 % des 30-49 ans, selon l'Enquête emploi en continu 2007 de l'INSEE. Et ce ne sont pas les incantations ministérielles sur le niveau des études scolaires qui y changeront quelque chose :
selon une enquête du Céreq concernant le statut du premier emploi des jeunes sortis du système de formation en 2001, 40 % des diplômés du troisième cycle ont commencé par un emploi temporaire. Certes, les non qualifiés sont 63 % à être dans ce cas, mais chacun sait que si certains contrats temporaires fonctionnent comme des périodes d’essais, d’autres en revanche, ne constituent que des chausses- trappes à insécurité que l'on a rebaptisées poliment flexibilité. Et les choses ne cessent de se dégrader depuis comme le laissent entrevoir les premiers résultats de l'enquête du Céreq pour la "génération 2004" (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

cereq2004

                    [ Source : Céreq, enquête génération 2004 ]

Très récemment encore, un salarié intérimaire me racontait combien son quotidien professionnel lui semblait douloureux : pas de perspectives en vue, changement d'usine au gré des prêts de main-d'oeuvre, insécurité matérielle chronique, etc. Ajoutez à cela la crise qui dure depuis plus de 2 ans maintenant, et vous obtenez tous les ingrédients pour une grogne sociale qui pourrait s'avérer dévastatrice pour l'économie... mais encore faudrait-il que certains décideurs en prennent conscience !

Pour finir, je vous propose un court extrait d'une comédie réalisée par Serge Korber en 1967 : Un idiot à Paris. Une des répliques de Bernard Blier à ses salariés (écrites par Michel Audiard), résume parfaitement une partie de ce que je viens d'écrire : 

 



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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 10:35

De mai à juin, je m'étais occupé de la in-formation des membres des conseils de quartier de la ville de Forbach. Il s'agissait de leur donner des clés de compréhension et d'analyse des institutions politiques. M'adressant à un public large (parfois plus de 40 personnes d'âges et de sensibilités différentes), j'avais choisi de diviser mon exposé en 2 grandes parties afin de conserver le maximum d'objectivité dans ma présentation.

Dans une première partie je leur présentais le
fonctionnement de l'Union européenne - nous étions en pleine campagne pour les élections européennes - puis je "zoomais" sur la France, son histoire, sa Constitution, son Parlement, et sur la décentralisation. A travers de nombreux exemples concrets, les personnes présentes ont pu cerner les liens qu'entretiennent toutes ces institutions entre-elles et les contraintes qui en découlent (politiques, économiques et sociales). De très nombreuses questions m'ont d'ailleurs été posées sur les lois de décentralisation et sur le fonctionnement d'un Conseil général ou régional. L'Union européenne n'a pas été en reste puisque le public avait à coeur de connaître la mécanique générale de cette grande communauté de 27 pays dont on ne présente souvent que la Commission de Bruxelles, occultant ainsi tout le travail indispensable fait dans les autres institutions (Parlement européen, Conseil européen,...)

Dans une seconde partie, je m'étais intéressé tout particulièrement à l'échelon essentiel de la vie sociale : la commune. Ce fut l'occasion de parler de la démographie, des comptes des communes (instruction M14, contraintes d'équilibre,...), et bien entendu du fonctionnement politique d'une telle collectivité. Là encore, de nombreuses questions m'ont été posées quant au fonctionnement du conseil municipal, du vote du budget, des contraintes légales,...

Tout au long de cette formation de plus de 3h en soirée, j'ai toujours privilégié l'exemple à la théorie, l'échange au cours magistral, car je sais combien un tel sujet peut rapidement devenir ennuyeux ! J'ai été ravi de constater que le public a beaucoup apprécié ce mode d'apprentissage et n'a pas hésité, en conséquence, à prendre la parole pour réagir et prolonger la présentation (parfois nous terminions ainsi quasiment à minuit en débutant à 19h !). Ce fut une belle récompense personnelle pour mon implication dans ce projet.

Une récompense plus formelle vient, du reste, d'être attribuée il y a quelques jours à la ville de Forbach pour ce projet, puisqu'elle a obtenu le second prix national Territoria dans la catégorie « Civisme et citoyenneté » pour la dimension pédagogique apportée à la tenue de ses Conseils de quartier et en particulier pour l’organisation de formations en partenariat avec l’Université Populaire Transfrontalière.

