Cette fois la sentence est officielle : les américains devront payer pour sauver leur système bancaire de la faillite générale. Le président George W. Bush a en effet promulgué, vendredi 3 octobre, le plan de sauvetage historique de 700 milliards de dollars (508 milliards d'euros), censé endiguer l'effondrement du système financier. Cet argent doit permettre au Trésor de racheter les actifs toxiques des banques. Cela a donné lieu à de nombreux débats au Congrès, surtout au sein de la branche la plus libérale des Républicains. Ces derniers ont eu du mal à avaler la pilule d'une aide d'Etat aussi conséquente, eux qui ont fait du désengagement de l'Etat leur dogme principal en économie...
Tout est donc réglé à présent ? Non, loin s'en faut ! Il va falloir plusieurs mois avant que l'on ne sache si le plan Paulson fonctionnera véritablement. En effet, dans un premier temps, il faudra recenser les actifs "pourris" des banques, créer un marché spécifique pour ces produits, puis choisir lesquels seront finalement rachetés. Le précédent fonds de défaisance avait été créé en 1989 pour résoudre la crise des caisses d'épargne. Ce fonds avait mis un an avant d'avoir des effets positifs sur la Bourse, deux sur l'économie et trois sur le marché immobilier...
Entre temps, malheureusement, l'économie souffrira et n'échappera certainement pas à une sévère récession. La croissance américaine était en effet soutenue artificiellement ces dernières années par le recours à l'emprunt. C'est pourquoi, la paralysie du marché du crédit commence d'ores et déjà à produire ses premières conséquences négatives sur l'économie réelle. Les Américains ne pouvant plus se baser sur le crédit, se résignent à dépenser moins. Les marchés de l'automobile et de l'immobilier sont les premiers touchés. Puis, c'est l'ensemble des entreprises qui réduisent leurs coûts, et le chômage finit par progresser. Les chiffres parlent d'ailleurs d'eux-même, puisqu'en septembre, l'économie américaine a détruit 159 000 emplois. Le taux de chômage a atteint depuis 6,1 % dans le pays, 7,7 % en Californie et jusqu'à 8,9 % dans le Michigan ! Or, comme le rapelle fort à propos Paul Jorion, professeur invité à l'université de Californie, "lorsque vous perdez votre emploi aux Etats-Unis, vous ne gagnez que 10 % à 20 % de votre salaire pendant neuf mois et vous perdez automatiquement votre assurance-maladie".
Pour finir, je vous mets en ligne une video de France24 qui vous résume, en 1 minute 20, la crainte des élus du Congrès de donner un chèque en blanc à l'administration du Trésor américain...