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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 19:12




J'ai déjà lu beaucoup de choses suprenantes en économie mais ce que j'ai lu il y a quelques jours dans Le Figaro mérite vraiment le détour. Il s'agit d'une lettre ouverte d'une page pleine adressée à Nicolas Sarkozy, Président de la République au cas où vous ne vous en souveniez pas... Cette lettre prenait d'ailleurs plus la forme d'une incantation économique (du type danse du soleil...) que d'une lettre ouverte et j'ai ainsi décidé d'y consacrer un petit billet. De quoi s'agit-il ? Qui en est l'auteur ?

Cette incantation fut rédigée par Emile Veron, 83 ans, fondateur et dirigeant de Majorette jusqu'en 1992. Ce dernier avoue à
la radio (RTL), que n'ayant pas pu défendre ses idées économiques directement face à notre omniprésident, il a choisi de se payer cette lettre ouverte dont le montant avoisinerait celui d'un joli tour du monde selon ses dires...

En fait, Emile Veron reprend le célèbre slogan de campagne de Nicolas Sarkozy  "travailler plus pour gagner plus", le mouline à sa sauce, et obtient  "travaillons plus, mais vivons beaucoup mieux" (sic!). Il explique ainsi en vrac que les prélèvements sont trop nombreux et "indus", que le chômage a pour vraie cause le pouvoir d'achat insuffisant, que nous ne travaillons pas assez en France, que nous avons trop de vacances, etc. Tout cela pour aboutir à une conclusion extraordinaire : il faut supprimer toutes charges et impôts sur les heures supplémentaires, tant du côté salarial que patronal ! Dans ce cas, nous aurons 20 % de croissance supplémentaire "à coup sûr" d'ici 4 ans (resic!)

Vous admettrez avec moi que là on commence à se poser des questions sur cette causalité si évidente que personne n'avait jamais remarquée avant lui... Pour achever de nous convaincre (et de convaincre le Président surtout !), Emile Veron nous explique que cette réforme permettra de renouer avec la croissance immédiatement après que la loi sera votée. Là c'est vraiment la prescription miracle : nous vivons à Byzance et nous ne l'avions pas remarqué ! Pour finir son plaidoyer, il nous cite tous les autres avantages de cette réforme : hausse de compétitivité des entreprises, sauvetage en règle de l'Etat qui pourra désormais consacrer ses subsides pour aider les "vrais pauvres, les handicapés, les petits retraités", hausse du pouvoir d'achat, résolution du problème du logement, ralentissement des délocalisations et de l'inflation, etc.

Arrivé à ce stade, on finit tout de même par se dire que trop c'est trop et qu'il va bien falloir qu'on remette un peu d'ordre dans ce dictionnaire à la Prévert. En effet, commencer par nous expliquer que le remède à tous nos maux est de travailler plus tient du non sens : le véritable progrès n'est-il pas justement d'avoir la possibilité de consacrer moins de temps au travail que nos parents (grâce à la productivité qui a augmenté) ? Ensuite, le fait de vouloir comparer la France aux Etats-Unis ou à d'autres pays m'agace, sachant qu'en terme de bonheur, ce ne sont pas les pays les plus productifs qui emportent la mise. Pourquoi aussi nous expliquer qu'en travaillant 48h par semaine un salarié pourrait gagner 60% de plus ? Peut-être pour nous dire que si Bruxelles faisait sauter le verrou des 48h maximum par semaine on pourrait gagner le double en faisant 60 ou 70h par semaines ? Peut-on ainsi réellement croire qu'un père de famille pourra s'occuper de son ménage en travaillant autant ? Cette croissance est-elle compatible avec l'écologie de notre planète ? La croissance profite-t-elle à tous dans ce cas ?  Bref, la fable du "travailler plus gagner plus" pose infiniment plus de questions et de problèmes qu'elle n'en résout.

J'en reviens maintenant à cette prétendue causalité si évidente entre défiscalisation totale des heures supplémentaires et hausse de la croissance. Rien ne garantit que cette mesure bénéficiera à tous les salariés, puisque les heures supplémentaires sont tributaires du carnet de commande comme je l'ai déjà expliqué ici. Par conséquent, l'effet sur le pouvoir d'achat moyen ne me semble pas évident à chiffrer. Pas plus d'ailleurs que l'effet sur la création de l'emploi ou les délocalisations. Car rappelons qu'il y a d'autres déterminants que le coût lorsqu'on embauche ou que l'on délocalise... Je pense surtout que tout ce plaidoyer participe du scientisme économique !

Pour finir, Emile Veron vous propose même de photocopier sa grande recette miraculeuse et de l'envoyer à notre omniprésident. Il vous donne même en prime son portable, pas celui du Président, le sien...

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commentaires

S
Il y a deux problèmes qui sanctionnent l’économie française. Le 1er c’est les 35 heures, bien sûr que la croissance économique n’est pas bonne pour l’environnement, ceci dit, si vous travaillez moins vous allez forcément gagner moins. Les gains de productivité se retrouvent dans les bénéfices de l’entreprise et pas dans les poches des travailleurs. Le deuxième problème c’est l’Euro, globalement les salaires sont restés bas depuis l’introduction de l’euro, mais les prix eux ont grimpés. Il existe un troisième problème le SMIC ou SMIG, je ne suis pas sûr, en effet, le salaire minimum est appliqué à toutes la population et à pratiquement tous les domaines d’activité. Fixer un salaire minimum c’est prendre le risque que tous les patrons alignent les salaires sur le minimum, inconsciemment c’est tous les travailleurs qui font le minimum aussi. Il existe d’autres problèmes, les syndicats, les étudiants, les fonctionnaires, la centralisation des pouvoirs etc.
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