Rappelons que le Prix Territoria est décerné chaque année par l’Observatoire National de l’Innovation Publique pour récompenser les actions innovantes des collectivités locales et des établissements publics dans différents domaines(Environnement, urbanisme, coopération internationale, etc.). Le 25 novembre dernier, une délégation de la ville de Forbach s’était rendue au Sénat où était organisée la cérémonie officielle de remise du Prix Territoria 2009. Le Républicain Lorrain a d'ailleurs consacré un article conséquent à la remise de ce prix où je suis cité (mais je ne figure pas sur la photo) :


prix quartier




















                        [ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

Ceci prouve, comme je le répète à l'envi, que l'économie ne peut s'imaginer de façon autonome. Elle s'intègre (Karl Polanyi dirait qu'elle "s'encastre") dans un champ politique et social qu'il est impératif de comprendre et d'analyser pour pouvoir bâtir une politique économique digne de ce nom !

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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 10:56



Du lundi 7 au vendredi 11décembre, l'ISEG organise la semaine de la finance. Il s'agit de donner aux étudiants des points de vue différents sur la réalité de la finance de marché et d'entreprise. Pour ce faire, des conférences se succéderont et des échanges avec des professionnels sont prévus dans le cadre d'un forum des métiers et d'une table ronde.

Pour ma part, j'interviendrai ce mardi 8 décembre à 18h en animant une conférence sur le blanchiment. En effet, la crise économique que nous traversons a (re-)mis en lumière le fléau que constituent les paradis fiscaux. Ces zones d’opacité de la planète financière permettent, entre autres, de blanchir l’argent sale généré notamment par les activités mafieuses dans le monde.


Cette présentation se propose ainsi de donner une information globale sur ce phénomène, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur à la faveur d’une globalisation financière. Elle s’articulera autour de 4 grand axes : les origines de l’argent sale, les techniques de blanchiment, les moyens de lutte, et les enjeux politiques, économiques et sociaux. Après cette présentation d’une durée d’1h30 environ, l’auditoire est invité à réagir et poser toutes ses questions.

Voici ci-dessous le programme officiel de la semaine de la finance de l'ISEG Strasbourg :




                    [ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 10:41




J'ai souvent parlé sur ce blog des prix aberrants atteints dans l'immobilier. Il suffit de se rappeler que, entre 1995 et 2007, treize pays de l'OCDE ont connu une hausse de 45 % des prix réels de l'immobilier. Dans le détail, les prix ont doublé en France (sic !), en Finlande et en Suède, et plus que doublé au Royaume-Uni, en Espagne et aux Pays-Bas ! Et je ne parle même pas de Dubaï avec ses îles artificielles et ses forêts de buildings...

On avait ainsi réussi à vendre sur le marché n'importe quelle bicoque au prix d'un bel appartement de centre ville... Tout le monde connaît un exemple près de chez lui qui confirme cette exubérance du marché immobilier entretenue - au moins en France - par des
politiques de défiscalisation (Robien, Scellier,...), des slogans politiques incitants à devenir propriétaire à tout prix, et des dispositifs économico-sociaux favorisant l'accession à la propriété (PTZ, taux d'intérêt maintenus bas par la BCE,...).

Avec quels résultats ? Si ces dispositifs ont bien permis une augmentation du nombre de propriétaires, c'est au détriment de tout bon sens au niveau des prix. De sorte qu'aujourd'hui, il est devenu de plus en plus difficile - voire parfois impossible - de se loger dans certaines villes tant les prix ont flambé. Et ceux qui ont acheté, sont désormais souvent très endettés. Quant à la correction des prix qui devait découler de cette crise - certains parlaient de purge -, elle ne s'est pas opérée partout dans les mêmes proportions. Certaines régions françaises ont vu leur prix baisser plus que d'autres, sans pour autant conduire à une chute aussi spectaculaire qu'aux États-Unis : en moyenne, les professionnels du secteur annoncent une baisse des ventes de 30 % et une chute des prix de 8 % à 10 %, depuis 2008 en France. A titre de comparaison, le recul des prix depuis 2006 atteint 48 % à Miami et plus de 50 % à Las Vegas et Phoenix !

