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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 10:12

 

 

À l'heure du choix démocratique, le premier tour n'a pas permis de départager les candidats aussi nettement que certains commentateurs patentés ont bien voulu le dire. Ainsi, avec l'élimination dès le premier tour de Benoît Hamon (lâché honteusement par les siens) et de François Fillon (empêtré dans ses affaires judiciaires), c'est tout l'équilibre politique du pays tel qu'il avait été conçu en 1958 qui vacille... Je vous propose donc aujourd'hui une brève analyse des résultats mâtinée de quelques éléments économico-politiques pour comprendre la crise qui couve.

 

Les résultats du 1er tour

 

D'après le Ministère de l'intérieur, voici les résultats sur la base de 97 % des inscrits :

 

 

[ Source des données : Ministère de l'intérieur ]

 

Ce premier graphique montre à l'évidence qu'aucun candidat ne s'est vraiment démarqué des autres, contrairement à la campagne présidentielle de 2007 où Nicolas Sarkozy faisait très largement la course en tête avec 31 % des exprimés, contre 26 % environ pour Ségolène Royal et 18,5 % pour François Bayrou :

 

 

[ Source : La Documentation française ]

 

Bien entendu, on ne saura jamais ce que pensent les abstentionnistes (près de 22 %), les électeurs qui ont voté blanc (1,39 %) dont on ne prend toujours pas en compte la signification dans les résultats malgré moult promesses en ce sens, et les bulletins réputés nuls (0,62 %). Voilà à quoi ressemble d'ailleurs le résultat du 1er tour si on les présente en pourcentage des inscrits et non des exprimés : 

 

 

[ Source des données : Ministère de l'intérieur ]

 

Les résultats du 1er tour par départements

 

Cette carte permet de se rendre compte de ce qui vient d'arriver, si l'on garde à l'esprit que le bleu foncé correspond aux départements où Marine Le Pen est arrivée en tête et le gris ceux où Emmanuel Macron est arrivé en tête :

 

 

[ Source : http://www.francetvinfo.fr ]

 

À comparer peut-être avec cette carte, pour comprendre comment la misère et le désarroi liés aux politiques néolibérales ont conduit les citoyens à ne plus faire confiance aux partis politiques de gouvernement traditionnels :

 

 

[ Source : Le Figaro ]

 

La perte de confiance dans les partis politiques

 

Selon le baromètre élaboré par le CEVIPOF, la confiance dans les élus s'érode très vite à mesure que l'on s'éloigne du niveau local :

 

 

[ Source : CEVIPOF ]

 

En ce qui concerne à la confiance dans les partis politiques, elle trône si bas qu'on se demande quelle légitimité ces derniers peuvent encore avoir, et ce quel que soit le nom de la formation et son ancienneté (en l'occurrence le PS a été mortellement blessé dès les primaires, mais l'estocade lui a été portée hier soir)... Simone Weil, dans une courte note publiée de manière posthume en 1950, appelait déjà à la suppression des partis politiques, cette machine à fabriquer dangereusement de la passion collective : "le mal des partis politiques saute aux yeux, ne sont-ils pas même du mal à l'état pur ou presque ?" ! C'est dire s'ils avaient mauvaise presse... Quant aux médias, aux syndicats et aux banques, ils font face à une défiance à peine moindre !

 

 

[ Source : CEVIPOF ]

 

Pris ensemble, tous ces éléments devraient conduire les haut-parleurs des clans politiques à en rabattre de moitié lorsqu'ils affirment que les Français ont adhéré à leur programme. Je crains plutôt que les Français viennent de montrer qu'ils en avaient assez de la politique telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui et des difficultés sociales ainsi qu'économiques qu'ils subissent dans leur vie quotidienne !

 

Au reste, la ligne de fracture entre souverainistes et européistes, entre tenants d'un approfondissement de l'UE et contempteurs de cette Union-là, ne devrait pas être négligée au nom d'un nécessaire rassemblement du peuple, qui fleure bon la concorde montée de toutes pièces pour complaire aux médias internationaux. Si l'on additionne les voix qui se sont exprimées pour des candidats critiques envers l'Union européenne ou la zone euro, on obtient cette réalité qui, si elle est dérangeante dans le cas des progressistes béni-oui-oui, n'en demeure pas moins l'enjeu majeur de cette élection :

 

 

Or, dans quelques jours, le deuxième tour va selon toute vraisemblance conduire à la victoire par KO d'Emmanuel Macron sur Marine Le Pen :

 

 

[ Source : Sud Ouest ]

 

On entendra nombre de politiques de tous bords déclarer qu'il s'agit manifestement d'un vote d'adhésion aux idées libérales, qualifiées pour l'occasion de progressistes et humanistes puisque les mots n'ont plus de sens. Ils occulteront bien entendu sciemment que les électeurs sont une nouvelle fois venus au secours, à leur corps défendant, d'un système en capilotade...

 

Gouverner dans ces conditions relèvera de la gageure. Or, tel le sparadrap du capitaine Haddock, les questions non réglées reviennent inlassablement sur la table lors des prochaines élections, ce qui laisse entrevoir de plus en plus de dépit et de frustration, ce qui me fait craindre une crise sociale !

 

N.B. : l'image de ce billet provient de cet article du site www.francetvinfo.fr

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