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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 13:09

 

 

Les médias n'ont de cesse de s'esbaudir devant les très bons chiffres du chômage aux États-Unis. Qu'il suffise de lire cet article du Figaro ou celui-ci qui provient de l'Obs pour s'en convaincre... Il est vrai que, en mai 2015, le taux de chômage est tombé à 5,4 % de la population active, son plus bas niveau depuis le début de la crise des subprimes. Mais ces chiffres reflètent-ils la réalité de la situation sur le marché de l'emploi aux États-Unis ?

 

La baisse du chômage aux États-Unis

 

Plutôt qu'un long discours, jetons un oeil au graphique suivant :

 

 

[ Source : Yahoo finance ]

 

Avant de nous intéresser aux chiffres du chômage, notons que les barres rouges de ce graphique correspondent aux "non-farm payrolls", c'est-à-dire le nombre d'emplois salariés dans tous les secteurs en dehors de l'agriculture.

 

Ce graphique montre, entre autres, la baisse impressionnante du taux de chômage aux États-Unis depuis quelques mois. Tellement prononcée, que certains n'hésitent plus à affirmer que le pays va très prochainement arriver à son taux de plein emploi. Quoi qu'il en soit, il est dorénavant officiellement inférieur au seuil de 6,5 % que la Fed avait fixé comme préalable à la remontée de ses taux directeurs. Donc tout semble aller très bien chez l'Oncle Sam, sauf que...

 

Ce que cette baisse des chiffres ne dit pas

 

Tout d'abord, si le marché de l'emploi aux États-Unis était si proche du plein emploi, on se demande pourquoi on ne voit pas apparaître de tensions sur les salaires. Au contraire, à de rares exceptions près très médiatiques, leur évolution reste désespérément atone :

 

 

[ Source : https://www.americanprogress.org ]

 

De plus, si l'on compare avec les précédentes récessions, l'économie américaine a beaucoup plus de mal a retrouver le niveau d'emploi d'avant crise. Voilà pourquoi les statistiques publiées début mai par le BLS (Bureau of Labor Statistics), qui font état de 223 000 créations d'emplois en avril 2015, ont passé du baume au coeur des dirigeants politiques, après un premier trimestre plutôt mauvais.

 

Des chômeurs découragés...

 

En outre, il est nécessaire de regarder le taux de participation, qui est par définition le rapport entre la population active et la population en âge de travailler effectivement. Pour le dire autrement, c’est la proportion de la population en âge de travailler qui a un emploi ou qui en cherche. Son évolution est très importante, car elle donne une indication sur les raisons de la baisse du taux du chômage.

 

 

[ Source : zerohedge.com ]

 

On voit sur le graphique ci-dessus que, aux États-Unis, le taux de participation a baissé depuis le début de la crise en 2008 et reste désormais à un niveau historiquement bas de 62,8 %. Cela peut s'interpréter comme le résultat d'un découragement de beaucoup de chômeurs qui, au vu du peu d'offres qu'ils trouvent, finissent par abandonner toute recherche d'emploi...

 

Cependant, une personne qui abandonne ses recherches d'emploi passe de la catégorie chômeur (qui est incluse dans la population active) à la catégorie inactif, ce qui fait mécaniquement baisser le taux de chômage. Mais est-ce vraiment le signe que l'économie américaine va mieux ? Et que dire de tous ces Américains qui subissent le travail à temps partiel, mais viennent tout de même diminuer le taux de chômage ?

 

C'est du reste un grand débat aux États-Unis, de savoir si la baisse du taux de participation est due à des effets conjoncturels ou structurels. De nombreuses incertitudes demeurent, même si  de nombreuses études penchent désormais pour des explications structurelles (démographie, perte de capital humain, découragement, effet d'hystérèse, etc.). Voilà pourquoi la Fed a abandonné le seuil de taux de chômage à 6,5 % évoqué plus haut pour commencer à augmenter ses taux d'intérêt.

 

L'économie des États-Unis va mal

 

Paul Craig Roberts, l'un des pères fondateurs des Reaganomics lorsqu'il était sous-secrétaire au Trésor dans l'administration Reagan, s'est fendu d'un article dans CounterPunch où il montre qu'aucun emploi n'a été créé en avril 2015 dans l'industrie ; pire, il affirme que "le paysage de la population américaine active est celui d’un pays du Tiers Monde. La plupart des emplois créés sont des services domestiques peu payés".

 

Pour finir, ne perdons pas de vue que, la diminution des gains de productivité aux États-Unis et le faible taux de participation au marché de l'emploi, vont conduire à un recul de la croissance potentielle, qui est déjà passée de près de 3,5 % avant crise à 1,7 % aujourd'hui... Ainsi, à long terme, je ne vois pas comment les États-Unis vont réussir à créer massivement de l'emploi avec le même modèle économique qu'avant la crise !

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commentaires

J
Pour prolonger le débat, voici une réflexion de Jean Gadrey, professeur d'économie à Lille dans son blog d'Alternatives Economiques et des commentaires intéressants de lecteurs (enfin à mon avis!...):<br /> <br /> http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2015/05/20/un-taux-de-chomage-plus-eleve-aux-etats-unis-qu%e2%80%99en-france/
Répondre
R
Merci pour ce billet de Jean Gadrey !

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