En Europe, la situation est elle aussi très contrastée. Tandis que certains pays traversent une crise immobilière formidable comme l'Irlande, le Royaume-Uni et l'Espagne (1 million de logements vides en Espagne construits sans qu'il y ait de demande solvable avérée), d'autres semblent  y échapper. C'est le cas du Portugal où les banques se sont montrées très rigoureuses dans la distribution des crédits immobiliers. On peut également citer la Suisse qui est réputée pour être un marché très fermé avec peu de propriétaires dans la population (37,5 %).

Le marché immobilier constitue ce que j'appelle un marché du "rêve". Il suffit d'une conjonction de slogans et de dispositifs plus ou moins bien calibrés (subprimes, taux de la banque centrale bas,...) pour qu'une grande partie de la population souhaite devenir propriétaire... au moment où les prix atteignent déjà des niveaux rendant irréalisable ce rêve. C'est ce que les Américains ont bien compris tardivement lorsque les saisies et expulsions ont commencé suite aux difficultés de remboursement de leurs prêts : du rêve on est alors passé au cauchemar éveillé ! Mais qui a intérêt à dénoncer la supercherie, tant ceux qui profitent du système sont nombreux ? La petite vidéo ci-dessous était, de ce point de vue, prémonitoire...





N.B : j'animerai demain un café économique sur le thème de la pauvreté. A partir du récent rapport du Secours Catholique et des premiers chiffres provenant notamment des Restos du Coeur, on peut dire que la situation n'est guère réjouissante en France...

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 12:21

 



Ma conférence de jeudi sur la dette publique fut un réel succès, tant en nombre de personnes présentes (voir la photo ci-dessus prise par Claude que je remercie chaleureusement) qu'en termes de richesse du débat. Prévue pour durer 1h30, nous avons allégrement dépassé les 2h15 de présentation/débat... et ce malgré un un triptyque toux-rhume-fièvre qui me tiraillait depuis quelques jours !

 

Cette soirée fut également l'occasion pour moi d'annoncer au public la parution de mon nouveau livre d'économie consacré au capitalisme. Je l'ai écrit avec l'ambition (humble !) de donner au lecteur des clés d'analyse pour mieux saisir les débats actuels, et lui permettre ainsi d'y participer activement. Car si la démocratie est un système dans lequel le peuple est souverain et détient le pouvoir collectivement, encore faut-il qu'il l'utilise en connaissance de cause. C'est ce que résume fort justement Alfred Sauvy lorsqu'il déclarait que "bien informés, les hommes sont des citoyens ; mal informés ils deviennent des sujets"...

Ce livre de 144 pages s'adresse, par conséquent, autant au grand public qui souhaite s'initier à l'économie qu'aux personnes qui ont déjà des connaissances dans cette discipline. Il pourra également être lu avec profit par les lycéens et les étudiants cherchant un point d'entrée dans le monde économique.

Il est composé de 10 chapitres qui présentent divers points comme l'histoire du capitalisme, ses formes, les cycles et crises, la croissance et ses limites, la pauvreté, etc. Le texte est accompagné de très nombreux exemples concrets ainsi que de schémas et tableaux. Pour permettre une bonne assimilation des concepts et une lecture agréable, chaque chapitre s’ouvre sur des QCM (corrigés en fin d’ouvrage) et se termine par un encadré intitulé « à retenir » qui résume les principaux éléments abordés. Vous serez alors en mesure de répondre à des questions comme :

 

  • Le capitalisme crée-t-il des inégalités et du chômage 

 

  • Qu’est-ce que la croissance économique et le PIB ?

 

  • Les délocalisations sont-elles une fatalité ?

 

  • Pourquoi a-t-on privatisé des entreprises et libéralisé les marchés financiers ?

 

  • Le capitalisme s’oppose-t-il à l’écologie ?


