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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 11:11

 

 

Aujourd'hui, je vous propose un billet sur une évolution du marché du travail lourde de conséquences pour notre modèle social. Après avoir lu ce billet, vous comprendrez pourquoi j'ai choisi une photo de la série Real Humans pour illustrer mon propos...

 

La disparition des emplois de qualification intermédiaire

 

Le tableau ci-dessous présente comment a évolué l'emploi par niveau de qualification :

 

 

[ Source : France Stratégie ]

 

Ligne à ligne, on peut y voir une baisse du poids des indépendants, une stabilité du poids des employés et ouvriers peu qualifiés, une baisse du poids des ouvriers et employés qualifiés et une hausse du poids des professions intermédiaires et des cadres.

 

Ces chiffres nous montrent donc que l'on s'achemine, en France, vers une bipolarisation du marché du travail, c'est-à-dire une disparition des emplois intermédiaires et une concentration aux extrémités (emplois peu qualifiés et emplois très qualifiés).

 

Les conséquences de cette évolution

 

Cette disparition des emplois à qualification intermédiaire conduit à un recul de la productivité globale et, en tout état de cause, à une faible progression des gains de productivité :

 

 

[ Source : Natixis ]

 

Or, comme la croissance dépend à long terme de la productivité par tête et de la croissance future de la population active, on en déduit donc que cette évolution de la structure de l'emploi en France débouchera sur une baisse de la croissance de long terme.

 

Ce phénomène, qui se retrouve également dans de nombreux pays de la zone euro (Espagne, Italie, Portugal, etc.), soulève évidemment le problème de l'augmentation des inégalités de revenu, que seules des politiques de redistribution pourront corriger, du moins tant qu'il restera un semblant d'impôt sur le revenu.

 

L'économie numérique va aggraver le phénomène

 

Depuis quelque temps, on parle beaucoup des pans de l'économie qui prennent appui sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication (Internet, smartphone, robotisation, etc.), et que je vais ici, par simplification et abus, appeler économie numérique.

 

Bien entendu, depuis longtemps on sait que les robots peuvent détruire certains emplois non-qualifiés, comme en témoignent les révoltes des luddites, ces ouvriers anglais qui, au XVIIIe siècle, ont détruit des machines qu'ils accusaient de provoquer du chômage et de réduire la qualité des produits.

 

Dès lors, doit-on voir dans les craintes actuelles une simple forme de néo-luddisme local ou bien s'agit-il d'une lame de fond contre l'emploi salarié ? Un élément de réponse nous est fourni par une étude du cabinet Roland Berger :

 

 

[ Source : Roland Berger ]

 

Ce qui est nouveau, c'est que l'alliance de la robotique et des outils numériques menace aujourd'hui aussi les emplois intermédiaires (comptabilité, transport, etc.), tout en continuant à exercer une pression accrue sur les emplois peu ou pas qualifiés, notamment dans l'industrie. Même la presse est touchée, puisqu'on apprenait récemment que le géant de l’Internet Tencent avait publié un communiqué économique d'environ 900 mots, rédigé par un robot en moins d'une minute !

 

De lourdes conséquences pour notre modèle social

 

Et contrairement à ce que certains affirment, il n'est pas certain que l'on assiste à un "déversement" des emplois perdus dans d'autres secteurs de l'économie, comme on a pu le voir après la Deuxième guerre mondiale où les emplois perdus dans l'agriculture se sont déversés dans l'industrie.

 

Au contraire, je crains fort que l'économie numérique n'aggrave la bipolarisation du marché de l'emploi décrite plus haut, avec d'un côté une faible proportion d'emplois très qualifiés et de l'autre une immense majorité d'emplois peu ou pas qualifiés (services à la personne, distribution, etc.). Les inégalités de revenus n'en seront qu'encore plus exacerbées !

 

Et je ne parle même pas des conflits sociaux qui en résulteront... J'en profite donc pour renouveler une conclusion d'un précédent billet : s'il ne reste plus que deux classes d'emplois, alors on risque fort d'en revenir à la lutte des classes. De plus, on imagine alors très bien la frustration que vont ressentir toutes ces personnes qui espéraient voir leur carrière progressait, mais qui devront se contenter d'être dans l'une ou l'autre classe. On pense aussi particulièrement aux jeunes à qui a on aura promis un avenir radieux une fois diplômés, mais qui se retrouvent déjà bien trop nombreux pour les rares postes correspondant à leurs qualifications.

 

C'est donc tout notre modèle social qui va être touché en profondeur par ces mutations, d'autant plus que celui-ci a été construit sur la croissance, le salariat et la solidarité intergénérationnelle (retraite par répartition). Or, faut-il rappeler que les inégalités de revenus pèsent sur la croissance, comme l'a montré une récente étude de l'OCDE ?

 

A défaut de salariat, les travailleurs iront donc chercher du travail dans une chimérique ubérisation de l'économie, c'est-à-dire un cauchemar tout éveillé où nous serions tous des autoentrepreneurs, en concurrence sur un marché coté en continu de la fourniture de service... Les rémunérations seront dès lors très variables dans le temps et selon les personnes, ce qui posera d'innombrables questions sur le financement de l'État et de la Sécurité sociale, cette dernière ayant été bâtie sur les cotisations salariales et donc in fine sur la croissance.

 

Bref, si le gouvernement ne réagit pas très vite (protection sérieuse des gens qui travaillent pour ces sociétés, obligation faite à ces sociétés de rémunérer les personnes à qui elles ont prélevé des informations, souvent à leur insu, pour les revendre),  ce sont les fondations mêmes de l'État providence français qui vont s'écrouler !

 

N.B : l'image de ce billet provient de cet article de Télérama.

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