 



Pour finir, il semblerait que l'économie ne soit pas morose pour tout le monde. Certes Dubaï commence à faire peur aux marchés financiers avec son moratoire sur la dette et le chômage poursuit son inexorable hausse dans notre pays (la France métropolitaine comptait, fin octobre, 3,79 millions demandeurs d'emploi, ayant ou non exercé une activité réduite). Mais le député René Dosière nous rappelle que certains Français ne connaissent pas la crise puisque les rémunérations dans les cabinets ministériels de notre État sont passées de 24,6 millions d'euros en 2008 à 38,6 millions en 2009 (+ 56,8 % !).

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 10:50

 



Depuis que le Parlement a commencé, il y a peu, l’examen du budget de l’Etat pour 2010, il ne se passe pas un jour sans que les Cassandre nous annonce une possible "faillite" de la France. Il faut dire qu'avec 141 milliards d'euros de déficit budgétaire et une dette publique avoisinant les 77 % du PIB en 2009, ce thème de la faillite a tôt fait de devenir le serpent de mer des médias. Nous ne devons d'ailleurs notre répit, depuis 2 jours, qu'à la faveur du but controversé de Thierry Henry. Mais gageons que dès le début de la semaine on reparlera à nouveau du grand emprunt, du déficit et de la dette.

Or, s'il est un sujet où les contrevérités et les approximations font le plus florès, c'est bien celui-ci !  C’est ce qui m'a amené à substituer à la conférence initialement prévue sur le blanchiment (qui est de fait reportée en février), cette réflexion sur la dette publique qui doit permettre de répondre notamment aux questions suivantes :

 

  • Qu’entend-on par déficit budgétaire, déficit public, dette de l’Etat ?

  • Comment ont évolué les déficits et la dette depuis 30 ans dans notre pays ?

  • Qui va payer la dette ?

  • La France court-elle réellement un risque de "faillite" ?

Bien entendu, le public est invité à réagir et poser toutes ses questions.

Cette conférence se déroulera à l'Université Populaire Transfrontalière de Forbach, ce jeudi 26 novembre 2009 à 18h30. Les non-inscrits au cycle de conférences économiques de l’UPT peuvent y assister pour un coût de 3 €, avec inscription préalable obligatoire.

Vous trouverez ci-dessous un article du républicain Lorrain qui annonce cette conférence/débat :



                  [ Cliquer sur l'image pour l'agrandir ]

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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 11:15




De nombreuses personnes m'ont écrit pour connaître les points forts développés lors de ma conférence sur la croissance. Je vais donc chercher à les résumer dans ce billet. Tout d'abord, j'ai commencé par quelques déclarations très médiatiques sur la croissance : cela va de la croyance absolue en son pouvoir libérateur de tous les maux (Cf. Christian Blanc, "Soit le pays renoue avec la croissance, soit il sombre dans le chaos"), à la propagande politique (Cf. notre omniprésident et ses douleurs dentaires...).

Une fois mesurée l'importance médiatique consacrée à ce sujet, il est indispensable dans un premier temps, de définir précisément ce que l'on entend par PIB, PNB, croissance, expansion, recession, depression. Ceci afin de démystifier les récentes déclarations sur une hypothétique sortie de crise après un trimestre d'expansion très faible. J'ai ensuite présenté un état des lieux chiffré de la croissance dans le monde et de son évolution depuis 30 ans (50 ans pour la France). Cela permet de mettre en évidence l'impact de certaines crises (choc pétrolier, crise de 1993,...) et d'aborder la définition de la récession au sens du NBER, définition basée sur de nombreux indicateurs (production industrielle, prix, commandes à l’industrie, etc.) et pas seulement sur le PIB (2 trimestres consécutifs de croissance négative).

J'en arrive alors au premier point clé de ma présentation, à savoir le lien entre une croissance soutenue et les grands maux de l'économie. Je montre ainsi qu'il semble y avoir une corrélation entre croissance du PIB et croissance de l'emploi. Néanmoins, il faut tempérer ce constat pour au moins deux raisons : premièrement, la corrélation n'est pas parfaite, même pour la France : en 1999 et en 2005, la croissance du PIB français se réduit, mais la croissance de l'emploi dans notre pays s'accélère. De même, en 2003 et 2004, la croissance du PIB s'accroît et la croissance de l'emploi se réduit. Deuxièmement, corrélation ne signifie pas causalité. Il peut ainsi très bien y avoir des facteurs extérieurs qui expliquent ce lien.

Pour le lien croissance/pauvreté, le constat est plus délicat selon la mesure retenue de la pauvreté. En effet, celle-ci est-elle uniquement monétaire ? Dans ce cas, quel seuil retenir ?Pour le lien croissance/inégalités, c'est encore plus difficile car les inégalités sociales sont bien plus difficiles à mesurer objectivement - et sur longue durée - que des variations de richesse (encore que là aussi il y ait beaucoup à dire...). J'invite ainsi toujours les auditeurs à rester prudents avec ces supposées conséquences d'une croissance forte. D'ailleurs, je m'empresse, en général, de leur afficher l'évolution de la pauvreté monétaire, du nombre d'allocataires de minima sociaux, de l'écart de rémunération homme/femme, du différentiel de salaire grand patron/ouvrier, etc. Ces chiffres parlant en effet d'eux-mêmes... J'ai également traité la question des travailleurs pauvres, c'est-à-dire de ces personnes qui ont un emploi, font l'effort de travailler souvent dur, et qui n'arrive pas à gagner correctement leur vie. Qu'une prétendue démocratie, qui place le travail comme valeur suprême, puisse accepter qu'une personne travaille et soit pauvre, n'est-ce pas tout à la fois une honte et un échec patent de la politique économique ?

Après tout cela, j'ai souhaité orienté ma conférence vers le problème de la mesure de la richesse produite. Le PIB est, à cet effet, un très mauvais indicateur, puisqu'il ne tient compte que des richesses monétaires, excluant de fait la richesse humaine et sociale (quid de la richesse du bénévolat ? Quid du temps passé par une mère à élever ses enfants avec amour ?). J'en ai donc profité pour présenter quelques indicateurs alternatifs au traditionnel PIB (ISS, EBEE, IDH,...) et exposer
les récentes conclusions de la Commission sur la Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social présidée par le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz. Et de conclure qu'il reste très difficile de synthétiser la création de richesse en quelques indicateurs simples...

Enfin, j'ai rappelé - à travers de nombreux exemples - qu'une croissance soutenue allait inexorablement buter sur les limites physiques et écologiques de la planète. Par conséquent, j'ai voulu donner au public quelques clés pour lui permettre de comprendre - et participer ! - aux débats sur la décroissance, le développement durable (en rappelant que cette expression ne signifie rien en l'état), l'écologie politique.  

Après ces 2h de conférence, le public fut invité à échanger sur ces questions, ce qu'il a fait avec beaucoup d'enthousiasme, tant le sujet est d'actualité ! Souhaitons que les politiques puissent eux-aussi se saisir de cette question, mais dans une optique humaine et non uniquement électorale...

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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 18:24







Pendant des années, on a cité le modèle social anglais comme une référence en la matière. Mais la crise vient de doucher (en une vague ?) les espoirs placés dans ce type de modèle qui, au fond, n'en était pas un puisqu'il laissait l'individu livré à lui-même. Et pourtant, nombre de parlementaires français préconisent des mesures de réforme de notre Sécurité sociale dans la droite lignée de ce qu'avait proposé Thatcher. Si les Anglais avaient - au moins partiellement ! - l'excuse d'appliquer un dogme modèle économique jamais mis en pratique jusque là, les Français ne peuvent que constater la déchéance de celui-ci depuis les deux dernières décennies.

Par conséquent, est-ce vraiment ce système social que nous souhaitons, où les médicaments sont en vente dans les épiceries et où seuls les plus riches peuvent être soignés dans des délais raisonnables ?





N.B : Quand on pense au mal qu'a le Président des États-Unis pour réformer le système social américain (pourtant réputé pour être un des plus inefficaces économiquement), on ne peut que constater les conséquences délétères produites par le néolibéralisme sur les individus : ils finissent par penser la société comme étant la somme des individualités, au détriment d'une vision englobante. C'est ce que Jacques Généreux qualifiait de "dissociété", c'est-à-dire un regroupement d'habitants dressés les uns contre les autres...

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